Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 5.
Note [5]

Les Entretiens sur les vies et les ouvrages des plus excellents peintres anciens et modernes sont l’ouvrage le plus connu d’André Félibien (Chartres 1619-Paris 1695), architecte et historiographe. Cette historiette se lit dans l’Entretien viii (tome second, pages 336‑337), {a} à propos du peintre français d’origine flamande Jacques Fouquières, {b} dont certains ont cru qu’il appartenait à la famille Fouckers ou Fugger : {c}

« Ils étaient d’Augsbourg, et les plus riches et accrédités négociants de leur ville. Du temps de l’empereur Charles v, ils avaient obtenu un privilège pour faire seuls passer de Venise en Allemagne toutes les épiceries {d} qui se distribuaient en France et dans les autres pays voisins. Comme elles ne venaient alors du Levant que par la mer Rouge sur la Méditerranée, elles étaient rares et fort chères. Ainsi les Fouckers firent une si grande fortune qu’ils étaient estimés les plus opulents de toute l’Allemagne, où il y a un proverbe qui dit d’un homme fort accommodé qu’il est aussi riche que les Fouckers. Cette maison est encore en grand crédit, plusieurs de cette famille ayant rempli des charges considérables dans les armées et dans la cour des empereurs.

On rapporte de ces riches négociants une chose assez singulière et curieuse, à savoir que l’empereur Charles v, au retour de Tunis, {e} passant en Italie, et delà par la ville d’Augsbourg, fut loger chez eux ; que pour lui marquer davantage leur reconnaissance et la joie de l’honneur qu’ils recevaient, un jour, parmi les magnificences dont ils le régalaient, ils firent mettre sous la cheminée un fagot de cannelle, {f} qui était une marchandise de grand prix ; et lui ayant montré une promesse d’une somme très considérable qu’ils avaient de lui, y mirent le feu et en allumèrent le fagot, qui rendit une odeur et une clarté, d’autant plus douces et plus agréables à l’empereur qu’il se vit quitte d’une dette que ses affaires d’alors ne lui permettaient pas de payer facilement, et de laquelle ils lui firent présent de cette manière assez galante. »


  1. Paris, veuve de Sébastien Marbre-Cramoisy, 1688, in‑4o de 706 pages (deuxième édition).

  2. Vers 1580-1659, Moréri, ibid. pages 802‑803.

  3. Bayle a consacré un article de son Dictionnaire historique et critique aux Fugger.

  4. V. note [15], lettre 544.

  5. En 1535, Charles Quint avait dirigé une vaste expédition navale pour prendre Tunis, et la libérer des Turcs et de leurs pirates qui entravaient le commerce méditerranéen.

  6. V. note [4] du Mémorandum 7.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-7, note 5.

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(Consulté le 29/03/2024)

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