Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 43.
Note [43]

Les parties irrévérencieuses de cet article ont été supprimées dans le Borboniana imprimé de 1751 (art. xii, pages 256‑257).

  • Au xviie s., l’adjectif mystique, dont le sens premier était « mystérieux » (venu du grec mustês, « initié »), a acquis son acception théologique (Trévoux) :

    « Les commentateurs de l’Écriture, outre le sens littéral, y trouvent un sens mystique, allégorique, et un sens moral. Il n’appartient pas à tout le monde d’établir le sens mystique, surtout lorsqu’il s’agit d’en tirer des preuves sur un dogme contesté ; mais il ne faut pas rejeter les sens mystiques approuvés de l’Église, et fondés sur la pratique des apôtres et même de Notre Seigneur, qui a souvent expliqué les passages de l’Ancien Testament dans un sens qu’on ne peut regarder que comme allégorique et mystique, mais qui n’en est pas pour cela moins vrai, ni moins respectable.

    La Sainte Écriture, outre le sens littéral, a aussi souvent un sens sublime, relevé et mystique, elle est un livre écrit au-dedans et au-dehors : au-dedans, par rapport au sens mystique, intérieur, sublime et caché ; et au-dehors par rapport au sens littéral immédiat, exposé et exprimé immédiatement par les paroles. […]

    Il y a une théologie mystique, qui est une connaissance infuse de Dieu et des choses divines, qui émeut l’âme d’une manière douce, dévote et affective, et l’unit à Dieu intimement, éclairant son esprit et échauffant sa volonté d’une manière affective et extraordinaire. On trouve dans les œuvres attribuées à saint Denis Aréopagite {a} un discours de la Théologie mystique. Plusieurs auteurs en ont aussi écrit. »


    1. V. note [20], lettre 207.

  • Les Œuvres de l’éminentissime et révérendissime Pierre de Bérulle, instituteur et premier supérieur général de la Congrégation de l’Oratoire de Jésus-Christ Notre Seigneur. Augmentées de divers opuscules de Controverse et de Piété, avec plusieurs Lettres, et enrichies de Sommaires et de Tables. Par les soins du R.P. François Bourgoing, {a} Supérieur Général de la même Congrégation {b} ne contiennent aucun traité dont le titre se réfère explicitement à la théologie mystique, mais cette notion est définie dans la Préface aux prêtres de la Congrégation de l’Oratoire de Jésus-Christ, notre Seigneur écrite par Bourgoing (pages vi‑vii) :

    « Or, afin de servir d’introduction à ce grand œuvre – grand, non pas en la multitude des cahiers, {c} mais en l’abondance des lumières et des vérités – nous devons remarquer qu’il y a trois sortes de théologie : la positive, la scolastique et la mystique.

    La positive a pour objet l’interprétation des Saintes Écritures, qui se doit faire par le même Esprit qui les a dictées, comme l’enseigne le prince des apôtres : Omnis prophetia Scripturæ propria interpretatione non sit, sed Spiritu sancto inspiratis locuti sunt sancti Dei homines. {d} La scolastique éclaircit les vérités de la foi par méthode, y mêlant quelque raisonnement humain. Et la mystique applique ces vérités et s’en sert pour élever l’âme à Dieu. L’auteur a été éminent en ces trois théologies, et il les a élevées à un degré de perfection rare et singulier.

    Pour la première, il a pénétré dans le Conseil de Dieu en l’exposition des Écritures Saintes, ayant été rempli d’une lumière de grâce et d’une onction spéciale du Saint-Esprit ; et on ne peut lire en ses œuvres l’explication de quelque passage sans être convaincu de la vérité du sens qu’il lui donne.

    Quant à la doctrine des scolastiques, il l’anoblit et la dégage des épines de l’École, {e} pour la relever à une plus pure théologie, et la montre clairement en la parole de Dieu. Il s’en sert avec un pouvoir et une industrie, que les plus clairvoyants admirent, pour porter les cœurs à Dieu et à Jésus-Christ Notre Seigneur.

    Enfin, il réduit tout à la théologie mystique, manifestant la variété infinie des voies de Dieu sur les âmes, la correspondance qu’il faut qu’elles y apportent, les empêchements qu’elles y peuvent rencontrer, les motifs qui les y doivent porter, les moyens et les degrés par lesquels elles s’y élèvent ; et il fait cela avec tant de clarté qu’on peut dire à bon droit de lui ce que saint Paul a dit de l’homme spirituel, Iudicat omnia, {f} tant son discernement, soit général, soit particulier, a toujours été assuré. Ce qui fait bien voir que Dieu l’éclairait et l’avait rendu tel, comme l’ayant choisi pour être en son temps un des plus grands directeurs des âmes. Nous devons tenir à grande bénédiction qu’ayant été le nôtre en nos commencements, il doive l’être toujours à l’avenir, par les saints enseignements qu’il nous a laissés. »


    1. François Bourgoing (Paris 1585-ibid. 1662), troisième supérieur de l’Oratoire.

    2. Paris, Antoine Estienne et Sébastien Huré, 1644.

    3. Les Œuvres de Bérulle comptent tout de même une soixantaine de cahiers in‑6o (dits in‑fo) comptant 12 pages chacun, pour un total de 677.

    4. « Ce n’est pas d’une volonté humaine qu’est jamais venue une prophétie, c’est poussés par l’Esprit Saint que les hommes ont parlé de la part de Dieu » (Seconde Épître de saint Pierre, 1:21).

    5. L’aristotélisme ou scolastique (v. note [3], lettre 433).

    6. « Il juge de tout » (Première Épître de saint Paul aux Corinthiens, 2:15).

  • Le « gentilhomme qui faisait des verres » semble une médisante invention, dont le sens n’est pas tout à fait limpide (car on ne sait au juste s’il s’agissait de fabriquer ou de vider des verres) : le pieux cardinal était le fils aîné de « Claude Bérulle, seigneur de Serilly, Vieilverger, Turgny et Rugny, baron de Céant en Othe, fils de Galas de Bérulle, écuyer, seigneur des mêmes lieux […]. Il fut reçu conseiller au Parlement de Paris le 30 janvier 1567. […] Il avait épousé Louise Séguier, qui se fit carmélite après la mort de son mari, fille de Pierre iv Séguier, seigneur de Sorel, etc., président à mortier au Parlement de Paris » (Popoff, no 601 et note [13], § 7, du Borboniana 8 manuscrit).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 6 manuscrit, note 43.

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(Consulté le 19/04/2024)

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