À Charles Spon, le 14 mai 1649, note 57.
Note [57]

Les Sentiments du public, touchant la doctrine prêchée par le Père Faure. {a}


  1. Paris, Cardin Besongne, 1649, in‑4o anonyme de 15 pages.

L’avis Au Lecteur explique le dessein de ce libelle frondeur :

« Mon cher Lecteur, en dressant ce petit ouvrage, je me suis promis deux choses de ta bonté, sans lesquelles je n’aurais pas mis la main à la plume. La première, que tu suspendras ton jugement contre le Père faure, jusques à ce qu’il se soit expliqué lui-même, n’y ayant pas grande apparence qu’un religieux ait avancé une si dangereuse doctrine ; et quoi qu’il en arrive, que tu n’auras point d’aversion pour sa personne, mais pour ses mauvaises maximes. La seconde, que dans quelque sentiments qu’il soit, cela ne fera point de préjugé en ton esprit contre les autres religieux, ni ne diminuera rien de la charité chrétienne que tu dois avoir pour leurs personnes et pour leur profession. C’est ce que je te demande de tout mon cœur, et que tu pries Dieu pour le roi, qu’il le conserve ; pour la reine, qu’il la bénisse ; pour le cardinal, qu’il le convertisse ; pour le peuple, qu’il le console ; et pour moi, qu’il me fasse miséricorde. »

Laure Jestaz en a donné ce résumé :

« Sous forme d’une lettre au P. Faure, un religieux y réfutait en 15 points l’assurance donnée à la reine que le blocus de la capitale était licite et autorisé par la religion. Non seulement le P. Faure offensait le peuple de Paris, épuisé et affamé, non seulement il offensait la Sorbonne et le Clergé, mais pis, il offensait Dieu en accordant à la régente un pouvoir aussi absolu que le sien sur les vies humaines, et s’opposait aux paroles du Christ prônant la charité et l’amour de son prochain. »

François Faure (Sainte-Aquitière près d’Angoulème 1612-Paris 1687) avait demandé son admission dans l’Ordre des cordeliers dès la fin de ses études et prononcé ses vœux à l’âge de 17 ans. Ses supérieurs l’avaient envoyé étudier la théologie à Paris où il obtint son doctorat et entra dans les grâces de Richelieu. Après la mort du cardinal, Anne d’Autriche avait nommé le P. Faure sous-précepteur de Louis xiv. Son fidèle dévouement à la Couronne durant la Fronde lui valut l’évêché de Glandèves en 1651, puis celui d’Amiens en 1653. Prélat courtisan jusqu’à sa mort, le P. Faure a laissé des ouvrages religieux dévoués à la cause royale ; prédicateur fort prisé, il a fait les oraisons funèbres d’Anne d’Autriche, sa protectrice, de Henriette-Marie, reine d’Angleterre, et de Gaspard iv de Coligny (Michaud et G.D.U. xixe s.).

En théologie catholique, on appelle véniels (du latin venia, pardon) les « péchés légers qui se pardonnent aisément. On n’est pas absolument obligé de s’accuser à confesse de tous les péchés véniels. Le plus grand soin des casuistes est de distinguer les péchés véniels des mortels [qui tuent l’âme, qui la privent de la grâce de Dieu, de l’entrée du Paradis] » (Furetière).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 14 mai 1649, note 57.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0176&cln=57

(Consulté le 25/04/2024)

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