À Charles Spon, le 23 juillet 1649, note 4.
Note [4]

Mme de Motteville (Mémoires, pages 280‑281) :

« Cette aventure {a} finie, tous se retirèrent. Le duc de Beaufort croyait avoir fait une action héroïque et ses amis étaient contents de lui avoir rendu ce service ; mais ceux qui avaient été offensés furent sensiblement irrités contre ce prince et demeurèrent avec un grand désir de se venger. Le duc de Candale en son particulier s’en alla le lendemain au Bois de Boulogne, d’où il envoya Saint-Mégrin, qui était du nombre des mazarins, appeler {b} le duc de Beaufort. Il répondit qu’il ne se voulait point battre contre son cousin germain ; qu’il avait dessein de le contenter par toutes les voies qui lui seraient possibles et que, s’il n’y pouvait réussir, qu’on l’attaquât dans les rues et qu’alors il tâcherait de se défendre. Saint-Mégrin lui répondit que c’était proposer l’impossible puisque de se battre contre lui dans les rues, vu l’affection que le peuple lui portait, c’était aller au supplice et non pas au combat, et qu’il ne croyait pas que ce parti se pût accepter.

Ensuite de cet appel du duc de Candale au duc de Beaufort, ce prince, pendant huit jours, crut qu’on l’attaquerait hors des rues, c’est-à-dire dans le cours et les promenades publiques. Il y fut soigneusement avec une grande suite d’amis ; il y fit mener des chevaux de main, et porter quantité de pistolets et d’épées. Cet appareil de guerre paraissait attendre le signal d’un grand combat qui ne se donna point ; il fut plus semblable aux exploits de don Quichotte contre les moulins qu’à une querelle de vaillants hommes tels que l’étaient le prince et ses amis, et ceux qu’il avait offensés. Presque tous l’auraient sans doute emporté par leur courage sur les douze paladins s’ils avaient pu avoir quelque chose à démêler ensemble. Les maréchaux de France s’employèrent fortement pour accommoder cette affaire, mais le duc de Candale refusa de donner sa parole et quelques autres se cachèrent de peur d’être obligés à la donner. Enfin, M. de Metz, {c} oncle du duc de Candale, frère de sa mère et fils bâtard de Henri le Grand, {d} s’employa avec tant de soin pour empêcher qu’il n’en arrivât du malheur, qu’il fit résoudre le duc de Candale, par l’impossibilité de se battre, d’aller à Verneuil avec lui. On força Jarzé d’aller en quelque autre lieu, et de cette sorte l’affaire fut mise en état de se pouvoir terminer par les voies ordinaires. »


  1. Des Tuileries.

  2. En duel.

  3. Henri de Bourbon-Verneuil, évêque de Metz.

  4. Du roi Henri iv et de Catherine-Henriette de Balzac.

Un accommodement final réglé par l’entremise du duc d’Orléans fut en effet signé à Nanteuil entre les deux parties le 16 juillet. Le Journal de la Fronde (volume i, fo 64 vo‑65 ro) en a donné le texte :

« Gaston de France, oncle du roi, duc d’Orléans, après avoir été particulièrement informé de ce qui s’est passé au jardin de Renard aux Tuileries entre le duc de Beaufort […] et le duc de Candale […], et sur ce que le sieur de Beaufort nous a déclaré n’avoir eu aucune intention de fâcher ni offenser en quelque manière que ce fût ledit duc de Candale ni aucun de sa compagnie, fors {a} et excepté ledit sieur de Jarzé à cause des discours pleins de mépris et offenses qu’on lui avait rapporté qu’il avait tenus de lui en diverses compagnies, tant à Paris qu’à Compiègne ; ajoutant même ledit sieur de Beaufort qu’il s’en était fait entendre en quelque sorte en adressant sa parole audit duc de Candale, étant très marri qu’il ne s’en soit pas davantage expliqué, et à présent témoignant beaucoup de regret que la colère l’ait porté à des actions aussi violentes que peu considérées et exécutées avec avantage d’un grand nombre de personnes qui étaient avec lui ; ce qui avait empêché que sur-le-champ les offenses n’avaient repoussé l’injure comme des gens de leur qualité et de cœur auraient fait, ainsi que depuis ils se sont mis en devoir d’en tirer raison ; desquelles actions ledit sieur de Beaufort les prie de remettre le sujet des plaintes qu’ils en pourraient avoir et d’en vouloir perdre le souvenir, et proteste que si pareille rencontre lui était arrivée, il se contenterait d’une semblable satisfaction. Et pour ce qui regarde l’offense reçue par ledit sieur de Jarzé, ledit duc de Beaufort déclare que ce qui s’est passé a été contre son ordre et intention, étant bien éloigné de la pensée même de faire ainsi maltraiter un gentilhomme ; qu’il ne laisse pas pourtant l’opinion qu’on en pourrait avoir de prier ledit sieur de Jarzé de vouloir oublier, remettre et lui pardonner ladite offense […] Nous, considéré tout ce que dessus et particulièrement les satisfactions susdites, jugeons qu’il n’en peut rien demeurer sur le cœur audit duc de Candale et autres susnommés qui les puisse obliger à aucun ressentiment, ni qui les empêche de vivre et demeurer bons amis, ce que nous leur commandons de faire ; et le présent accord s’étendra et servira pour tous ceux qui se sont trouvés dans ladite action, quoiqu’ils ne soient pas ci nommés et présents. »


  1. Sauf.

Mme de Motteville (page 286) :

« Ils {a} s’embrassèrent ensuite et demeurèrent ensemble le reste de la journée, occupés à faire la cour au prince qui les avait accommodés. Il {b} n’était guère moins respecté que le roi, outre qu’il était estimable par ses bonnes qualités. Les princes du sang, les plus proches de la Couronne, ont de grands avantages pendant les minorités ; et il ne faut pas s’étonner si, l’autorité étant ainsi dispersée, les régentes ont toujours à souffrir de fâcheuses tempêtes dans l’État »


  1. Beaufort et Candale.

  2. Gaston d’Orléans.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 23 juillet 1649, note 4.

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(Consulté le 25/04/2024)

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