À Charles Spon, le 29 avril 1644, note 30.
Note [30]

Le seul alors capable d’allumer une guerre civile était le prince de Condé (Montglat, Mémoires, page 148) :

« L’hiver {a} rassembla tout le monde à Paris, et ceux qui avaient été employés dans les armées durant l’été {b} revinrent à la cour pour voir l’état du gouvernement, qui avait eu tant de faces différentes. Ils trouvèrent le cardinal Mazarin maître des affaires, et que la reine se reposait entièrement sur lui de l’administration du royaume ; mais comme les minorités {c} ne sont pas absolues, à cause des princes qui ont part à la régence, le cardinal, qui était adroit et insinuant quand il voulait, avait toutes les complaisances imaginables pour M. le duc d’Orléans et pour le prince de Condé, desquels les talents étaient bien différents ; car le premier était d’un esprit docile, bien intentionné, peu agissant de lui-même, et qui se laissait gouverner par l’abbé de La Rivière, homme de la lie du peuple qui se laissa aisément gagner par le cardinal, qui lui promit de faire sa fortune ; mais le dernier {d} était bien d’une autre humeur, car il ne se laissait gouverner par personne et il agissait de lui-même, étant très habile et entendu au maniement des affaires publiques, c’est-à-dire dans le cabinet, car pour la guerre, il avait toujours mal réussi ; tout au contraire du duc d’Enghien, son fils, qui s’y attacha tellement qu’il se rendit un des plus grands capitaines de son temps. Le cardinal les ménagea tous deux différemment, gagnant le père par l’intérêt, auquel il était fort attaché, et le fils par de grands emplois, pour lui donner matière d’acquérir de la gloire, qui était le seul objet de ses désirs. Par ce moyen, il ne trouva rien dans le cabinet qui lui fût contraire et il tint les rênes de l’État avec un pouvoir absolu, sans aucun obstacle. »


  1. 1643-1644.

  2. 1643.

  3. Des rois.

  4. Le prince Henri ii de Condé, père de Louis ii, duc d’Enghien et futur Grand Condé.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 29 avril 1644, note 30.

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(Consulté le 07/12/2024)

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