À Charles Spon, le 10 août 1649, note 37.
Note [37]

Frédéric-Maurice de La Tour d’Auvergne (v. note [8], lettre 66), duc de Bouillon et prince de Sedan, frère de Turenne, avait été l’un des principaux agitateurs des nobles frondeurs. Lieutenant général du prince de Conti, sa goutte l’avait empêché de figurer au premier rang de l’action, mais il n’en avait pas moins représenté un immense danger car, comme prince étranger, il avait été libre de fomenter l’alliance entre Paris et l’Espagne. Vers la mi-janvier, pour le ramener au parti du roi, la cour lui avait offert de lui rendre Sedan, principauté qu’on lui avait confisquée en 1642 à cause de sa participation à la conspiration de Cinq-Mars. Étant donné la conduite ultérieure de Bouillon, Mazarin était fondé à ne pas tenir cette promesse. V. supra note [14], pour l’attachement de Gaston d’Orléans et du prince de Condé au retour du roi dans Paris.

Mme de Motteville (Mémoires, page 288) :

« Monsieur et M. le Prince, pour obliger les Parisiens, pressèrent la reine de s’y résoudre et assurèrent le cardinal de leur protection. Ils avaient tous deux de bonnes et louables intentions ; mais il est à croire qu’ils se souciaient fort peu de l’événement {a} et que l’état des choses ne leur déplaisait pas.

Rio turbio gannancia de pescadores. {b}

Le ministre y consentit aussi, espérant que la présence du roi étoufferait peut-être le reste de la sédition ; mais comme il avait vu assez souvent que ce remède n’avait pas été suffisant pour guérir le mal, il fut louable de s’y résoudre malgré le péril que raisonnablement il pouvait y craindre. Il fit plus, il ne voulut pas même témoigner de croire qu’il pût y en avoir. Les souffrances abattent toujours les furies des peuples et quoique Paris n’eût pas été réduit à une grande famine, il est pourtant vrai que la populace avait senti la nécessité : une grande quantité de pauvres gens étaient morts et ce qui restait de canaille mutine n’était plus qu’une troupe de coquins payés par les frondeurs pour faire du bruit et pour crier. »


  1. Des conséquences.

  2. « Une eau trouble est aubaine pour les pêcheurs. »

Le prince de Condé avait réclamé pour lui la surintendance des mers, mais on la lui avait refusée. Comme le sous-entendait ici Guy Patin, Mazarin craignait sans doute moins l’hostilité de la capitale que l’entente entre le duc d’Orléans et Condé.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 août 1649, note 37.

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(Consulté le 13/10/2024)

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