Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 42.
Note [42]

Le « divin » empereur Caracalla (mort en 217) avait succédé en l’an 211 à son père, Septime Sévère, après avoir régné à ses côtés avec son frère Geta. {a} La relation du Moréri est plus claire et détaillée :

« À son retour à Rome, il fit mourir les médecins parce qu’ils n’avaient pas abrégé la vie de son père qu’il avait voulu faire mourir. {b} Il tua son frère Geta entre les bras de sa mère, fit mourir le grand jurisconsulte Papinien, {c} qui n’avait voulu ni approuver ni défendre son parricide, {d} et même périr tous les serviteurs de son père et de son frère ; de sorte que les historiens de ce temps-là comptent jusqu’à vingt mille personnes massacrées. Quelques historiens ont dit qu’il osa même épouser Julie, {e} veuve de son père ; mais le silence de Dion Cassius, qui vivait en ce temps-là et qui n’en dit rien, non plus qu’Hérodien, doit faire croire que ce n’est qu’une fable. Caracalla étant passé en Orient, remplit la ville d’Alexandrie du sang de ses habitants, et ne consulta plus que les magiciens et les astrologues, bien qu’il se piquât d’imiter Alexandre le Grand. Tant de cruautés avancèrent sa mort. Quelques officiers conspirèrent contre lui ; et comme il allait d’Édesse {f} à Carres de Mésopotamie, un de ses centurions, {g} nommé Martial, l’assassina par ordre de Macrin, qui lui succéda. Il fit le coup dans le temps que Caracalla était descendu de cheval pour aller à quelque nécessité naturelle, et qu’il s’était éloigné de ses gardes. »


  1. V. note [11], lettre 697.

  2. L’édition suivante du Moréri (Paris, 1718, tome 2, page 87) met l’accent sur les heureuses dispositions initiales de Caracalla :

    « Il avait sucé en sa jeunesse le lait du christianisme, ayant eu pour un de ses gouverneurs Evodus, de qui la femme et le fils étaient imbus de la religion chrétienne, en sorte qu’il donnait des signes d’un naturel extrêmement doux, ce qui le rendait aimable à tout le monde ; mais son père ayant ôté d’auprès de sa personne ceux qui lui inspiraient le goût de la véritable piété, il étouffa les bonnes semences qu’il avait reçues, et en fit un monstre, pensant en faire un grand prince ; car il voulut usurper la souveraine puissance par un parricide, ayant mis la main à l’épée pour tuer son père lorsqu’il marcha un jour derrière lui pour monter à cheval ; et il l’eût fait si ceux qui étaient à l’entour, faisant un grand cri, ne l’en eussent empêché. L’horreur d’une action si noire causa à Sévère une si profonde tristesse qu’il en mourut environ un an après. »

  3. Papinien est le nom français de l’éminent jurisconsulte romain Æmilius Papinianus (mort en 212).

  4. Sic pour fratricide.

  5. Julia Domna, épouse de Septime Sévère en 193, lui donna ses deux fils rivaux, Caracalla et Geta. Après avoir dirigé l’Empire à leurs côtés jusqu’en 211, elle se laissa mourir de faim en 217, peu après l’assassinat de Caracalla.

  6. Édesse (aujourd’hui Sanliurfa en Turquie asiatique) était la capitale de la province romaine d’Orsoène (établie en 216).

  7. Centenier, mot employé dans L’Esprit de Guy Patin, est synonyme de centurion.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 42.

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(Consulté le 28/03/2024)

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