Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 32.
Note [32]

V. note [9], lettre 92, pour Philippe de Cospéan, alors évêque de Lisieux. Il n’enseignait plus depuis longtemps dans les collèges. Les leçons auxquelles il manquait étaient à prendre dans le sens liturgique de « petite lecture, qu’on fait à chaque nocturne des matines, de quelques extraits de la Bible, des Pères, ou de l’histoire du saint dont on fait la fête ; on appelle un office de neuf leçons celui qui a trois leçons à chaque nocturne ; les leçons de Ténèbres sont tirées de Jérémie ; il y a aussi de brèves leçons dans les heures [prières du missel] ; on les a appelées ainsi parce qu’elles ne se chantent point comme les psaumes et les hymnes, et qu’on ne fait que les lire » (Furetière). M. de Cospéan pensait donc plus à s’enrichir qu’à lire tous les jours son bréviaire. La vanité, l’avidité et l’impiété de ce prélat inspiraient trois antiques citations poétiques à Nicolas Bourbon.

  1. Juvénal, Satire i (vers 106‑116) :

    « “ Quel avantage procure donc la pourpre, {a} puisque, près de Laurentum, Corvinus fait paître des brebis affermées ? J’ai, moi, plus d’argent que Pallans et que les Licini. ” {b} Que les tribuns patientent donc, victoire à la richesse, et que cet homme naguère arrivé en cette ville, les pieds blanchis, n’aille pas laisser le prêtre passer devant lui ! {c} Chez nous, la majesté des richesses n’est-elle pas sainte entre toutes ? Et pourtant, ô funeste argent ! tu n’habites encore aucun temple ; nous ne t’avons pas élevé d’autels comme on a fait à la Paix, à la Fidélité, à la Victoire, à la Vertu où à la Concorde, ce nid qui crépite des prières qu’on lui adresse. » {d}


    1. Celle des consuls et hauts magistrats de la Rome antique, et que bien plus tard arborèrent aussi les cardinaux.

    2. Laurentum est une ancienne ville du Latium, proche de Rome, célèbre pour ses lauriers (laureæ). Corvinus se parait de la pourpre, mais n’était pas fortuné et avait jadis dû louer ses moutons. Pallans et les Licini avaient des propriétés aux alentours de Laurentum.

    3. Critique du parvenu qui a fait fortune après être arrivé à Rome sans le sou, à pied, les sandales blanchies par la boue et la poussière des chemins.

    4. Je n’ai pas entendu dans ce dernier vers les « craquètements de la cigogne » que plusieurs traductions académiques y ont introduits : j’y ai plutôt vu une mordante allusion à la foule des fidèles qui viennent supplier la Concorde de pacifier leurs incessantes disputes.

  2. Ovide, Les Amours, livre i, viii (vers 61‑64 et 77) :

  3. « Puisse celui qui te donnera être à tes yeux plus précieux que le grand Homère ! Crois-moi, il est ingénieux de donner. Ne méprise pas l’esclave qui a racheté sa liberté : avoir le pied enduit de plâtre {a} n’est pas une infamie.
    Ferme ta porte au quémandeur, et tiens-la grande ouverte au porteur de cadeaux, etc. »


    1. Marque distinctive des esclaves qu’on mettait en vente dans l’ancienne Rome.

  4. Tibulle, Élégies, livre ii, iii (vers 64‑65) :

    « Écoute-moi bien : celle qui te tient en son pouvoir est souvent une barbare dont on a plâtré les pieds pour la vendre à l’encan sur une estrade. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 32.

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(Consulté le 16/04/2024)

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