Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-2, note 30.
Note [30]

Cette référence latine, précédée de sa traduction en français, est aussi empruntée à la page 129 du Traité des Superstitions de Jean-Baptiste Thiers (v. supra note [29]). Elle vient à nouveau de la lettre xlv (page 19 vo) de Théodoric à Boèce publiée par Cassiodore, sur les merveilles de l’industrie humaine (avec mise en exergue du passage cité) :

Parva de illa referimus, cui cœlum imitari fas est. Hæc enim fecit secundum solem in Archimedis sphæra decurrere ; hæc alterum zodiacum circulum humano consilio fabricavit. Hæc lunam defectu suo reparabilem artis illuminatione monstravit ; parvamque machinam gravidam mundo, cœlum gestabile, compendium rerum, speculum naturæ ad speciem ætheris incomprehensibili mobilitate volutavit. Sic astra quorum licet cursum sciamus, fallentibus tamen oculis, prodire non cernimus ; et quæ velociter currere vera ratione cognoscis, se movere non respicis. Quale est hoc homini etiam facere, quod vel intellexisse potest esse mirabile.

[Je parlerai brièvement de l’art qui vise à imiter le ciel. Cette sphère d’Archimède reproduit la course d’un second Soleil : l’ingéniosité humaine y a figuré autrement le zodiaque ; l’illumination de l’art a montré la Lune en son déclin et en sa réapparition. Dans son incompréhensible mouvement, a tourné sous nos yeux une petite machine qui porte en elle la totalité du monde, un ciel portatif, l’abrégé de l’univers, le miroir de la nature à l’image du cosmos. Bien que nous en connaissions les trajectoires, le déplacement des astres se révèle ainsi à nos yeux trop faibles pour la percevoir directement : tu vois ainsi dans sa réalité un mouvement familier que tu es incapable de discerner. N’est-il pas merveilleux de rendre visible à l’homme ce qu’il ne peut que déduire par la pensée ?]

Le roi Théodoric s’extasiait ici devant la sphère armillaire des astronomes de l’ère précopernicienne qui plaçaient la Terre au centre de l’univers et représentaient la gravitation des planètes et du Soleil autour d’elle (géocentrisme). Dérivée du latin armilla [bracelet], armillaire est « une épithète que les astronomes donnent à une sphère composée de plusieurs cercles de carton, ou de cuivre, qui servent à représenter et à expliquer plus sensiblement la constitution du ciel et les mouvements des astres » (Trévoux). Sa version simplifiée, en deux dimensions, a donné naissance à l’astrolabe.

Archimède de Syracuse, mathématicien grec du iiie s. av. J.‑C., est réputé avoir décrit, dans un ouvrage de mécanique aujourd’hui perdu, intitulé La Sphéropée, un emboîtement de sphères de verre concentriques, préfigurant la sphère armillaire.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-2, note 30.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8215&cln=30

(Consulté le 03/12/2024)

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