À Charles Spon, le 30 janvier 1652, note 34.
Note [34]

Voici les propos que le coadjuteur dit avoir tenus et dictés au duc de Damville, premier écuyer du duc d’Orléans (Retz, Mémoires, page 929) :

« avec prière de les faire lire à la reine et à M. le cardinal : “ J’ai promis de ne me point accommoder avec M. le Prince ; j’ai déclaré que je ne pouvais quitter le service de Monsieur et que je ne pouvais, par conséquent, m’empêcher de le servir en tout ce qu’il ferait pour s’opposer au rétablissement de M. le cardinal Mazarin. Voilà ce que j’ai dit à la reine devant Monsieur, voilà ce que j’ai dit à Monsieur devant la reine, et voilà ce que je tiens fidèlement. Le comte de Fiesque assure tous les jours M. de Brissac que M. le Prince me donnera la carte blanche quand il me plaira : ce que je reçois avec tout le respect que je dois, mais sans y faire aucune réponse. Monsieur me commande de lui dire mon sentiment sur ce qu’il peut faire de mieux, supposé {a} la résolution où il est de ne consentir jamais au retour du cardinal, et je crois que je suis obligé, en conscience et en honneur, de lui répondre qu’il lui donnera tout l’avantage si il ne forme un corps de troupes assez considérable pour s’opposer aux siennes et pour faire une diversion de celles avec lesquelles il opprime M. le Prince. Enfin, je vous supplie de dire à la reine que je ne fais que ce que je lui ai toujours dit que je ferais et qu’elle ne peut avoir oublié ce que je lui ai dit tant de fois, qui est qu’il n’y a aucun homme dans le royaume qui soit plus fâché que moi que les choses y soient dans un état qui fasse qu’un sujet puisse et doive même parler ainsi à sa maîtresse. ” »


  1. En supposant.

Condé et le coadjuteur avaient Mazarin pour commun ennemi, mais n’en étaient pas alliés pour autant, car ils rivalisaient dans l’ambition de ravir au cardinal la toute-puissance qu’il exerçait sur le roi et sur sa mère. Le rusé ministre conservait ainsi toutes ses chances de « tirer les marrons du feu avec la patte du chat » (comme on disait alors).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 30 janvier 1652, note 34.

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(Consulté le 19/04/2024)

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