Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Triades du Borboniana manuscrit, note 43.
Note [43]

Triades 83‑84.

  1. J’ai trouvé comme un pieux écho partiel de cette triade dans :

    La grande Guide {a} des curés, vicaires et ocnfesseurs : divisée en deux tomes. Œuvre très utile, et nécéesaire pour toutes personnes ayant charge d’âmes. Composée par le R.P. Frère Pierre Millard, de l’Ordre de Saint-Benoît, et prieur de Sainte-Dode, au diocèse d’Aux. {b} Édition dernière, revue et augmentée de deux tables : l’une des titres et chapitres, et l’autre des principales matières…. {c}

    Cet édifiant paragraphe du tome second, Traité du saint sacrement de la Pénitence, § 3 du chapitre v, Distinction générale des péchés mortels d’avec les véniels, instruction i (page 19), sur « l’amour désordonné » de l’homme, pourrait correspondre :

    « Or sachons les choses que cet amour peut prendre pour son objet d’aimer. Saint Jean, grand observateur de l’amour divin, satisfait à ceci, disant. Omne, quod est in mundo, concupiscentia carnis est, et concupiscientia oculorum, aut superbia vitæ. {c} Comme tout ce que l’homme se peut proposer d’aimer en ce bas monde consite en trois choses : car c’est ou son corps, ou les biens temporels, ou bien l’honneur et renommée ; {d} tellement que tout ce qu’on peut aimer des choses sacrées est réduit sous le nom de concupiscence de la chair, des yeux, ou de la superbe ; voyons à cette heure comme quoi le péché se prend ou se forme là-dessus. »


    1. « Dans les choses spirituelles, l’usage est de faire guide de féminin genre : La guide spirituelle du Père Du Pont ; le P. Brignon, qui a traduit ce dernier livre, aussi bien que tant d’autres qu’il a mis en Français avec beaucoup d’exactitude, d’onction et de pureté, a bien vu que selon la raison, il faudrait dire “ le guide ” et non pas “ la guide ” ; mais l’usage l’a emporté, et cet usage est trop établi pour ne le pas suivre. Il est venu de ce que guide est de féminin genre en espagnol, la guya, et les premiers traducteurs ont par cette raison mis “ la guide ” en traduisant les livres espagnols qui portaient ce titre. On l’a reçu sans l’examiner, et il s’est introduit » (Trévoux).

    2. Le prieuré de Sainte-Dode, dans le diocèse d’Auch (Aux dans l’ancienne orthographe) est passé aux jésuites au début du xviie s. Le bénédictin Pierre Millard ou Mihard, et auteur de quelques ouvrages dévots.

    3. Lyon, Claude Morillon, 1619, in‑8o, deux tomes de 164 et 667 pages, en un volume.

    4. Première lettre de saint Jean (2:16) : « Tout ce qui est dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la richesse – [vient non pas du Père, mais du monde (quæ non est ex Patre sed ex mundo est)]. »

    5. Mes italiques marquent le passage qui a pu inspirer la triade.

  2. Profondité est un latinisme archaïque dérivé de profunditas, « profondeur », que je n’ai jamais lu sous la plume de Guy Patin. {a} Il a employé une fois le mot incomparabilité, {b} qui est attesté par les dictionnaires.

    La triade latine qui précède ces curiosités de vocabulaire signifie :

    « s’extasier devant les merveilles divines, se moquer des bassesses humaines, mépriser la mort. »

    Le premier de ses membres est un rappel de la triade 83 ; les deux autres renvoient aux Apophtegmes d’Érasme {c} livre vi, Empereurs romains, Antonin le Pieux, § 11, page 240 vo‑241 ro, Mors peregrinatio [La mort est un voyage] :

    Alio quodam die dixit amicis, Quid me fletis, ac non magis de communi morte pestilentiaque cogitatis ? Philosophia docuerat hominem et mortem contemnere, et res humanas ridere. Parantibus autem abire, dixit : Si iam me dimittitis, vale vobis dico, vos præcedens. Facete petiit ab amicis discedendi veniam, ac veluti peregre profecturus iussit illos valere, submonens interim fore, ut illi præcedentem sequerentur.

    [Un jour, il {d} dit à ses amis : « Pourquoi me pleurez-vous, sans vous préoccuper bien plutôt de la mort commune et de la peste ? La philosophie a enseigné à l’homme et de mépriser la mort, et de se moquer des bassesses humaines. » Il dit aussi à ceux qui se préparaient à s’en aller : « Si vous m’abandonnez maintenant, je vous dis adieu, car je vous précède. » Il demanda facétieusement qu’on lui pardonnât de quitter ses amis. Et comme s’il partait en voyage, il leur dit à bientôt, leur laissant entendre qu’ils suivraient celui qui les précédait].


    1. Inspiré par la précédente triade, la pure curiosité m’a conduit au lvre quatrième du Traité de l’Amour de Dieu. Par François de Sales, {i} évêque de Genève, {ii} début du chapitre viii (page 344), Exhortation à l’amoureuse soumission que nous devons aux décrets de la providence divine :

      « Aimons donc, et adorons en esprit d’humilité cette profondité des enseignements de Dieu, Théotime, {iii} laquelle, comme dit saint Augustin, le saint Apôtre ne découvre pas, mais l’admire, quand il s’exclame : “ Ô profondité des jugements de Dieu ! ” » {iv}

      1. Mort en 1622, v. note [1], lettre 251.

      2. Lille, Pierre de Rache, 1617, in‑12 de 364 pages.

      3. « Dieu et honneur » (en grec).

      4. Épître de saint Paul aux Romains (11:33) :

        O altitudo divitiarum sapientiæ et scientiæ Dei ! quam inconprehensibilia sunt iudicia eius et investigabiles viæ eius !

        [Ô abîme de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu ! Que ses décrets sont insondables et ses voies incompréhensibles !]

    2. V. note [22], lettre 901.

    3. Paris, 1532, v. note [2], lettre latine 316.

    4. La parole est à Antonin le Pieux (v. note [54] des Préceptes particuliers d’un médecin à son fils).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Triades du Borboniana manuscrit, note 43.

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(Consulté le 25/04/2024)

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