Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 4.
Note [4]

« “ Pour retarder le trépas de son père mourant, il préféra connaître les vertus des herbes et la manière de remédier, et exercer sans gloire un art silencieux. ” {a}

Voyez le Thesaurus rerum absconditarum de Jo. Talentonius, page 250. {b} Voyez l’Apologie de M. Naudé, pages 631, 624, 608. » {c}


  1. Énéide, chant xii, vers 395‑397 : Apollon (v. note [8], lettre 997), pris d’une vive affection pour Iapyx (ou Iapis), fils d’Iasus, s’était plu à lui offrir « ses arts et offices, l’art augural, la cithare, les flèches rapides » ; mais Iapyx (que les critiques ont identifié à Antonius Musa, médecin de l’empereur Auguste, v. note [8] des pièces liminaires du Traité de la Conservation de santé), préféra l’art de remédier, en vue de soigner son père en sa dernière maladie.

    V. note [2], lettre 100, pour une référence de Nicolas Bourbon à ce vers dans l’épigramme qu’il composa à la gloire de Guy Patin à la suite de son procès gagné contre Théophraste Renaudot en 1642 (v. note [3], lettre 90).

  2. Ioannis Talentonii, Philosophi et Medici clarissimi, Philosophiamque, et Medicinam tum Practicam, tum Theoricam in Parmensi Gymnasio, et alibi, summa cum laude professi, et prositentis, Variarum et reconditarum rerum Thesaurus in quatuor libros divisus. In quibus difficiliores in omni fere disciplinarum genere loci explicantur ; Quæsitis aliquot gravissimorum virorum obscurissimis respondetur ; Diversarum rerum nomina, naturæ, et munera declarantur ; Varii ritus occultæque aperiuntur Historiæ ; aliaque demum, tum rara, tum obscura traduntur, enodantur, extricantur, illustrantur.

    [Trésor des choses diverses et secrètes de Johannes Talentonius, {i} très brillant philosophe et médecin, qui a professé, au premier rang et avec grand honneur, la philosophie et la médecine, tant pratique que théorique, à la Faculté de Parme, et ailleurs. Divisé en quatre livres où : sont expliqués les passages très ardus en presque tous les genres de savoirs ; est répondu aux interrogations les plus obscures des auteurs les plus sérieux ; sont exposés les noms, natures et fonctions de diverses choses ; sont mis au jour divers rites et histoires occultes ; et sont enfin relatés, dénoués, démêlés et illuminés quantité de faits, tant rares que de mystérieux]. {ii}

    Le chapitre v du livre ii (pages 250‑259) porte sur les vers de Virgile cités par le Borboniana, avec cet argument, résumé dans le sommaire de l’ouvrage :

    Ut Vergilium defendamus, ne de Medicinæ gloria quibusdam in versibus detraxisse dicatur, eam apellando artem mutam, reiecta prius illorum opinione, qui eam sic ab eo vocatam esse, dicunt, quod ad summos honores homines non efferat, et illorum sententia, qui sic fuisse appellatam voluerunt, quod tota illius vis in operationibus, et remediis potius, quam in sermonibus, et eloquentia consistat, quasi ab omni ipsa abhorreat ornata dicendi ratione (cuius opinionis auctorem ostendimus fuisse Tiraquellum) non solum veram loci illius Virgiliani expositionem, et nominis huiusmodi, quod medicinæ attribuit, veram afferimus rationem, sed monstramus etiam, cur inglorium illum, qui artem huiusmodi exerceat, appellarit Virgilius, quod maiorem ignominiam secum ferre videtur, quam si ars dicatur muta, quod ab aliis non fuerat animadversum, et tantum abesse, ut Poeta de huiusmodi arte, acerbe sit locutus, ut de ea honorificentissime senserit, præstantemque descripserit Medicum.

    [Notre but est de défendre l’idée que Virgile, en certains de ses vers, n’a pas dénigré la gloire de la médecine en la qualifiant d’« art silencieux ». Nous rejetons d’abord l’opinion de ceux qui disent qu’il l’a ainsi appelée car elle n’élève pas les hommes aux plus hauts honneurs ; puis l’idée d’autres, dont Tiraqueau {iii} a été le promoteur, voulant qu’il l’ait ainsi dénommée car elle tire sa force d’opérations et de remèdes plutôt que des discours et de l’éloquence, comme si elle avait en horreur le talent de bien parler. Enfin, nous présentons non seulement la véritable explication de ce passage virgilien et le véritable sens du mot qu’il applique à la médecine, mais nous montrons aussi pourquoi Virgile a dit être « sans gloire » celui qui exerce ce métier, expression qui paraît lui conférer grande ignominie, comme s’il s’agissait d’un « art muet » : ces gens n’ont pas remarqué que le poète a employé des mots rudes, mais était fort loin de croire que ce métier n’est pas parfaitement honorable, car c’est un remarquable médecin qu’il a dépeint].

    1. Johannes Talentonius (Giovanni Talentoni, 1542-1620).

    2. Francfort, Collegium Musarum Palthenianum [Collège des Muses de Zacharias Palthen], 1605, in‑8o de 778 pages.

    3. Andreæ Tiraquelli Regii in Curia Parisiensi Senatoris, Commentarii de Nobilitate et Iure primigeniorum. Quarta hæc eademque postrema editione, ab auctore ipso diligentissime regogniti, et tertia amplius parte locupletati. Cum indice copiosissimo,

      [Commentaires d’André Tiraqueau (v. note [2], lettre 597), conseiller du roi au Parlement de Paris, sur la Noblesse et le Droit d’aînesse. Revus par l’auteur lui-même et augmentés d’une troisième partie, en cette quatrième et dernière édition (Lyon, héritiers de Gulielmus Rovillius, 1602, in‑fo de 690 pages). Avec un index très fourni] ;

      avec renvoi de Talentoni à son chapitre xxxi (pages 168‑354), An ars medicinæ nobilitate deroget [Si le métier de médecin déroge à la noblesse], § 415, pages 310‑311, Medici parabolani dicti , et quare. Medicos minime loquaces esse decet [Les médecins sont dits parabolains (soignants) et pou quelle raison. Il sied aux médecins d’être fort peu bavards].

