À Bernhard Verzascha, le 18 juillet 1665, note 4.
Note [4]

V. note [14], lettre 1020, pour les sept « Décades » de thèses médicales bâloises que le libraire Johann Jakob Genath avait imprimées depuis 1618.

Contrairement aux espoirs de Guy Patin, Bernhard Verzascha n’y a rien ajouté ; mais en fouillant sa bibliographie, j’ai trouvé son recueil intitulé Observationum Medicarum Centuria [Centurie d’Observations médicales] (Bâle, Joannes Jacobus Deckerus, 1677, in‑8o), avec cette mention dans l’observation vi, Vermiculus Cerebri [Petit ver du cerveau] (pages 16‑17) :

Quoniam vermiculus iste cum muco excretus fuit, illum in cerebro genitum fuisse, nullus dubitavi, nam in hac putrescentis pituitæ officina vermes generari, testimonis magnorum Virorum comprobabo. Admirationem superat Lutetiana puella, in vico Delphino annorum xii. cui curatis variolis tantus capitis dolor diuturnusque supervenit, ut tribus mensibus nec dormire, nec requiescere nullas dolore inducias concedente potuerit : tandem cum tabida obiisset, statim aperto cranio præsentes medici totam cerebelli substantiam, qua ad dextrum vergit, a reliquo corpore sejunctam nigraque tunica involutam deprehenderunt : hæc tunica rupta latentem vermem vivum et pilosum duobus punctis splendidis loco oculorum prodidit, ejusdem fere molis cum reliqua cerebelli portione, qui duarum horarum spacio pervixit : hujus anomali abscessus fuit oculatus testis Guido Patinus Medicus Parisiensis ingenio et eruditione inter primos conspicuus.

[Puisque ce ver a été expulsé avec du mucus, je n’ai en rien {a} douté qu’il était né dans le cerveau car, dans cette fabrique de pituite putréfiée, {b} s’engendrent des vers, ce que je prouverai par les témoignages d’hommes éminents. La fillette parisienne du faubourg Saint-Denis, {c} âgée de 12 ans, surpasse l’admiration : après qu’elle eut guéri d’une variole, elle fut prise d’un mal de tête opiniâtre et si intense que, pendant trois mois, elle ne put ni dormir ni se reposer, car sa douleur ne connaissait aucune rémission ; étant finalement morte tabide, {d} on lui ouvrit immédiatement le crâne, et les médecins présents trouvèrent que toute la substance de la partie droite du cerveau était séparée du reste de l’organe et enveloppée dans une membrane noire ; quand on l’ouvrit, il en sortit un ver vivant qui s’y cachait ; presque de même consistance que ce qui restait du cerveau, il était poilu avec deux points brillants à la place des yeux, et a survécu pendant l’espace de deux heures. Guy Patin, médecin de Paris, que son intelligence et sa science placent au premier rang d’entre eux, a été témoin oculaire de cet abcès extraordinaire. {e}


  1. J’ai interprété nullus comme une faute d’impression pour nullo (nulla re, « en aucune façon »).

  2. La pituite (v. note [15], lettre 260) était tenue pour l’humeur dominante du cerveau.

  3. Aucun faubourg de Paris ne portant le nom de « Dauphin », j’ai pris Delphino pour une altération de Dionysio, « Saint-Denis ».

  4. Cachectique, v. note [9], lettre 93.

  5. C’est la seule trace d’une lettre où Patin a dû raconter cette observation à Verzascha.

    Le parasite responsable était le ténia du porc (Tænia solium), dans une forme exceptionnelle de cysticercose cérébrale.


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Bernhard Verzascha, le 18 juillet 1665, note 4.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1394&cln=4

(Consulté le 25/04/2024)

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