À André Falconet, le 12 avril 1661, note 4.
Note [4]

« Pour combien l’as-tu ferrée ? » Furetière :

« On dit proverbialement ferrer la mule quand les valets ou les commissionnaires trompent sur le prix des marchandises et les comptent plus qu’ils ne les ont achetées. Ce proverbe vient d’une action que fit autrefois le muletier de Vespasien, au rapport de Suétone, qui, sous prétexte qu’une des mules était déferrée, arrêta longtemps la litière de cet empereur et par là, fit avoir audience à celui à qui il l’avait promise moyennant quelque somme d’argent ; dont l’empereur ayant connaissance, il voulut partager avec lui le gain qu’il avait fait à ferrer la mule. »

Le passage exact de Suétone (Vie des douze Césars, Vespasien, xxiii, 4) est :

Mulionem in itinere quodam suspicatus ad calciandas mulas desiluisse, ut adeunti litigatori spatium moramque præberet, interrogavit quanti calciasset, et pactus est lucri partem.

[Étant en route, il {a} se douta qu’un muletier n’était descendu pour ferrer {b} ses mules qu’afin de donner le temps à un plaideur de lui parler de son affaire. Il lui demanda pour combien il les avait ferrées et s’en fit payer la moitié. »


  1. Vespasien, v. note [4], lettre 33.

  2. Le verbe calceare (ou calciare) signifie « chausser » (ici panser les paturons d’une mule), mais les interprètes de ce célèbre passage lui ont donné le sens de « ferrer », qui a donné lieu au proverbe expliqué par Furetière.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 12 avril 1661, note 4.

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(Consulté le 28/03/2024)

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