À Claude II Belin, le 3 janvier 1638, note 5.
Note [5]

Le P. Nicolas Caussin (Troyes 1583-Paris 1651), entré dans la Compagnie de Jésus en 1607, s’était fait remarquer par un livre à grand succès, la Cour sainte, ou l’institution chrétienne des grands, avec les exemples de ceux qui dans les cours ont fleuri dans la sainteté (Paris, S. Chappelet, 1624, 3 tomes in‑8o ; nombreuses rééditions augmentées, dont celle de Paris, 1653, en 2 tomes in‑fo, et traductions).

En mars 1637, sur la désignation de Richelieu, le P. Caussin avait succédé comme confesseur du roi au P. Gordon (jésuite d’origine écossaise, dont le cardinal était mécontent) ; mais il ne fut pas à la hauteur hypocrite de la tâche qu’on lui avait confiée : il s’attacha à révéler à Louis xiii l’impiété de ses affaires, tant en matière privée (le mauvais sort réservé à Marie de Médicis, sa mère, ou à Mlle de La Fayette, son éphémère et platonique favorite), que publique (le poids des impôts, les alliances du royaume avec les puissances protestantes et avec les Turcs). Un vif antagonisme s’éleva entre Caussin et Richelieu, qui donna au roi à choisir entre lui et son confesseur. Louis xiii n’hésita guère : sur une lettre de cachet qui l’accusait de conspiration dévote avec Mlle de La Fayette, Caussin était répudié le 10 décembre 1637, recevant l’ordre de quitter Paris pour la Bretagne, Rennes puis Quimper deux mois après. « Il remplit alors les oreilles de ses contemporains de plaintes et de récriminations, comme s’il était exilé chez les Hurons et que Richelieu fût l’Antéchrist [v. note [9], lettre 127] » (Adam).

Après la mort de Louis xiii, Anne d’Autriche rappela Caussin à Paris. Guy Patin le tenait en haute estime et a souvent recommandé ses livres.

Tallemant des Réaux (Historiettes, tome i, page 255) :

« Le P. Caussin est mort d’une bizarre manière. Il se mêlait d’astrologie, et trouva qu’il devait mourir un certain jour ; ce jour-là, sans autre mal, il se met en son lit et meurt. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 3 janvier 1638, note 5.

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(Consulté le 14/10/2024)

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