Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Présentation, note 3.
Note [3]

Épître de l’édition de Paris, 1648 (v. note [30], lettre 277) :

« À Monsieur Monsieur Patin,
docteur régent en la Faculté de médecine, à Paris.

Monsieur,

Notre auteur ayant, tant qu’il a vécu, su maintenir puissamment, avec crédit et réputation, les œuvres qu’il avait faites, il est arrivé que, depuis sa mort, {a} quelques ignorants (jaloux de la gloire qu’il s’était légitimement acquise) ont tâché par toutes voies de le mettre en mauvaise odeur parmi le peuple ; {b} et, reconnaissant que sa probité les empêchait d’avoir prise sur lui, ils en ont à dessein fait contrefaire de très méchantes impressions afin que, par ce moyen, on attribuât à une personne de si sainte intention la malicieuse volonté de ses ennemis. C’est, Monsieur, ce qui m’a excité (pour l’obligation que j’ai à la mémoire de M. Guybert) vous prier de trouver bon que je vous dédie cette édition nouvelle, laquelle a été revue, corrigée et augmentée par lui-même peu avant son décès, m’assurant que pendant qu’elle s’autorisera de votre protection, on ne croira jamais qu’elle a été corrompue par une quantité de remèdes inutiles, tirés des écrits de Wecker et Paracelse, {c} ainsi que sont celles qui ne sont de mon impression, d’autant plus encore que tout le monde sait que vous, qui pratiquez la médecine avec tant d’intégrité, de bonheur et de courage, ne permettez jamais qu’une chose passât sous votre aveu sans l’avoir auparavant bien examinée. Agréez donc, s’il vous plaît, que je vous présente par devoir ce que l’auteur même, s’il retournait au monde, vous offrirait avec justice, et croyez que, s’il n’égale votre mérite, ce n’est pas faute de bonne volonté puisque je vous donne ce que j’ai de plus cher, lequel j’accompagne du désir que j’ai d’être toute ma vie,

Monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

J. Jost. {d}


  1. Né vers 1579, Philibert Guybert était mort le 21 juillet 1633.

  2. Dans son article sur les Œuvres charitables (1998, v. supra note [2]), Philippe Albou a fait état (page 14) du mauvais accueil que les apothicaires parisiens lui avaient réservé dès sa première édition (1623)

  3. La mention de l’obscur Wecker (orthographié VveKer) laisse ici perplexe par comparaison avec l’immense renommée de Paracelse (v. note [7], lettre 7).

    Il s’agissait de son disciple Johann Jakob Wecker (v. note [20], lettre 1033), rendu célèbre par les très nombreuses éditions de ses De secretis libri xvii [Dix-sept libres sur les secrets] (Bâle, 1560, pour la première d’entre elles), traduits en français sous le titre de Grand Trésor, ou Dispensaire et antidotaire, tant général que spécial, ou Particulier des remèdes servant à la santé du corps humain. Dressé en latin par Jean Jacques Wecker, D.M. de Bâle, et depuis fait français et enrichi d’annotations et notes de plusieurs compositions par lui omises, et d’une infinité d’autres rares secrets tirés des plus excellents auteurs de la médecine et pharmacie chimique. Avec une brève et facile méthode d’extraire les facultés des médicaments et de corriger tellement toutes sortes de minéraux qu’on ne puisse recevoir nuisance ni dommage aucun par l’usage d’iceux. Le tout par Jean du Val, D.M. d’Issoudun (Genève, Étienne Gamonet, 1616, in‑4o). Ce livre était antérieur à la première édition du Médecin charitable de Philibert Guybert (1623), mais visait le même but de vulgarisation et devait se trouver en concurrence directe avec lui, comme le montre sa Préface du traducteur aux pharmaciens français :

    « Ceux qui, par un long travail et continuelle expérience, ont beaucoup appris et beaucoup pris de peine à verser la quintessence de leur savoir dans leurs écrits, pour le communiquer à la postérité, n’ont rien eu en plus grande recommandation (Messieurs et très chers frères) que de suivre une vraie méthode et bon ordre pour faire tant mieux glisser et reposer leurs conceptions dedans l’esprit des lecteurs. Mais, combien qu’ils aient tous visé à ce but, tous ne l’ont pas pourtant atteint car, si nous considérons les écrits de ceux de notre profession (sans donner atteinte ni mettre sur la touche ceux des autres) combien en trouverons-nous dont le titre et l’épître promettent assurément aux lecteurs cette méthode mère du savoir, où toutefois nous ne voyons que des promesses bien vêtues de paroles et toutes nues d’effets ? Plusieurs grands médecins, tant anciens que modernes, ont bien dressé des dispensaires, mais il est impossible d’en trouver deux qui aient suivi un même ordre, ce qui peut servir de preuve suffisante pour les convaincre de désordre, vu que la vérité n’a qu’un visage et que son contraire est un fin Prothée qui se métamorphose et déguise en mille formes. »

  4. V. note [17], lettre 15, pour le libraire parisien Jean Jost. Son épître à Guy Patin laisse penser que le dédicataire avait contribué à l’édition du livre, et mis la main à la rédaction de la dédicace (comme il était alors très coutumier de le faire).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Présentation, note 3.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8166&cln=3

(Consulté le 16/04/2024)

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