À Charles Spon, le 2 août 1652, note 41.
Note [41]

Cette mazarinade (Paris, sans nom, 1652, 26 pages in‑4o) est attribuée au P. François Faure, confesseur de la reine, évêque de Glandèves et futur évêque d’Amiens, ou à Robert Arnauld d’Andilly (v. note [4], lettre 845).

Sous forme d’un prêche respectueux adressé au roi et à la reine, c’est une analyse politique très détaillée de la situation du royaume depuis les barricades d’août 1648 jusqu’à la fin de juin 1652, principalement en faveur de la légitimité royale et contre Mazarin, les financiers, le prince de Condé (mais mollement) et surtout les horreurs de la guerre civile.

Trois extraits en donnent la substance et le ton (pages 17‑23).

  • « C’est ici où j’avoue que les paroles me manquent, et Dieu me garde de les égaler à mon sujet. Il faudrait être un démon pour pouvoir avec un charbon tiré de l’enfer faire un crayon qui fût capable de représenter toutes les horreurs, toutes les inhumanités, tous les meurtres, tous les violements, toutes les impiétés et tous les sacrilèges que commettent toutes ces armées qui ne sont plus composées d’hommes, mais de démons. Et quand je ne serais pas chrétien, et par conséquent très persuadé des châtiments épouvantables de l’autre vie, il me suffirait de croire un Dieu pour ne pouvoir douter que rien ne l’empêche d’exterminer tous ces tigres impitoyables et ces scélérats, d’une manière terrible, que parce que des crimes si monstrueux ne sauraient être punis que par des supplices éternels. Que tous ceux qui ont contribué à cette guerre, qui la fomentent, qui la soutiennent et qui, pouvant empêcher les désordres abominables qu’elle cause, ne le font pas, jugent donc, s’ils croient un Dieu, quels châtiments ils doivent attendre de sa justice. »

  • « Le remède à un mal si redoutable et dont la seule pensée donne de l’horreur à ceux qui n’ont pas perdu, avec le jugement, l’amour de leur propre salut et de leur patrie, étant d’éloigner de bonne foi et pour jamais le cardinal, puisque, cela étant, M. le Prince ne saurait prétendre que l’abolition du crime qu’il a commis par sa révolte, et que Leurs Majestés seront reçues dans Paris et dans toutes les autres villes du royaume, non seulement avec les respects qui leur sont dus, mais avec des larmes de joie et tous les applaudissements imaginables. Serait-il bien possible que la reine, par un aveuglement prodigieux et en se laissant flatter à ces personnes qui ne se soucient pas que tout se perde, pourvu qu’ils trouvent dans la ruine publique l’établissement de leur fortune particulière, voulût, pour retenir le cardinal, abandonner les intérêts du roi son fils, abandonner les intérêts de la France et abandonner les siens propres ? Serait-il bien possible qu’elle voulût que le roi lui reprochât à l’avenir, que toute la France lui reprochât à jamais et qu’elle se reprochât un jour devant Dieu, elle-même à elle-même, d’avoir par une fausse générosité fait une telle brèche à la couronne de son fils par le conseil qu’elle lui aurait donné de se rendre inflexible à l’éloignement de ce ministre, si ardemment souhaité de tous ses peuples ? Au nom de Dieu, Madame, laissez-vous toucher à nos vœux comme il s’est laissé toucher aux vôtres en nous donnant ce grand prince, par un < sic > espèce de miracle, lorsque nous n’osions plus nous le promettre. »

  • « Il n’y a, Madame, que l’un de ces deux avis à prendre : ou de conserver le cardinal, soit en ne permettant pas qu’il s’en aille, soit, s’il se retire, en le rappelant dans le temps dont on conviendrait avec les princes, auquel cas on tombera inévitablement dans les inconvénients que j’ai remarqués ; ou de l’éloigner pour toujours et de bonne foi, auquel cas le roi fera tomber les armes des mains des princes, conservera son État en son entier, rétablira glorieusement son autorité, gagnera le cœur de tous ses sujets, redonnera le calme à son royaume et contraindra l’Espagne de consentir à une paix qui, étant juste, ne saurait pas n’être point avantageuse à la France. »

À peine imprimée, la Vérité toute nue… fut interdite par arrêt du 18 juillet.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 2 août 1652, note 41.

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(Consulté le 12/12/2024)

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