Annexe : Guy Patin éditeur des Opera omnia [Œuvres complètes] d’André Du Laurens en 1628, note 45.
Note [45]

Depuis Novum esse morbum luem veneream nullus insiciatur… [Nul n’ignore que le mal vénérien est une maladie nouvelle] jusqu’à sed hæc obiter dicta sunto, {a} et citra nationis, quæ viros percelebres alit, iniuriam [mais que cela soit dit en passant, sans faire injure à cette nation qui nourrit de très éminents personnages], y compris le titre et les deux intertitres, Guy Patin a tiré la plus grande partie de son commentaire, mot pour mot, du Dispensatorium [Dispensaire ou Antidotaire] de Jean de Renou, pages 177‑178. {b}

Pour me remettre de ce surprenant constat de larcin avoué, j’ai bien ri en lisant ce qu’en a fait Louis i de Serres dans sa traduction française des Œuvres pharmaceutiques de Renou, {c} au paragraphe intitulé Depuis quel temps le mal de Naples, autrement appelé vérole, a été connu en Europe (page 602) ; voici sa version de la fin :

« […] les Italiens, courroucés à outrance contre la Nation française, ont, comme par dépit et pour se venger d’un tel affront, appelé le mal de Naples, mal français, si {d} que les titres des livres qu’ils ont fait depuis sur ce sujet, portent la vengeance de leur cocuage et de la vie débordée de leurs femmes. Qui {e} me fait croire aussi que Brassavole se sentant piqué, comme par traditive {f} de l’injure de ses prédécesseurs prétendus (je dis prétendus, d’autant que peut-être il est sorti médiatement ou immédiatement {g} de la brayette {h} de quelque Français), il a composé un certain petit livre qu’il intitule Livre du mal français, dans lequel il en établit 234 différences ; mais je crois que ce bon homme rêvait lorsqu’il composait ce livre, ou bien qu’il a voulu que la postérité sût qu’à la première secousse que nos Français donnèrent à ses parentes et voisines, il y en eut 234 d’enfilées, et d’autant {i} qu’elles ne se trouvèrent jamais en telles noces, il a cru être de son devoir de nous laisser ces éternels mémoriaux pour faire reprendre l’appétit à nos Français d’y retourner et, y étant, faire la même courtoisie à toutes celles qu’ils rencontreront. Que toutefois, ceci soit dit en passant et sans taxer aucunement la Nation italienne en général, depuis qu’elle {j} produit tous les jours une infinité de beaux et rares esprits. »


  1. Voilà donc éclaircie la source du dicta sunto qui m’avait précédemment intrigué (v. supra note [39]).

  2. Édition de Paris, 1623, v. note [16], lettre 15 (première édition en 1608).

  3. Lyon, 1624, réédition en 1637, v. notes [37], lettre 104, et [13] de la Leçon de Guy Patin sur le laudanum et l’opium.

  4. Tant et si bien.

  5. Ce qui.

  6. Tradition héritée des ancêtres.

  7. Indirectement ou directement.

  8. Braguette.

  9. Étant donné.

  10. Puisqu’elle.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Annexe : Guy Patin éditeur des Opera omnia [Œuvres complètes] d’André Du Laurens en 1628, note 45.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8229&cln=45

(Consulté le 20/04/2024)

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