De Charles Challine, le 7 mars 1656, note 5.
Note [5]

Étienne Carneau (Chartres 1610-Paris 1671) avait fait profession dans l’Ordre des célestins (v. note [46] du Naudæana 3) en 1630. Il consacra le reste de ses jours aux devoirs monastiques et à l’étude des belles-lettres, principalement la poésie latine et française. Il possédait de plus le grec, l’italien et l’espagnol.

Son ouvrage le plus fameux, qui dut fort chauffer la bile de Guy Patin (un moine vantant l’antimoine !), est La Stimmimachie, ou le grand combat des médecins modernes touchant l’usage de l’antimoine. Poème historicomique, dédié à Messieurs les médecins de la Faculté de Paris. Par le sieur C.C. (Paris, Jean Paslé, 1656, in‑8o ; v. alinéa 7 de la note [10], lettre 342.

L’épître dédicatoire en est adressée À la plus grande et plus sainte partie des médecins orthodoxes de la Faculté de Paris, approbateurs de l’usage de l’antimoine. Elle est suivie d’une Approbation des docteurs en médecine, signée Cortaud et Foucques (qui n’étaient ni l’un ni l’autre docteurs régents de la Faculté de médecine de Paris) :

« Ce poème sur l’antimoine est trop agréable et trop utile au public pour ne pas presser son auteur de le mettre sous la presse. Nous l’en conjurons de tout notre cœur et l’assurerons qu’il ne peut être que parfaitement bien reçu, pour être rempli d’autant d’instructions en ce qui concerne la véritable médecine, que de galanteries et de gaieté en ses belles et naïves descriptions. C’est le sincère jugement que nous en faisons. À Paris, ce 12 octobre 1655. »

Suit l’Approbation authentique de la plus grande et plus saine partie des médecins de la Faculté de Paris touchant l’antimoine, datée du 26 mars 1652, avec les noms des 61 docteurs régents « signeurs de l’antimoine » (v. note [3], lettre 333).

Vient après un Sonnet de Paul Scarron, « À Monsieur C.C. contre quelques vieux médecins ses ennemis, aussi bien que de l’antimoine » :

« Donne, Brave Carneau, donne à coups de sonnets
Sur les Anti-Guénaus {a} qui blâment l’antimoine,
Et qui sans respecter ton minois de chanoine,
Épuisent contre toi leur veine, et leurs cornets. {b}

Ils sont, pour la plupart, esprits de sansonnets
En des corps de chevaux, à qui manque l’avoine,
Dont toute l’ellébore, et toute la bétoine {c}
Jamais ne guériront le moule des bonnets.

Ne fais point de quartier à cette gent barbue,
Qui se fait bien payer des hommes qu’elle tue ;
Fais-les mourir d’ennui par l’effort de tes vers.

Si tu les signalais par de tels homicides ;
Si de tels assassins ils purgeaient l’Univers,
On pourrait dire d’eux qu’ils sont autant d’Alcides. » {d}


  1. Ennemis de François Guénault, meneur du parti antimonial, à la Faculté comme à la cour (v. note [21], lettre 80).

  2. Leur inspiration et leurs encriers.

  3. V. note [15] de la Consultation 20.

  4. Alcide est un autre nom d’Hercule (v. note [3], lettre de Reiner von Neuhaus, datée du 21 octobre 1663).

Ce recueil de pièces en vers, mordantes et spirituelles, est sûrement à ranger parmi les importantes pièces de la bibliographie antimoniale.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – De Charles Challine, le 7 mars 1656, note 5.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=9044&cln=5

(Consulté le 26/04/2024)

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