À Charles Spon, le 26 octobre 1643, note 5.
Note [5]

L’abbé Papillon (tome second, pages 249 et 253) :

« Encore que Saumaise le père {a} ait toujours été bon catholique, on dit que sa femme, {b} qui affectionnait fort les prétendus réformés, {c} avait élevé son fils dans les mêmes principes, et qu’il s’y affermit encore davantage pendant son séjour à Heidelberg. {d} Il s’y engagea de plus en plus par le mariage qu’il contracta, le 5 septembre 1623, avec Anne Mercier, fille de Josias Mercier, {e} sieur des Bordes, l’un des hommes les plus accrédités parmi les protestants de France, et qui d’ailleurs avait donné plusieurs preuves de son savoir. Il avait une jolie maison de campagne près de Paris, nommée Grigny, {f} où les nouveaux mariés passèrent une partie des années suivantes ; et ce fut là où Saumaise mit la dernière main à son grand ouvrage sur Solin ou pour mieux dire, sur l’Histoire naturelle de Pline, qui parut à Paris, en 2 vol. in‑4o, en 1629. {g} […]

Il y avait déjà quelques années que l’illustre Christine, reine de Suède, se faisait un plaisir d’attirer dans sa cour les plus savants hommes de l’Europe. Comme elle mettait, avec raison, Saumaise au premier rang, elle l’avait invité par plusieurs lettres très pressantes à se rendre auprès d’elle. Il eut bien de la peine à s’y résoudre, surtout à cause de sa santé, à laquelle l’air de Suède ne pouvait manquer d’être fort contraire. Enfin, les sollicitations de sa femme, qui se persuada qu’il tirerait de grands avantages de ce voyage, le déterminèrent à partir au mois de juillet 1650. Mais comme elle était fort entêtée de la haute noblesse de son mari, elle exigea de lui qu’il paraîtrait à Stockholm, non en habit de savant modeste, tel qu’il le portait ordinairement, mais vêtu en courtisan et en homme de guerre. Il eut la facilité de suivre ce conseil ; et cette complaisance fit faire beaucoup de plaisanteries à ses dépens. »


  1. Bénigne Saumaise, v. note [2], lettre 119.

  2. Élisabeth Saumaise, née Virot.

  3. Calvinistes.

  4. 1606-1610, pour étudier le droit.

  5. V. note [5], lettre 44 ; Anne Saumaise mourut en 1657.

  6. Dans l’actuel département de l’Essonne, à 23 kilomètres au sud-est de Paris.

  7. V. note [6], lettre 52

Michaud a dressé un portrait peu flatteur d’Anne Mercier :

« son caractère impérieux et tracassier rappelait l’humeur de la femme de Socrate. {a} […] < Les > immenses travaux < de son mari > furent accomplis en présence d’une femme qui tenait la porte de son mari fermée à ses amis et le forçait de travailler au milieu des tracasseries domestiques. Entêtée de sa noblesse, elle voulut qu’il parût devant Christine en habit d’homme de guerre, ce qui fit dire à la reine qu’elle admirait encore plus la patience de Saumaise que son savoir »


  1. Xanthippe.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 26 octobre 1643, note 5.

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(Consulté le 26/04/2024)

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