Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : ii, note 5.
Note [5]

Deux chapitres du livre De occultis pharmacorum potestatibus : quid, et quotuplices ea sint : quibus in morbis, quomodo, quando, quem in curationibus usum habeant : Authore Thoma Erasto, Heidelbergensis Scholæ professore… [Des pouvoirs occultes des médicaments : quels et combien ils sont ; dans quelles maladies, quand, comment et lesquels ont une utilité dans les traitements. Par Thomas Éraste (v. note [31], lettre 60), professeur en l’Université d’Heidelberg…] (Bâle, Petrus Perna, 1574, in‑4o) traitent de l’antimoine :

  • lxv, De viribus et Antimonii usu quædam [Certaines choses sur les pouvoirs et l’emploi de l’antimoine] (pages 121 [numérotée 131]‑125), où se lit cette allusion à sa mixité, Redditum est splendidum et pellucens instar vitri, rubrum pariter ac fragile [On le rend brillant et transparent comme le verre, mais aussi rouge et cassant] ;

  • lxvi, Refutatio rationis, qua Paracelsici usum Stibii commendant [Réfutation du raisonnement par lequel les paracelsistes recommandent l’emploi de l’antimoine] (pages 125‑129).

Gabriel Fallope (v. note [16], lettre 427) a consacré le chapitre xxix de son Tractatus de fossilibus [Traité des fossiles] à l’antimoine ; pages 154 ro‑156 ro de son livre De Medicamentis aquis, atque de Fossilibus Tractatus pulcherrimus, ac maxime utilis : ab Andrea Marcolino Fanestri medico ipsius discipulo amantissimo collectus [Très beau et utile traité des eaux médicamenteuses et des fossiles ; recueilli par son élève bien-aimé, le médecin Andrea Marcelino Fanestri] (Venise, Jordan Zilettus, 1563, in‑4o), avec ces remarques sur sa nature et son origine :

Medicamentum hoc tot modis vocatum connumeratur ab aliquibus inter metalla, et una ratio qua moventur est quia eliquatur ab igne, ut alia metalla. Secunda ratio est quia facillime commiscetur cum metallis, ut cum stanno, ære, et reliquis. Addunt tertio quod facit ad eliquationem metallorum durorum : nam isti, qui conficiunt globos et orbes ferreos, pro tormentis, bombardas vocant vulgo, solent, quando huiusmodi pilas volunt conficere, admiscere aliquid antimonii, ut ferrum facilius eliquetur : et ita eliquatio stibio, eliquatur et ferrum. Ex his igitur omnibus colligunt, stibium esse metallicum, unde notate etiam errorem Excellentissimi præceptoris mei Brasav<o>li, qui voluit antimonium esse plumbum, et quidem diversi generis, quoniam non eliquatur, ut aliud plumbum ; præterea, quia stibium est friabile, et pulverizatur : alius autem plumbum non pulverizatur. Sed et ipse, et ii, qui putant antimonium esse metallum, errant ; nam stibium est de genere fossilium, quæ sapiunt naturam et metalli, et lapidis, quatenus enim liquatur, ut metalla, sapit naturam metallorum ; quatenus autem friabile, est de genere lapidis. Oriebant antiquitus stibium in Bithinia, prope Chalcedonem urbem ; et inde copiosum et optatissimum deferebant. Nunc autem copiosam satis habentur in agro Senensi in comitatu Sanctæ Floræ prope Castellum Selvenam vocatum, et prope Massam oppidum. Sed quicquid juius medicamenti habentur Venetiis ; defert ex Germania, ubi sunt fodinæ abundantes hac materia.

[Certains classent ce médicament, auquel on donne des noms si divers, parmi les métaux. La première raison qu’ils avancent est qu’on le liquéfie par le feu, comme les autres métaux ; la seconde est qu’il se mélange très facilement avec les métaux, comme l’étain ou le cuivre, et tous les autres ; ils ajoutent, pour troisième raison, qu’il durcit les métaux en fusion, et ceux qui fabriquent des balles et des boulets de fer, pour les machines de guerre qu’on appelle des bombardes, quand ils veulent façonner de tels projectiles, ont l’habitude d’y mêler un peu d’antimoine pour fondre plus aisément le fer ; ainsi la fusion avec de l’antimoine aide-t-elle à celle du fer. Pour tous ces motifs, l’antimoine est donc de nature métallique. Remarquez, au passage, l’erreur de mon excellent maître Brasavola {a} quand il voulait que l’antimoine fût du plomb, mais d’une variété différente, parce qu’il ne fond pas comme le plomb véritable et, surtout, parce qu’il est friable et peut se réduire en poudre, quand l’autre n’a pas cette dernière propriété. Cependant, je me trompe avec ceux qui pensent que l’antimoine est un métal car le fait est qu’il appartient au genre des fossiles, {b} et il est sage de penser qu’il a la double nature du métal et de la pierre : étant donné qu’il peut être fondu, il est raisonnable de le considérer comme un métal, mais aussi comme une pierre, dans la mesure où il est friable et peut être pulvérisé. Dans l’Antiquité, on extrayait l’antimoine en Bithynie, près de la ville de Chalcédoine, {c} d’où on en faisait venir de grandes quantités et de la meilleure qualité. Maintenant, il s’en trouve en abondance dans le pays de Sienne, dans le comté de Santa Fiora, près d’un hameau nommé Selvena, et dans les environs de la ville de Massa]. {d}


  1. Antonio Musa Brasavola, v. note [15], lettre 409.

  2. Fossile est à prendre ici au sens restreint de pierre (et non général de « ce qu’on tire de la terre en la creusant », Furetière), et en opposition avec la notion de métal : contrairement à la pierre, le métal peut fondre, mais n’est pas friable et ne peut être réduit en poudre.

  3. Chalcédoine (aujourd’hui Kadιköy en Turquie) était l’une des principales villes de Bithynie, sur la rive orientale du Bosphore.

  4. Sienne est l’une des grandes villes de Toscane ; Selvena est au sud de Santa Fiora, capitale de l’ancien comté de même nom ; Massa est une ville proche de la côte méditerranéenne.

Le chapitre ix du dernier des de Metallicis libri tres [Trois livres sur les Métaux] (Rome, Aloysius Zannettus, 1596, in‑4o) d’Andrea Cesalpino (v. note [55], lettre 97) commence par cette phrase (page 187) :

Alter est lapis Plumbo similis, quod Stimmi Græci vocant, Latini Stibium, vulgo Antimonium.

[L’autre est une pierre semblable au plomb, que les Grecs appellent stimmi, les Latins stibium, et qui est vulgairement nommé antimoine].

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : ii, note 5.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8155&cln=5

(Consulté le 19/04/2024)

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