Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 55.
Note [55]

Ces confidences sur les qualités respectives d’une bonne et d’une mauvaise épouse restent obscures, même en comprenant que « le reste » est le devoir conjugal, et que la mauvaise maîtresse du logis est celle qui le délaisse, en quelque manière que ce soit (excessive dévotion menant à la chasteté ou, au contraire, aventures adultérines) ; mais leur sens apparaît quand on explore les deux citations qui les introduisent.

  • Les deux vers de Properce (23‑24 de l’élégie citée) font parler un mari jaloux :

    « Quelle félicité dans l’épouse d’Admète {a} et dans la couche nuptiale d’Ulysse, {b} et dans toute femme aimant la maison de son époux ! »


    1. Sans détailler le mythe tortueux de l’argonaute Admète, roi de Phères, en Thessalie, il suffit de savoir ici que son épouse, Alceste, fit preuve d’un dévouement conjugal exemplaire.

    2. V. note [7], lettre latine 7, pour la fidélité légendaire de Pénélope.

  • Le propos sur les pieds des Chinoises vient sans doute des Nouveaux mémoires sur l’état présent de la Chine de Louis Le Comte {a} (Lettre à Monseigneur le marquis de Torsi, secrétaire d’État pour les Affaires étrangères, {b} tome premier, pages 270‑271) :

    « Dès que les filles naissent, les nourrices ont grand soin de leur lier étroitement les pieds, de peur qu’ils ne croissent. La nature, qui semble être faite à cette gêne, s’en accommode plus facilement qu’on ne s’imagine, et on ne s’aperçoit pas que leur santé en soit altérée. Leurs souliers de satin, brodés d’or, d’argent et de soie, sont d’une propreté achevée, et quoique petits, elles s’étudient fort, en marchant, à les faire paraître : car elles marchent, Monseigneur ! ce qu’on aurait de la peine à croire, et elles marcheraient volontiers tout le jour si elles avaient la liberté de sortir. Quelques-uns sont persuadés que ç’a été une invention des anciens Chinois qui, pour mettre les femmes dans la nécessité de garder la maison, mirent les petits pieds à la mode. Je m’en suis informé très souvent des Chinois mêmes, qui n’en ont jamais ouï parler. Ce sont des contes, me dit l’un d’eux en riant : nos pères, aussi bien que nous, connaissaient trop bien les femmes pour savoir qu’en leur retranchant la moitié des pieds, on < ne > leur ôterait < pas > le pouvoir de marcher et l’envie de voir le monde. »


    1. Paris, 1696, v.  note [69] du Faux Patiniana II‑5.

    2. Sous-titrée : Du caractère particulier de la nation chinoise ; son antiquité, sa noblesse, ses modes, ses bonnes et ses mauvaises qualité.

    Cette seconde citation a aussi inspiré Laurent Bordelon dans ses Diversités curieuses (v. supra note [25], cinquième partie, 1699, pages 46‑47).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-6, note 55.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8219&cln=55

(Consulté le 25/04/2024)

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