Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre II, note 46.
Note [46]

Des poissons saxatiles (poissons de roche) est le titre du chapitre xxviii, livre iii de l’Œuvre de Claude Galien des choses nutritives (v. supra note [2], page 233 ro‑vo) :

« On appelle poissons saxatiles la daurée, le merlan, la tourde, la iule, la fouque et la perche, {a} à cause des lieux auxquels ils sont trouvés fréquentant ; car ils ne se serrent ni alinnent és lieux plains, graveleux, ou rivages faits de terre, mais selon les rochers et lieux promontueux. {b} Entre ceux-ci, la daurée est estimée la meilleure et plus délicate ; et après icelle, les merlans, les tourdes ; et les iules, fouques et perches retiennent le troisième lieu. Le nourrissement qui provient d’eux n’est < pas > seulement facile à digérer, mais aussi est très sain au corps des hommes, comme celui qui engendre un sang moyen en consistance. J’appelle moyen en consistance le sang qui n’est < ni > trop subtil, ni aquatique, ni trop gros. Mais parce que ce moyen a grande étendue, nous traiterons des différences d’icelui au narré consécutif. » {c}


  1. Même avec l’aide gréco-latine de Kühn (volume 6, page 718), cette bouillabaisse galénique est assez indigeste :

    • la daurée ressemblerait à la daurade, mais skaros (scarus en latin) est le scare en français, poisson antique qui correspondrait à la famille des poissons-perroquets ;

    • kottuphos (merula en latin), poisson de mer dont l’équivalent n’est plus connu aujourd’hui, est ici traduit en merlan (par analogie avec le merle, oiseau qui porte les deux mêmes noms en grec et en latin) ; « on dit proverbialement que les merlans sont viandes de laquais, de postillons, parce qu’ils n’empêchent point de courir pour trop charger l’estomac » (Furetière) ;

    • kichla (turdus en latin) signifie grive (oiseau) et tourd, poisson de mer, « du genre labre », c’est-à-dire ayant « des lèvres doubles et charnues » (Littré DLF), dont le représentant le plus commun est la vieille ;

    • iule, ioulida (iulia en latin), peut être l’ancien nom de la julienne, qu’on apparente aujourd’hui à la lingue, au colin ou au merlus ;

    • fouque, phukida (fuca en latin), dérivé de phukês (petit poisson qui vit dans les algues au bord de la mer) ne correspond à aucune espèce moderne que j’aie su identifier ;

    • perka (perca en latin) est le nom de la perche, mais c’est un poisson d’eau douce.

  2. « car ils ne se tapissent et ne se reproduisent pas dans les rivages plats, sablonneux ou terreux, mais dans les promontoires pierreux, où il y a des rochers » [non enim in levibus aut arenosis, aut terreis littoribus, sed in petrosis promontoriis, et ubu saxa sunt, delitescunt ac pariunt dans Kühn].

  3. Dans les chapitres qui suivent.

    Cet exemple, tout comme celui qui est transcrit dans la notule {d}, note [2] supra, donne une idée de ce qu’étaient les rares traductions de Galien disponibles au xviie s. (v. note [6], lettre 6) : il m’a été impossible de bien comprendre tout ce qui y est écrit sans remonter à la source gréco-latine (Kühn).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Traité de la Conservation de santé (Guy Patin, 1632) : Chapitre II, note 46.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8169&cln=46

(Consulté le 24/04/2024)

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