À Charles Spon, le 11 juin 1649, note 4.
Note [4]

Philippe dit Pierre Fortin, sieur de La Hoguette (Falaise 1585-vers 1668), était le fils d’un président de l’élection de Falaise (Calvados), anobli par Henri iv pour son dévouement à la cause royale pendant la Ligue. Philippe entama de bonne heure sa carrière militaire comme volontaire en Hollande puis en Guyenne. En 1620, celui qu’on surnommait le « soldat philosophe » avait donné ses premiers coups de plume en adressant à Louis xiii un mémoire contre les favoris en général et contre Luynes en particulier. Capitaine de la ville de Brouage (1626-1631) puis sergent-major de Blaye (et non pas gouverneur comme disait ici Guy Patin, charge qui appartenait au duc de Saint-Simon, père du mémorialiste), il avait refusé l’alliance séditieuse que lui proposait Gaston d’Orléans et mené la noblesse de Guyenne à l’expédition de Biscaye (1639), mais s’était estimé de trop faible santé pour accepter le grade de lieutenant-colonel dans le régiment de Saint-Luc, préférant se retirer des armées avec la modeste pension de capitaine et une gratification annuelle sur les revenus des sels de Brouage.

En 1640, à près de 60 ans, il avait épousé Louise de Beaumont de Péréfixe, sœur d’Hardouin, évêque de Rodez et futur archevêque de Paris (v. note [38], lettre 106). En 1645 avait paru son Catéchisme royal (Paris, sans nom, in‑12). Ayant trois fils à élever, il avait envoyé l’aîné dans un régiment des gardes et s’était lui-même chargé d’instruire les deux cadets : « Et ainsi, je devins, en l’âge de 69 ans, le pédant abécédaire de deux enfants dont le plus âgé n’avait que dix ans et demi. »

Ce dessein avait produit l’ouvrage dont parlait ici Guy Patin, le Testament, ou Conseils fidèles d’un père à ses enfants, publié (in‑12) à Paris en 1648 sans nom d’auteur ni d’éditeur. L’ouvrage avait connu un tel succès que l’édition était épuisée quatre mois plus tard. Antoine Vitré, l’imprimeur, se dévoila et en lança aussitôt une nouvelle (in‑8o), signée cette fois du nom de l’auteur. L’engouement du public continua tant que 21 éditions parurent dans les 50 années suivantes ; dont la septième, parue à Paris, Antoine Vitré, 1655, in‑8o. Ce recueil est divisé en trois parties où l’auteur examine tour à tour les devoirs de l’homme envers Dieu, envers soi-même et envers ses semblables. Les éloges des érudits ne se firent d’ailleurs pas attendre malgré l’intervention de la censure qui altéra fortement le texte.

La Hoguette fréquentait l’académie putéane (v. infra note [5]), où il dut croiser Patin. Il détestait les jésuites et fit connaître en France l’œuvre de Francis Bacon (v. note [21], lettre 352) dont il était ami. On a aussi de lui les Éléments de la politique selon les principes de la nature (Paris, Antoine Vitré, 1663, in‑8o) ; ses Lettres aux frères Dupuy et à leur entourage, 1623-1662, ont été éditées par Giuliano Ferretti (Florence, Olschki, 1997, 2 volumes). Fruit de la bonne éducation qu’il avait reçue, son second fils, prénommé Hardouin (1643-1715) fut évêque de Saint-Brieuc (1675) puis de Poitiers (1680), archevêque de Sens (1685) et conseiller d’État (1704) (G.D.U. xixe s. et Michaud).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 11 juin 1649, note 4.

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(Consulté le 19/04/2024)

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