Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : vii, note 4.
Note [4]

Pedro Teixeira (Lisbonne vers 1570-Madrid après 1610, dates incertaines en raison d’homonymies), voyageur et géographe portugais qui se mit au service des rois d’Espagne, a publié des Relaciones d’el origen, descendencia, y succession de los reyes de Persia y de Harmuz… [Relations sur l’origine, descendance et succession des rois de Perse et d’Ormuz…] (Anvers, 1610). Je n’en ai pas trouvé de traduction latine antérieure à 1648 ; une traduction française a paru en 1681, mais je n’y ai pas eu accès.

Guy Patin avait dû tirer sa référence d’un autre auteur qui citait Teixeira ; il pouvait s’agir de Jakob de Bondt, qui a parlé de Teixeira, en termes assez ressemblants, dans le premier de ses quatre livres de Medicina Indorum [sur la Médecine des Indes] (Lyon, 1644, v. note [16], lettre 153), au milieu de la page 10 ro :

Nascitur hoc porro modo labis Bezar in Persia, ut ab Armenis, ac Persis mercatoribus fide dignis certo accepi. Est locus in Persia Stabanon dictus, trium dierum itinere supra Laram civitatem celebre in Persia Emporium, in cujus campis nascitur herba quædam croco, ac hermodactylis admodum similis, in cuius campis caprorum copia pascitur, in quorum ventriculis ex esu huius herbulæ hi lapides i vetriculis caprarum concrescunt, qui apud Reges persiæ in tanto pretio sunt supra reliquos, qui in aliis locis gignuntur iu magnus Xaabas Imperatorum Persarum ultimus mortuus anno 1628, inibi vigiles locaverit, ut omnes istos lapides Bazahar qui certum pondus excederent, sibi vindicarent : Itaque quod causa materialis huius lapidis sit causa supra dicta, non solum Armeni, ac Persæ mercatores mihi retulere : sed idem ferme affirmat P. Texeira Lusitanus in tractatu suo eleganti, quem Hispanica lingua conscripsit de rebus gestis Regum Persiæ, qui, inquit, Insulam quandam esse inter Ceylon insulam, ac terram continentem Chormandel, quæ a Lusitanis Isla de vacas vocata (quod insulam vaccarum sonat) nostris naucleris etiam optime nota, in qua etiam nascitur copia prædictorum lapidum, quam ob obscuram causam etiam ibi multæ capræ pascuntur. Atque idem author ait quod anno 1585. hanc insulam maxima ac horribilis inundatio invasisset ac etiam totam continentem terram Chormandel, ita ut hæc insula tota submersa fuerit, quæque servari inde capræ poterant alio translatæ desierunt gignere istos lapides, quod prædicta herba ibi non cresceret : sed elapsis paucis annis, cum insula salsugine maris liberata rursus hanc herbam produceret, capræ ejusmodi iterum eo translatæ lapides hos ut ante produxere.

[Or la pierre bézoard naît en cette façon dans la Perse, comme j’ai appris très certainement des marchands arméniens et persans dignes de foi : il y a un lieu dans la Perse appelé Stabonon, de trois jours de chemin par-dessus la ville < de > Lara, {a} célèbre lieu de foire dans la Perse, dans les champs duquel lieu il croît une certaine herbe, très semblable au safran et < à l’>hermodactyle, {b} où paissent grande quantité de boucs et chèvres, dans les estomacs desquels, à cause qu’ils ont mangé ces herbes, ces pierres se forment, qui sont, parmi les rois de Perse en tel prix et estime sur les autres, qui sont engendrées en d’autres lieux, que le Grand Xaabas le dernier mort des Empereurs Persans, l’an 1628, {c} y logea des gardes, et voulut se rendre et s’attribuer siennes toutes les pierres de bézoard qui excéderaient une certaine grosseur. Or, que la cause matérielle de cette pierre soit la cause susdite, non seulement les marchands arméniens et persans me l’ont rapporté, mais encore Pierre Taxeira, {d} Portugais, affirme le même dans son traité éloquent, qu’il a écrit en sa langue espagnole, des actions et gestes des rois de Perse, dit qu’il y a une certaine île entre Ceylan et la terre continente Chormandel, {e} qui est appelée des Hollandais Isla de Vaccas, qui signifie Île des Vaches, très connue aussi à nos nochers, {f} dans laquelle se trouve une grande quantité des pierres susdites, qui se forment dans les chèvres que l’on y fait paître pour ce sujet. Et le même auteur raconte aussi que l’année 1585, après qu’une large et horrible inondation eut noyé cette île, et aussi toute la terre continente Chormandel, que toutes les chèvres qui purent être sauvées de ce déluge, étant conduites ailleurs, cessèrent d’engendrer ces pierres, à cause qu’aux lieux où elles furent menées l’herbe susdite n’y croissait point ; mais qu’après quelques années écoulées, et après que l’île fut purgée et exempte de la salure de la mer, elle produisit derechef cette herbe et que les chèvres, derechef, y étant remenées, produisirent ces pierres]. {g}


  1. Probablement Lar, dans la province de Fars, dont la capitale est Chiraz.

  2. V. notes [52], lettre latine 351, pour le safran, et [10] de l’observation i, pour l’hermodactyle (ou hermodacte).

  3. Abbas ier le Grand a régné sur la Perse de 1588 au début de 1629.

  4. Sic ; dans ma transcription de la consultation, j’ai corrigé Texeira (orthographe identique à celle employée par Bondt dans son texte latin) en Teixeira.

  5. Côte (terre continentale) de Coromandel qui forme la côte sud-est de la péninsule indienne.

  6. Pilotes de navire.

  7. Cette traduction est une simple modernisation orthographique de celle qu’a publiée André Toll aux pages 465‑466 de son édition française du Parfait joaillier d’Anselme de Boodt (Lyon, 1644, v. note [4], lettre 104).

    Bondt n’ayant pas mentionné « la Mexique » (le Mexique) dans son chapitre sur le bézoard, j’ignore d’où Patin a tiré ce qu’il en a dit (à moins d’une confusion possible avec la suite de son observation, v. infra note [5]).


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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : vii, note 4.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8160&cln=4

(Consulté le 29/03/2024)

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