Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 31.
Note [31]

« Voyez la préface de Paolo Manuzio à Jean de Montluc. »

La Ad Ioannem Monlucium, Christianissimi Regis consiliarium, eiusdemque apud Venetam Republicam oratorem, Pauli Manutii, Aldi filii, in Ciceronis oratorios libros præfatio [Préface de Paolo Manuzio, fils d’Aldo, {a} sur les livres oratoires de Cicéron, adressée à Jean de Montluc, {b} conseiller du roi très-chrétien, et son ambassadeur auprès de la République de Venise] est en tête des :

Ciceronis de Oratore libri iii, Orator, De claris Oratoribus. Corrigente Paulo Manutio, Aldi filio.

[Trois livres de Cicéron De l’Orateur, L’Orateur, sur les brillants Orateurs. {c} Avec les corrections de Paolo Manuzio, fils d’Aldo]. {d}

Elle est longue de six pages et datée de Venise, l’an 1546, avec ce passage sur les exploits diplomatiques du dédicataire (pages A iii vo‑A iiii ro) :

Et cum hæc legatio tibi perhonorifica fuit, tum illud ad tui nominis celebritatem longe maximum accessit, quod cum a principe Turcarum Solymano pacem defessa bellis Europa peroptaret, eaque sine Christianissimi Regis intercessione desperaretur ; unus electus qui tantum muneris obires, acceptis a Rege mandatis, æstate media, summis caloribus in Græciam navigasti, pacem ut componeres, optabatur : composuisti. Hieme summa, dificillimis itineribus, per dispositos equos in Galliam recurristi. exceptus alia cura, cum de sedandis inter Regem tuum, Regemque Britanum magni momenti controversiis ageretur, præfuisti ; te consulente, agente, ultro citroque cursante, abiectis armis pax inter eos firmissimo fœdere constituta. Habes hoc omnino Monluci, non dico a Fortuna, quam casus et temeritas regit, sed a te ipso, qui ad consilium et rationem omnia refers, ut in tuis actionibus felix usquequaque sis.

[Et de même que cette ambassade vous a grandement honoré, {e} de même avez-vous élevé votre nom à la plus grande célébrité quand l’Europe, lassée des guerres, souhaitait vivement conclure une paix avec Soliman, le Grand Seigneur des Turcs, et se désespérait de l’obtenir sans l’intercession du roi très-chrétien : choisi seul pour vous acquitter exclusivement de cette charge, après en avoir reçu les ordres du roi, au milieu de l’été, dans les plus grandes chaleurs, vous avez navigué en Grèce, avec le souhait de négocier une paix, et vous l’avez négociée. {f} Puis, au cœur de l’hiver, par les routes les plus malaisées, vous êtes retourné en France à cheval par relais de poste. On vous y chargea d’une autre mission et vous fûtes présent quand il s’est agi d’apaiser les différends de grande importance entre votre souverain et le roi d’Angleterre : par vos conseils, vos actions, vos incessants va-et-vient d’un camp à l’autre, les armes furent déposées et un pacte très solide a établi entre eux la paix. {g} C’est à vous, Montluc, qu’appartient le mérite de tout cela ; et ce, non par la bonne fortune, que régissent le hasard et l’imprévu, mais par votre propre volonté, car vous vous référez en tout à la réflexion et à la raison, afin d’être partout heureux en vos actions]. {h}


  1. V. note [16], lettre latine 38.

  2. V. notes [27], lettre 229, pour Jean i de Montluc, et [28], lettre 203, pour son frère aîné, Blaise de Montluc, maréchal de France (en 1574), et pour ses Mémoires (Bordeaux, 1592).

  3. Brutus ou le Dialogue sur les brillants Orateurs.

  4. Venise, Alde, 1554, in‑8o de 480 pages.

  5. En 1546, Manuzio célébrait la fin de l’ambassade vénitienne de Montluc.

  6. De 1536 à la fin de son règne (1547), François ier, roi de France, a mené, contre Charles Quint, une politique d’alliance avec Soliman le Magnifique (Grand Turc de 1520 à 1566, v. note [35], lettre 547) au fil d’incessantes tractations, auxquelles Montluc a participé durant l’été de 1545. Il en a laissé deux mémoires qui ont été publiés dans le tome i des Négociations de la France dans le Levant, ou Correspondances, mémoires et actes diplomatiques des ambassadeurs de France à Constantinople et des ambassadeurs, envoyés ou résidents à divers titres à Venise, Raguse, Rome, Malte et Jérusalem, en Turquie, Perse, Géorgie, Crimée, Syrie, Égypte, etc., et dans les États de Tunis, d’Alger et de Maroc édités par Ernest Charrière (Paris, Imprimerie nationale, 1848, in‑4o) :

    • pages 596‑612, Relation de M. de Montluc, depuis évêque de Valence, baillée au roi François ier et à Messieurs de son Conseil privé, à son retour de Levant pour la négociation de la paix ou trêve en faveur de l’empereur Charles Quint et du roi des Romains, son frère (le futur empereur Ferdinand ier de Habsbourg, v. note [19] du Borboniana 8 manuscrit) ;

    • pages 612‑620, Autre plus sommaire relation du dit Montluc sur le voyage et occasion de sa dite légation en Levant, baillée à M. le cardinal de Tournon (v. seconde notule {a‑iii}, note [4] du Patiniana 4).

    Ces pourparlers n’ont abouti à aucun traité procurant la paix universelle dont rêvaient alors les souverains d’Europe. On accusa Montluc d’avoir été maladroit dans ses négociations. Il aurait même été embastillé à son retour en France.

  7. Négociations entre les représentants de François ier et de Henri viii qui aboutirent à une nouvelle paix entre les deux royaumes le 7 juin 1546 à Ardres (en Calaisis), avec promesse non tenue de rendre Boulogne à la France, moyennant deux millions de couronnes d’or. Je n’ai rien trouvé attestant que Montluc ait participé à la conclusion de ce traité.

  8. Les relations historiques que j’ai consultées n’autorisent guère à être aujourd’hui si élogieux sur les talents diplomatiques de Montluc.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 31.

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(Consulté le 20/04/2024)

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