Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 30.
Note [30]

Maître du sacré Palais (L’Encyclopédie) :

« officier du Palais du pape, dont la fonction est d’examiner, corriger, approuver ou rejeter tout ce qui doit s’imprimer à Rome. On est obligé de lui en laisser une copie et, après qu’on a obtenu une permission du vice-gérant {a} pour imprimer sous le bon plaisir du maître du sacré Palais, cet officier ou un de ses compagnons (car il a sous lui deux religieux pour l’aider) en donne la permission ; et quand l’ouvrage est imprimé et trouvé conforme à la copie qui lui est restée entre les mains, il en permet la publication et la lecture : c’est ce qu’on appelle le publicetur. {b} Tous les libraires et imprimeurs sont sous sa juridiction. Il doit voir et approuver les images, gravures, sculptures, etc. avant qu’on puisse les vendre ou les exposer en public. On ne peut prêcher un sermon devant le pape, que le maître du sacré Palais ne l’ait examiné. Il a rang et entrée dans la congrégation de l’Indice, {c} et séance quand le pape tient chapelle, immédiatement après le doyen de la Rote (v. note [33], lettre 342). Cet office a toujours été rempli par des religieux dominicains qui sont logés au Vatican, ont bouche à cour, {d} un carrosse et des domestiques entretenus aux dépens du pape. »


  1. Le vice-gérant est l’évêque qui assiste le cardinal-vicaire, prélat à qui le pape a délégué le gouvernement de son diocèse (qui est celui de Rome).

  2. Équivalent, pour les livres laïcs imprimés à Rome, de l’imprimatur, autorisation réservée aux livres religieux et couvrant l’ensemble de la catholicité.

  3. La congrégation de l’Index ou de l’Indice, instaurée en 1564, à l’issue du concile de Trente (v. note [4], lettre 430), sous l’impulsion de la Réforme protestante, établit la liste des livres interdits (librorum prohibitorum) par l’Église catholique, à Rome et partout ailleurs.

  4. « Avoir bouche à cour, ou bouche en cour, avoir droit de manger à quelqu’une des tables entretenues par le prince » (Littré DLF).

V. notes :

  • [6], lettre 407, pour le jurisconsulte calviniste français Charles Du Moulin (Carolus Molinæus) et ses vives prises de position contre les papes ;

  • [57], seconde notule {c}, du Naudæana 1, pour Gambattista Marino, dit le cavalier Marino (ou Marin).

    L’Adone, Poema del Cavalier Marino. Alla maesta Christanissima di Lodovico il Decimoterzo, Tè di Francia, et di Navarra… [L’Adonis, poème du cavalier Marin. Dédié à Sa Majesté très-chrétienne Louis le treizième, roi de France et de Navarre…] (Paris, Olivier de Varennes, 1623, in‑fo de 579 pages), précédé d’une « Lettre ou discours de M. [Jean] Chapelain [v. note [15], lettre 349] à Monsieur Favereau, conseiller du roi en sa Cour des aides, portant son opinion sur le poème d’Adonis du chevalier Marino » (16 pages) est l’un des plus longs poèmes (20 chants totalisant près de 41 000 vers) jamais publiés en langue italienne.

    Un scandale éclata dès sa publication en raison de son sujet, les amours d’Adonis et de Vénus (avec le fameux vers, Smoderato piacer termina in doglia [Le plaisir immodéré finit dans la douleur]), et des nombreux emprunts que le cavalier semblait avoir faits à d’autres auteurs. Dès 1624, le pape Urbain viii jeta l’anathème sur ce monument de la poésie italienne, condamnation pontificale qui fut réitérée jusqu’en 1678.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Naudæana 2, note 30.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8193&cln=30

(Consulté le 25/04/2024)

Licence Creative Commons