À André Falconet, le 2 juillet 1660, note 4.
Note [4]

« N’ayez pas peur des signes du ciel » (Jérémie, v. note [2], lettre 302).

Mme de Motteville (Mémoires, page 498‑499) ne s’est pas tant émue que Guy Patin de ce séisme :

« La cour marchait jour et nuit pour aller à Bordeaux et delà gagner Paris. Il n’y eut rien de considérable dans cette marche, sinon qu’à Roquefort {a} nous eûmes un grand tremblement de terre dont les aventures ne servirent seulement qu’à divertir le public. On arriva dans cette grande ville {b} le 23 juin 1660, veille de la Saint-Jean […]. {c}

On fut trois jours dans cette ville, puis, le dimanche 27, on vint < tous > dans le même bateau coucher à Blaye. {d} La cour marcha ensuite jusqu’à Poitiers, qui est une laide et grande ville ; et de Poitiers, on alla à Richelieu dont le nom célèbre répond à la beauté du lieu. Delà on vint à Amboise, puis à Blois et à Chambord où l’on séjourna un jour. De Chambord on vint coucher à Orléans […]. Enfin on arriva à Fontainebleau le 13 juillet. »


  1. Une vingtaine de kilomètres au nord de Mont-de-Marsan.

  2. Bordeaux.

  3. Nativité de Jean-Baptiste.

  4. Sur la rive droite de la Gironde (v. note [25], lettre 177).

Mlle de Montpensier (Mémoires, deuxième partie, chapitre iv, pages 483‑484) en a fait à peine plus de cas :

« On revint par le chemin ordinaire. Comme les villes ou les bourgs ne sont pas toujours assez grands pour pouvoir contenir toute la cour, qui était très grosse pour lors, on logeait à des villages voisins. Le jour que le roi coucha à Capsioux, {a} dans les landes de Bordeaux, j’allai loger à Saint-Justin-lou-Nègre en Armagnac, {b} on l’appelle ainsi. Je me trouvai dans une vieille maison qui tombait ; même le plancher de ma chambre avait un grand trou ; je fis mettre des planches pour ne le pas voir, et je me couchai aussi tranquillement et dormis de même qui si c’eût été une belle et bonne maison. Mon lit était près de la porte, ma chambre étant petite, et celui de mes femmes était à l’autre bout. J’entendis un fort grand bruit et à même temps heurter à ma porte, comme si la maison eût tombé. Ce bouleversement et ce bruit tout ensemble m’éveilla, j’ouvris la porte et mon chirurgien qui y était me cria : “ Sauvez-vous ! la maison tombe. ” Je sortis sans songer en l’état où j’étais, sautant les degrés et lui me menant à moitié endormie. Comme je fus dans la cour, je regardai, je vis que rien ne tombait ; je demandai ce que c’était, on me répondit que la terre tremblait. Comme les tremblements de terre sont fort communs en ce pays-là, personne n’était étonné, mais mon chirurgien, qui venait pour saigner une de mes femmes, sentant la maison < trembler >, m’éveilla sans songer au tremblement de terre ; et sans cela je ne l’aurais pas peut-être entendu. Comme je sus donc ce que c’était, je me trouvai toute nue en chemise. Il y avait un muletier qui prenait les couvertures de ses mulets pour les recharger ; j’en pris une que je mis sur moi en attendant que l’on m’eût apporté mes hardes. Je m’habillai, fus à la messe et continuai mon chemin sans la cour. Je fus, depuis six heures du matin à neuf du soir, en chemin par un chaud et une poudre {c} qui passent toute imagination. Le lendemain (car la cour arriva le même jour que moi au gîte à Bazas), on ne parla d’autre chose que du tremblement de terre. Le roi dit que la sentinelle qui était devant ses fenêtres avait crié aux armes, qu’il avait été à la fenêtre, qu’ayant demandé ce que c’était, on < le > lui avait dit, qu’il s’était recouché. »


  1. Captieux (Gironde).

  2. Dans l’actuel département des Landes.

  3. Poussière.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 2 juillet 1660, note 4.

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(Consulté le 25/04/2024)

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