À Charles Spon, le 1er mai 1654, note 46.
Note [46]

« Tu connaîtras les défauts de ton ami et ne les haïras point. »

Le proverbe exact est Mores amici noveris, non oderis. Érasme l’a commenté dans ses Adages (no 1496), disant que le grammairien latin Porphyrion (iie s. apr. J.‑C.) l’a attribué à Horace. Il ajoute que cet adage :

admonet in amicorum moribus quædam vitia dissimulanda, sic ut intelligantur quidem, sed tamen tolerentur, ne severior et oculatior in observandis amici malis subvertas amicitiam. Atque in præcepti locum habebit in levioribus morbis, non in his, quæ ad famam aut ingens periculum pertinent amicorum Non nosse amici vitia est hominis parum diligentis, quos diligat ; odisse parum civilis. Noscenda sunt, ut aut corrigas, aut certe minuas, at non sic, ut ob ea videaris amicum odisse, siquidem nulli futurus est amicus, qui nihil vitiorum in amico ferre possit.

[rappelle qu’il faut savoir ignorer certains écarts dans les mœurs des amis, afin certes de les comprendre tout en les tolérant pourtant  : ne va pas ruiner une amitié pour avoir trop bien vu et jugé trop sévèrement les défauts de la personne que tu aimes bien. Ce précepte vaudra pour ses plus légères imperfections, mais non pour celles qui engagent ta bonne réputation ou te mettent en très sérieux péril. Ne pas reconnaître les défauts d’un ami est le fait d’un homme qui choisit sans discernement, mais les haïr, c’est manquer courtoisie. Tu dois les admettre, pour les corriger, ou du moins pour les atténuer ; mais sans qu’ils aillent jusqu’à te rendre l’ami odieux. Celui qui ne pourra supporter aucun défaut chez un ami ne deviendra l’ami de personne].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er mai 1654, note 46.

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(Consulté le 28/03/2024)

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