Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 4.
Note [4]

« Il n’y a pas de lieu sur Terre où tu puisses échapper à ton destin ; quand la mort vient, la Sardaigne se trouve au beau milieu de Tibur » (Martial, v. note [17], lettre 75).

Dans ses Notes et documents pour servir à l’histoire de Lyon, sous le règne de Charles ix (1560-1574) (Lyon, Mougin-Rusand, 1842, in‑4o) Antoine Péricaud, bibliothécaire de la ville de Lyon, a fourni (volume 1 de la collection, pages 2‑3) des informations détaillées sur Francesco Giuntini (Franciscus Iunctinus, Florence 1523-Lyon 1590), dont le nom est ici francisé en François Junctin :

« 1561. – Avril 18, à 2 h. et demie après midi, François Giuntini, astrologue, né à Florence le 7 mars 1522, arrive à Lyon. – Voici en quels termes le P. Ménestrier parle de ce personnage dans ses Notes chronologiques : {a}

“ Giuntini, qui prenait la qualité de docteur théologien, était un carme apostat. S’étant retiré à Venise, comme en un lieu de liberté, il y exerça, pour subsister, l’office de correcteur de livres, avec celui d’astrologue judiciaire, dont il faisait profession. […] Il y fit connaissance avec Jacques Nardi, citoyen de Florence, {b} qui avait composé l’histoire de son pays depuis l’an 1444 jusqu’à 1551, et qui la lui donna à transcrire. Giuntini en fit deux copies et en retint une pour lui. Un libraire de Venise, Louis Delli Avanzini, qui voulait réimprimer la description de toute l’Italie, de Frère Alberti de Bologne, chargea Giuntini, en 1559, du soin de revoir cette nouvelle édition et d’y faire quelques nouvelles additions ; {c} mais des affaires fâcheuses obligèrent le moine apostat de quitter Venise et de venir chercher en France un asile plus sûr que celui d’une ville où il commençait à être trop connu. Arrivé à Lyon, il eut recours à son exercice ordinaire de correcteur de livres […]. Et comme il y avait plusieurs marchands florentins riches et puissants, il trouva accès auprès d’eux et, tant par ses corrections de livres que par sa profession d’astrologue judiciaire, il amassa des sommes d’argent assez considérables. Il fit imprimer par Thibaud Ancelin, en 1582, l’Histoire de Nardi et la dédia al molto magnifico M. Nicolo Arrighi, gentilhuomo Fiorentino. Il ajouta à cette Histoire un Discorso suopra lo stato della magnifica citta di Lione et le dédia à un autre Florentin, M. Zenobe Giovanini, nobil Fiorentino. Giuntini prend, dans cette dernière dédicace, le titre de dottore theologico. {d} C’est au commencement de ce discours que, pour faire le philosophe et l’esprit fort, {e} il dit qu’il a fait le changement de la demeure de Florence à celle de Lyon d’autant plus volontiers qu’il sait que les anciens philosophes ont dit que tout le monde, à quiconque y naît, n’est qu’une ville, parce que le sage se fait son pays, en quelque endroit qu’il se trouve ; que partout l’année est divisée en quatre saisons ; que le soleil s’y lève le matin et s’y couche le soir ; que les étoiles se découvrent de tous les endroits où l’on est ; que l’homme naît et meurt partout, et qu’ainsi, il ne voit pas quelle différence, en cela, il peut y avoir entre Florence et Lyon […]. ”

Ménestrier aurait pu ajouter que Giuntini fit l’horoscope des principaux personnages de Lyon, […] tous assez bons ou assez simples pour croire à l’astrologie judiciaire, science à laquelle Giuntini, bien certainement, ne croyait pas, et qu’il n’exerçait que pour s’enrichir à leurs dépens. »


  1. Recueil manuscrit (jamais imprimé à ma connaissance) du P. Claude-François Ménestrier (v. note [2], lettre 748).

  2. L’écrivain Jacopo Nardi (Florence 1476-Venise 1563), banni de sa patrie en 1530 pour des raisons politiques, n’avait pas de lien familial direct avec Giovanni Nardi (v. note [9], lettre 283).

  3. Descrittione di tutta l’Italia et Isole pertinenti ad essa. Di F. Leandro Alberti Bolognese… [Description de toute l’Italie et des îles qui s’y rattachent, par le F. Leandro Alberti de Bologne (1479-1552)…] (Venise, Gio. Maria Leni, 1577, in‑4o ; réédition ibid. Gio. Battista Porta, 1581, in‑4o).

