Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 39.
Note [39]

« en ayant changé son nom » ; les critiques visaient les :

Nicolai Borbonii Vandoperani Nugæ.

[Sornettes {a} de Nicolas Bourbon, natif de Vendeuvre]. {b}


  1. Avec ce sous-titre :

    Mantua Virgiliis tumeat, Verona Catullis,
    Gaudet Borbonio Lingonis ora suo
    .

    [Que Mantoue s’enorgueillisse des vers de Virgile, et Vérone de ceux de Catulle, le pays de Langres se réjouit d’avoir Bourbon pour fils].

    Les Nugæ sont suivies d’un surprenant poème intitulé Ferraria, {i} avec ce titre introductif :

    petri rosseti Poetæ
    Laureati in Ferrariam n. borbo-
    nii
    Distichon.

    Aurum habeant alii, argentumque, et rara metalla :
    Borbonius ferrum cuderit ipse, probo.

    n. borbonii vandopera-
    ni ferraria
    . Quam scripsit
    Annum agens xiiii
    .

    [Distique de petrus rossetus, poète couronné de laurier, {ii} contre la Ferrria de n. bourbon.

    « Quand d’autres traitent l’or, l’argent et d’autres métaux précieux, je loue bourbon pour avoir forgé du fer. »

    ferraria de n. bourbon natif de vandeuvre, qui l’a écrite à l’âge de 14 ans]. {iii}

    1. « La Forge » : Nicolas Bourbon était fils du maître d’une des forges de Vendeuvre.

    2. Bien oublié depuis, ce Petrus Rossetus a écrit quelques pieux recueils de poésie religieuse.

    3. En 14 pages de vers latins, Bourbon loue l’art son père forgeron, comme avait fait son ami Rossetus.

  2. Paris, Michael Vascosanus, 1533, in‑8o de 15 feuilles ; réédition à Lyon, Sébastien Gryphe, 1538, Ab autore recens aucti et recogniti. Cum indice [Récemment augmentés et revus par l’auteur, avec un index], in‑8o de 504 pages, divisé en 8 livres.

    L’édition de 1538 contient le seul portrait de Nicolas Bourbon l’Ancien que je connaisse, accompagnée de six vers Ad Zoilum : {i}

    Tun’, Zoile, hanc vides poëtæ imaginem ?
    Vides amabile os ? et laurigerum caput ?
    Vides hyberna candidius pectus nive ?
    Vides honestas et sceleris puras manus ?
    Vides ? quid expallescis ? Ah miser, miser,
    Vide : et videns ea quæ nolis, medius crepa
    .

    [Ne vois-tu pas, Zoïle, ce portrait de poète ?
    Ne vois-tu pas cet aimable visage, et cette tête ceinte de laurier ?
    Ne vois-tu pas ce cœur plus blanc que la neige d’hiver ?
    Ne vois-tu pas ces mains honnêtes et pures de tout crime ?
    Ne les vois-tu pas ? Pourquoi pâlis-tu ? Ah, misérable d’entre les misérables,
    Vois donc, et voyant ce que tu ne veux voir, éclate par le milieu !] {ii}

    1. « À Zoïle » (type du critique envieux, v. note [5], lettre latine 221.

    2. Emprunt au latin de la Vulgate, Actes des Apôtres, sur le traître Judas (1:18) :

      Et hic quidem possedit agrum de mercede iniquitatis et suspensus crepuit medius et diffusa sunt omnia viscera eius

      [Et voilà que s’étant acquis un champ avec le salaire de son forfait, cet homme est tombé la tête la première et a éclaté par le milieu, et toutes ses entrailles se sont répandues].


Dans son Rabelais (Paris, 2011, pages 164 et 249), Mireille Huchon a, me semble-t-il, exagéré les différences existant entre les deux pièces In Rabellum [Contre Rabelais] {a} qu’on lit dans les Nugæ.

  • Édition de Paris, 1533, pages [i vii] vo‑[i viii] ro :

    In mentem tibi quid Rabelle venit,
    Nostros discipulos ut auocare
    Nusquam à munere desinas honesto ?
    Nimirum à studio politiorum
    Sacrarumque ab amore litterarum ?
    Malles quippe tuis ut in salebris,
    In nugis hominum tenebricosis,
    In tricisque librisque quæstuosis,
    Fœda in barbarie, in fimo, inque cœno
    Tam bonam malè perderent iuuentam :
    Atqui (si mihi credis) ipse, posthac
    Nostros discipulos sines ualere,
    Ne quas persequeris furens ubique
    Te ludos faciant in orbe Musæ,
    Ac ne te in rabiem inferant Rabelle
    .

    [Que te mettre en tête, Rabellus, pour que tu cesses de détourner en toute occasion nos élèves de leurs honnêtes devoirs, que sont l’étude et l’amour des belles-lettres, profanes comme sacrées ? Tu préférerais donc qu’ils gaspillassent leur belle jeunesse dans tes aspérités, dans les ténébreuses sornettes des hommes, dans tes niaiseries et dans tes lucratifs écrits, dans la répugnante barbarie de ton style, dans son fumier et dans sa fange. Eh bien Rebellus (si tu m’en crois), autorise-toi désormais à mieux instruire nos élèves, afin que ces Muses que tu poursuis partout avec furie n’aillent pas faire de toi la risée du monde entier, et ne te fassent sombrer dans la rage]. {b}

  • L’édition de Lyon, 1538, livre iii, Carmen ix (pages 153‑154), présente deux minimes différences :

    • remplacement de bonam par caramdans le 10e vers, « belle jeunesse » pour « chère jeunesse » ;

    • suppression de l’avant-dernier, Te ludos faciant in orbe Musæ, « que les Muses n’aillent pas faire de toi la risée du monde entier ».


    1. Avec déformation volontaire du nom latin ordinaire de François Rabelais (mort en 1553, v. note [9], lettre 17) : Rabelæsus, pour le rapprocher de l’adjectif rabidus, « enragé ».

    2. V. note [2], lettre de Hugues ii de Salins, datée du 16 décembre 1656, pour l’épouvantable maladie qu’était (et demeure) la rage proprement dite ; s’il avait lu cet éreintement de son très cher « M. François », Guy Patin n’aurait probablement pas manqué de s’insurger et de penser qu’il s’agissait bel et bien de « sornettes ».

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 10 manuscrit, note 39.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8211&cln=39

(Consulté le 19/04/2024)

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