  3. Renvoi à trois passages de l’Apologie pour tous les grands personnages qui ont été faussement soupçonnés de magie de Gabriel Naudé (Paris, 1625, v. note [5], lettre 608), chapitre xxi, Du Poète Virgile.

    1. Pages 631‑632, sur l’accusation de magie portée contre Virgile :

      « De sorte que tout le nœud de l’affaire ne consiste plus maintenant qu’à savoir quelle a été la première cause et origine de ce soupçon, qui ne peut venir assurément que de la connaissance des mathématiques, en laquelle Virgile avait tellement pénétré, suivant le rapport de Macrobe, Donatus, la Cerda, {i} et le commun consentement de tous les auteurs, que nonobstant qu’il fût excellent philosophe et très expérimenté médecin, l’on peut toutefois dire que la première de ses perfections, après la poésie, était ce qu’il savait en l’astronomie et autres parties des mathématiques, {ii} lesquelles ayant toujours été plus sujettes à être soupçonnées de magie que toutes les autres sciences, c’est ce qui a mû tous ces faibles esprits à se confirmer en cette sinistre opinion qu’ils avaient déjà conçue de lui à cause de sa pharmaceutrie, et huitième églogue, où il si doctement représenté, comme dit Apulée, vittas molles et verbenas pingues, et thura mascula, et licia discolora, {iii} et tout ce qui appartient à la magie, qu’il ne pouvait manquer d’être soupçonné de l’avoir pratiquée, par ceux à qui l’ignorance et la barbarie de leurs siècles ne permettai<en>t pas de savoir qu’il l’avait traduite mot pour mot de Théocrite […]. »

      1. V. notes [2], lettre 52, pour Macrobe, et [12], lettre 224, pour Juan Luis de la Cerda. Ælius Donatus est un grammairien latin du ive s.

      2. Convaincante démonstration des liens très étroits qui existaient alors (mais surprennent aujourd’hui) entre les mathématiques, l’astrologie et l’astronomie.

      3. Pharmaceutrie est l’adaptation française de Φαρμακευτριαι, Pharmaceutriaï [Les Magiciennes], titre de la iie Idylle de Théocrite (v. note [6], lettre 606), qui a directement inspiré à Virgile la 8e églogue de ses Bucoliques, en lui donnant ce même sous-titre. C’est une longue suite de recettes magiques et thérapeutiques échangées par deux bergers, nommés Damon et Alphésibée.

        Apulée (v. note [33], lettre 99) en a parlé dans son Apologie (chapitre 30, § 6‑7), à propos de la magie :

        At si Virgilium legisses, profecto scisses alia quæri ad hanc rem solere. Ille enim, quantum scio, enumerat vittas molles et verbenas pingues et thura mascula et licia discolora.

        [Si tu avais lu Virgile, tu aurais sûrement su qu’on se procure à cet effet d’autres matières. Autant qu’il me souvienne, il énumère les molles bandelettes, et les grasses verveines, et l’encens mâle, et les bandeaux de diverses couleurs].

        Cela correspond aux vers 65‑66 et 73‑75 de Virgile :

        Effer aquam, et molli cinge hæc altaria vitta
        verbenasque adole pinguis et mascula thura […].
        Terna tibi hæc primum triplici diversa colore
        licia circumdo, terque hæc altaria circum
        effigiem duco ; numero deus impare gaudet.

        [Apporte de l’eau et enveloppe ces autels de molles bandelettes ; brûle la grasse verveine et l’encens mâle (…) D’abord, j’entoure ton image de trois bandeaux de diverses couleurs, et je la promène trois fois autour de cet autel ; le nombre impair plaît au dieu].

    2. Pages 624‑625, sur les fables invraisemblables que certains auteurs ont brodées sur la vie de Virgile, dont celle disant (pages 611‑612) que « le sage Virgile fit une mouche d’airain sur l’une des portes de la ville de Naples, laquelle, durant l’espace de huit ans qu’elle demeura au lieu où il l’avait mise, empêcha qu’aucune mouche ne pût entrer dans ladite ville ; qu’en icelle il fit faire une boucherie dans laquelle la chair ne sentait ni ne se corrompait » :

      « Et pour moi, je trouve que Scaliger {i} avait raison de se moquer de l’un de ces chasse-mouche, lequel ayant fait une petite platine gravée de diverses figures et caractères, sous une certaine constellation, pour l’employer à cet effet, il ne l’eut pas sitôt placée sur ses fenêtres qu’il y eut une grosse mouche, plus hardie que les autres, qui la vint étrenner de son ordure. Le troisième qui nous pourrait ébranler par son autorité est Tostat, évêque d’Avila, {ii} qui met Virgile au rang de ceux qui ont pratiqué la nécromancie ; et ce à cause de ce qu’il avait lu, comme il dit lui-même dans le seizième livre de la Chronique du moine Helinand, de la mouche et de la boucherie qu’il avait fait<es> à Naples. »

      1. Jules-César Scaliger (v. note [5], lettre 9), le père de Joseph.

      2. V. note [53], lettre 183.

    3. V. note [22] du Naudæana 3, citation 1, pour la référence aux pages 608‑609.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 4.

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(Consulté le 25/04/2024)

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