  4. Le Historie della Citta di Fiorenza di M. Iacopo Nardi Cittadino Fiorentino. Le quali con tutta quella particolarita che bisogna, contengono quanto dal’ anno 1494 fino al tempo dell’anno 1531 e successo. Con un catalogo de Gonfalonieri di Giustitia, che hanno seduto nel supremo magistrato della Citta di Fiorenza. Et Nella fine un discorso sopra lo stato della magnifica Citta di Lione. Nuovamente poste in luce.

    [L’Histoire de la cité de Florence de M. Jiacopo Nardi, citoyen florentin. Dans laquelle, avec tout le soin nécessaire, est contenu ce qui est arrivé de 1494 à 1531. Avec un catalogue des gonfaloniers de justice qui ont siégé dans la magistrature suprême de la cité de Florence. {i} Avec, à la fin, un discours sur l’état de la magnifique cité de Lyon. {ii} Nouvellement publié]. {iii}

    1. Qui portaient ce titre de gonfalonier ou gonfanonier : qui porte l’étendard de l’Église […]. Chez les Florentins il y a eu un magistrat qu’on appelait le gonfalonier de la justice » (Furetière).

    2. Le Discorso sur Lyon (23 pages non numérotées) de Francesco Giuntini Dottore Theologo est adressé al molto magnifico M. Zanobi Giovannini, nobili Fiorentino [très magnifique M. Zanobi Giovannini, noble florentin] et daté du 15 septembre 1582.

    3. Lyon, Theobaldo Ancelin, 1582, in‑4o de 464 pages ; avec épître de Francesco Giuntini, datée de Lyon, le 6 septembre 1582, adressée al molto magnifico M. Niccolo Arrighi gentilhuomo Fiorentino [au très magnifique M. Niccolo Arrighi, gentilhomme florentin].
  5. V. seconde notule {a}, note [1] du Faux Patiniana II‑4.

Le plus fameux ouvrage de Junctin est le :

Speculum Astrologiæ, universam mathematicam scientiam, in certas classes digestam, complectens. Autore Francisco Iunctino Florentino S.T.D. ac Eleemosynario Serenissimi Principis Francisci Valesii, Christianiss. Francorum, ac Poloniæ Regis fratris unici, Andegavensis Ducis, etc. Accesserunt etiam Commentaria absolutissima in duos posteriores Quadripartiti Ptolemæi libros, innumeris observationibus referta, et certissimis aphorismis (quatenus ex siderum positione liceat Christiano more aliquid coniicere) ex probatissimorum Astrologorum scriptis depromptis insignita. Quid in priori et posteriori Tomo contineatur, Elenchus post epistolam ad Lectorem subiunctus, indicabit. Omnia sub censura sanctæ Ecclsiæ Catholicæ Romanæ.

[Miroir de l’astrologie, contenant toute la science mathématique, répartie en classes bien définies. Par Franciscus Iunctinus, natif de Florence, docteur en théologie sacrée et aumônier du sérénissime prince François de Valois, duc d’Anjou, {a} etc., frère unique du roi très-chrétien de France et de Pologne. {b} On y a aussi ajouté des commentaires très complets sur deux livres du Quadripartitum de Ptolémée, {c} remplis d’innombrables observations, et remarquables pour les très sûrs aphorismes (dans la mesure où la coutume chrétienne autorise à conjecturer sur la position des astres) tirés des écrits des astrologues les mieux établis. Le sommaire qui suit l’’épître au lecteur, procure le contenu du premier et du second tome. {d} Le tout a été soumis à la censure de la sainte Église catholique romaine]


  1. v. note [13] du Borboniana 3.

  2. Henri iii.

  3. Ou Astrologie de Ptolémée (v. note [4], lettre 584).

  4. Elenchus Tractatuum… [Sommaire des traités…] (2 pages).

  5. Lyon, Q. Phil. Tinghus, natif de Florence, et Simphorianus Beraud, 1581, 2 tomes in‑fo illustré (avec portrait de l’auteur en couverture) : tome premier (1 313 pages) ; tome second (1 170 pages) ; première édition en 1573.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 5 manuscrit, note 4.

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(Consulté le 26/04/2024)

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