Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑2 (1701), note 37.
Note [37]

« Les membres charnus font l’agrément du devoir de la chair. »

Gaius (ou Cnæus) Cornelius Gallus (69-26 s. av. J.‑C.), premier préfet d’Égypte, favori de l’empereur Auguste et ami de Virgile, a aussi composé des vers dont il ne subsiste rien. Ce qu’on appelle son Elegiarum libellus [Petit livre d’élégies] (v. note [10], lettre de Samuel Sorbière, datée du 15 octobre 1646) a été composé par Maximianus (Maximian) poète érotique latin du vie s., dont on ne sait à peu près rien.

Ce vers isolé, tiré de la première élégie, intitulée Senectutis descriptio [Description de la vieillesse], devient moins licencieux qu’il n’y paraît quand on le replace dans son contexte, où le poète se rappelle les goûts de sa jeunesse amoureuse :

Sic cunctis formosus ego, gratusque videbar
Omnibus, et sponsus sic generalis eram.
Sed tantum sponsus : nam me natura pudicum
Fecerat, et casto pectore durus eram.
Nam dum præcupuæ cupio me jungere formæ,
Permansi viduo frigidus usque toro.
Omnis fœda mihi, atque omnis mihi rustica visa est,
Nullaque conjugio digna puella meo.
Horrebam tenueis, horrebam corpore pingueis :
Nec mihi grata brevis, nec mihi longa fuit.
Cum media tantum dilexi ludere forma :
Major enim mediis gratia rebus inest.
Corporis has nostri mollis lascivia partes
Incolit : has sedes mater amoris habet.
Quærebam gracilem, sed non quæ macra fuisset :
Carnis ad officium carnea membra placent.
Sic quod in amplexu delectat stringere corpus,
Ne lædant pressum quælibet ossa latus
.

[Voilà comme j’étais : toutes me trouvaient beau, me chérissaient et m’auraient voulu pour époux ; mais pas question de cela, car la nature m’avait fait chaste et j’étais un homme âpre au cœur pur. Ne désirant alors m’unir qu’à une beauté parfaite, je demeurais si froid que ma couche restait vide. Toutes les jeunes filles me semblaient laides, toutes grossières, et aucune digne de s’unir à moi. J’avais en horreur les corps maigres, comme les gras ; pour la taille, je ne prisais ni les petites ni les grandes. Je me régalais seulement de la beauté intermédiaire : la plus grande grâce appartient à ce qui est moyen. Une molle lascivité habite ces parties de notre corps : c’est là que réside la mère de l’amour. Je cherchais une femme svelte, mais qui ne fût pas maigre : les membres charnus font l’agrément du devoir de la chair. Voilà ce qu’un corps prend plaisir à serrer dans l’étreinte et un corps que l’on presse avec délices dans ses bras, sans que quelque os ne le moleste en lui comprimant le flanc].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Patiniana I‑2 (1701), note 37.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8197&cln=37

(Consulté le 19/04/2024)

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