Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 48.
Note [48]

Sénèque le Jeune, La Brièveté de la vie, chapitre xx :

Omnium quidem occupatorum conditio misera est, eorum tamen miserrima, qui ne suis quidem laborant occupationibus, ad alienum dormiunt somnum, ad alienum ambulant gradum, ad alienum comedunt appetitum ; amare et odisse, res omnium liberrimas, iubentur.

[La contition de tous les gens occupés est certes malheureuse, mais elle l’est bien plus encore pour ceux qu’accaparent les occupations d’autrui, attendant qu’il sommeille pour dormir, qu’il fasse un pas pour marcher, qu’il ait appétit pour manger. Aimer et haïr sont les sentiments les plus libres tous, mais ils ne le font que sur commande].

L’anecdote qui introduit ce louable précepte est tirée du livre lxix, chapitre 19, de l’Histoire romaine de Dion Cassius (écrite en grec). {a} Sans écarter la possibilité d’un emprunt à une traduction latine, j’ai choisi la seule édition française parue au xviie s., dans le tome 2, pages 108‑109, de l’Histoire de Dion Cassius de Nicée, abrégée par Xiphilin… Traduite de grec en français par Monsieur de B.G.** : {b}

« Quant à Similis, {c} bien qu’il surpassât ceux-ci {e} en dignité et en âge, on peut dire néanmoins, à ce que je m’imagine, que jamais homme n’eut plus de vertu que lui, ce qui paraîtra par cet exemple : lorsqu’il n’était que capitaine, l’empereur l’ayant un jour appelé avant les colonels, “ Seigneur, lui dit-il, il n’est pas bienséant que vous parliez à un capitaine tandis que les colonels vous attendent. ” Ayant été après fait colonel des gardes malgré lui, il s’en démit dans la suite volontairement ; et après avoir obtenu son congé avec bien de la peine, s’en alla passer en repos à la campagne sept ans qu’il vécut encore ; où venant à mourir, il ordonna qu’on mît cette épitaphe sur son tombeau : “ Ci-gît Similis qui mourut dans un grand âge et, toutefois, il ne vécut que sept ans. ” » {f}


  1. V. note [35] du Borboniana 6.

  2. Paris, Claude Barin, 1674, in‑12 de 279 pages.

  3. Servius Sulpicius Similis (dont L’Esprit de Guy Patin a francisé le nom en Simile) est un chevalier romain, mort vers l’an 125 de notre ère, qui a rempli de hautes fonctions militaires et administratives sour le règne de l’empereur Trajan (98-117). Ses services auprès d’Hadrien (117-138, v. note [40], lettre 99) sont contestés par les historiens, mais ce passage appartient à la période de son impératoriat dans les éditions françaises que j’ai consultées.

  4. Quintus Marcius Turbo, colonel de la garde impériale (préfet du prétoire), et Cornelius Fronto, « le premier avocat de son temps ».

  5. Σιμιλις ενταυθα κειται βιους μεν ετη τοσα, ζησας δε ετη επτα [Ci-gît Similis, qui exista tant d’années et en vécut sept].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 48.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8219&cln=48

(Consulté le 28/03/2024)

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