Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 42.
Note [42]

« Ô roi Philippe, tu ne me surpasses que parce que je meurs le premier ! »

Jacques-Auguste i de Thou a terminé sa longue biographie critique de Sixte Quint (Histoire universelle, livre c, règne de Henri iv, année 1590, Thou fr, volume 11 pages 263‑274) par ce paragraphe (pages 273‑274) :

« Les Espagnols animèrent contre lui quelques prédicateurs {a} qui, oubliant leur devoir et le respect dû à l’autorité suprême du souverain pontife, négligèrent d’annoncer la parole de Dieu pour parler de l’état où se trouvait la France {b} et répandre de faux bruits. Leur séditieuse éloquence n’avait que cet objet, et ils osaient taxer indistinctement le pape de nonchalance et d’avarice, pour exciter peu à peu la haine du peuple contre lui. Le feu commençait à s’étendre, et cette cabale allait devenir plus puissante lorsque Sixte crut devoir s’opposer à ce funeste progrès. Ainsi, par les ordres du pape, le cardinal Jérôme Rustocucci, vicaire général et juge ordinaire de la Cour de Rome, fit un décret, le 17e de juin, {c} portant défenses aux prédicateurs, sous peine d’interdiction, de traiter dans leurs sermons d’autres sujets que ceux qui regardaient l’instruction des fidèles et de religion. Cette nouvelle loi décernait encore des peines afflictives {d} contre ceux qui, comme il arrivait fort souvent, disputaient dans des assemblées particulières sur les fausses nouvelles qu’on répandait dans Rome, et y excitaient de vives querelles. » {e}


  1. Sans doute surtout jésuites.

  2. Les péripéties de la Ligue catholique soutenue par les Espagnols et par Rome.

  3. Sixte Quint mourut le 27 août 1590.

  4. Des châtiments corporels.

  5. Addition (pages 794‑795 du même volume) :

    « Les Espagnols ne se contentèrent pas de décrier la conduite de ce pape tandis qu’il vivait, et d’avoir mis en œuvre les protestations les plus injurieuses de son autorité, pour l’engager à envoyer des secours aux ligueurs de France, dans la vue d’épuiser ces trésors qu’ils appréhendaient que Sixte n’employât à leur faire la guerre. Ils portèrent contre lui leur vengeance jusque même après sa mort, et ils n’oublièrent rien pour rendre sa mémoire abominable par les libelles diffamatoires qu’ils répandirent contre lui de toutes parts. J’en ai vu moi-même quelques exemplaires. Sixte, disent-ils, qui par le moyen de la magie était depuis longtemps en commerce avec le démon, avait fait pacte avec cet ennemi du genre humain de se donner à lui à condition qu’il le ferait pape, et qu’il lui donnerait six ans de règne. En effet, Sixte fut élevé sur la chaire de saint Pierre et, pendant cinq années qu’il gouverna dans Rome, il signala son pontificat par des actions qui surpassent la faible portée de l’esprit humain. Enfin, au bout de ce terme, ce pape tomba malade ; et dans cet état, le démon s’étant apparu à lui pour le sommer de sa parole, Sixte s’emporta fort contre la mauvaise foi de l’ambassadeur d’enfer, lui reprochant que le terme dont ils étaient convenus n’était pas échu, et qu’il s’en manquait encore un an. Mais le démon le fit souvenir qu’au commencement de son pontificat, ayant condamné un jeune homme contre les lois, parce qu’il avait un an de moins qu’il ne fallait pour pouvoir être fait mourir, {i} il l’avait cependant fait exécuter, en disant qu’il lui donnait un des siens ; que cette année jointe aux cinq autres qu’il avait régné faisaient les six ans complets qu’il lui avait promis ; et que, par conséquent, il avait tort de se plaindre qu’il vînt le sommer de sa parole avant le terme. Sur quoi, Sixte confus, et qui n’avait rien à répondre, demeura muet ; et s’étant tourné vers la ruelle de son lit, {ii} se prépara à la mort au milieu des agitations terribles que lui causaient les remords de sa conscience. Au reste, je ne donne ce trait que comme un bruit répandu par les Espagnols, et je serais très fâché d’en garantir l’authenticité. »

    1. Troile Savelli, v. note [14] du Naudæana 2.

    2. V. note [4] du Faux Patiniana II‑4.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 9 manuscrit, note 42.

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(Consulté le 03/12/2024)

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