À Charles Spon, le 27 août 1658, note 4.
Note [4]

Emporté par un coup de canon, Roger de Nagu, marquis de Varennes, baron de Merzé, fils de François (mort en 1633), avait été nommé maréchal de camp en 1642 puis lieutenant général des armées du roi en juin 1655 ; il était gouverneur d’Aigues-Mortes et chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit.

Turenne (Mémoires, tome deuxième, pages 140‑142) :

« On savait bien que, depuis la bataille de Dunkerque, l’ennemi avait retiré ce qu’il y avait de meilleur d’infanterie ; et se flattant sur ce qu’ils pensaient, qu’ayant cette place-là derrière soi, on ne songerait qu’à l’affamer, et aussi que, comme ils avaient le cœur du pays à défendre, ils laissaient la frontière assez mal pourvue (il n’y avait plus que sept à huit cents hommes dans Gravelines), M. de Turenne envoya sept ou huit régiments d’infanterie pour le siège et demeura auprès de Dixmude. {a} M. le marquis de Créqui étant toujours avec un corps détaché fort proche de Nieuport, où M. le duc d’York et M. le marquis de Caracène furent plus d’un mois, M. le Prince à Ostende et Don Juan à Bruges, et le prince de Ligne à Ypres, se tenant tous si serrés que l’armée du roi ne s’affaiblissait que par les maladies, quoiqu’il fallût aller tous les jours au fourrage et que l’on fît beaucoup de courses dans le pays.

M. de Turenne envoya M. de Varennes, lieutenant général, que M. le maréchal {b} lui demanda comme une personne qui entendait très bien les sièges. Le trois ou quatrième jour après la tranchée ouverte, {c} il fut tué d’un coup de canon. {d} Il avait été toute sa vie avec M. de Turenne et c’était un des meilleurs officiers qu’il y eût en France. M. le comte de Moret fut aussi tué du même coup ; il était lieutenant des gendarmes de M. le cardinal, et devait avoir le gouvernement de Gravelines. M. de Turenne l’aimait tendrement et il n’y avait point de gentilhomme en France à qui il eût si tôt ouvert son cœur, lui ayant reconnu en diverses affaires de la cour un procédé fort sincère et accompagné de beaucoup de jugement, sans laquelle qualité toutes les autres, et principalement à la cour, se rendent inutiles, et à soi et à ses amis. Il n’est pas croyable comme il en a été touché, et comme d’une perte qui ne se répare point. »


  1. En Flandre occidentale.

  2. Le maréchal de La Ferté.

  3. L’ouverture de la tranchée avait eu lieu dans la nuit du 7 au 8 août 1658.

  4. Varennes eut la tête emportée dans la nuit du 12 au 13 août.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 27 août 1658, note 4.

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(Consulté le 18/04/2024)

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