À Charles Spon, le 3 mai 1650, note 46.
Note [46]

Claude de Rouvroy, duc de Saint-Simon (1607-1693), grand louvetier, pair de France et premier gentilhomme de la Chambre du roi, avait été l’un des favoris de Louis xiii (de 1626 à 1636). Alors gouverneur de Blaye, il fut courtisé par le parti frondeur, mais resta fidèle au parti du roi. Le duc de Saint-Simon eut pour fils aîné Louis, le célèbre mémorialiste.

Journal de la Fronde (volume i, fo 218 vo, mai 1650) :

« Le même jour, 13, arriva ici un gentilhomme envoyé par le duc de Saint-Simon et portant nouvelle que le marquis de Lusignan, qui est dans Bordeaux, avait négocié un secours de l’Espagnol pour lui aider à recommencer la guerre en Guyenne sous prétexte de faire sortir le duc d’Épernon ; et que par ce même moyen, le roi d’Espagne avait renvoyé à Bordeaux le baron de Vateville (qui est celui-là même qui y fut pendant la guerre), {a} lequel étant entré dans l’embouchure de la Garonne avec un gros vaisseau de guerre et quatre petites frégates, envoya prier le duc de Saint-Simon de lui donner audience et sûreté, ayant à lui faire des propositions avantageuses de la part du roi d’Espagne touchant la délivrance de Messieurs les princes ; ce que ce duc lui ayant accordé, il s’approcha et lui offrit 500 mille livres d’argent comptant à condition de mettre entre les mains des Espagnols la place de Blaye, laquelle il promettait de rendre à ce duc aussitôt après que les princes seraient en liberté, lui ajoutant qu’il avait encore 300 mille livres à donner aux Bordelais afin de leur aider à remettre une armée sur pied ; à quoi ce duc répondit qu’il ne pouvait donner sa place et qu’il s’étonnait fort qu’on le crût capable de recevoir cette proposition ; néanmoins, on le blâme ici de n’avoir pas arrêté ce vaisseau aussi bien que le baron de Vateville, quoiqu’il y eût donné parole de sûreté. Il mande qu’il était sur le point de s’embarquer pour aller observer dix ou douze vaisseaux qui courent les côtes de la Guyenne et menacent d’attaquer Blaye (à cause de quoi il fait instance à Leurs Majestés pour obtenir permission de la faire fortifier à ses dépens), et qu’il a envoyé avertir le comte du Dognon afin qu’il se préparât pour les aller combattre ; mais celui-ci est allé prendre les eaux en Périgord. M. d’Épernon s’étant emparé des villes de Bergerac et de Sainte-Foy, qu’il fait fort, {b} MM. de La Force ont abandonné leurs maisons, croyant de n’y être pas en sûreté. »


  1. V. note [2], lettre 702.

  2. Fortifier.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 3 mai 1650, note 46.

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(Consulté le 19/04/2024)

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