Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Grotiana 2, note 59.
Note [59]

« “ Tous vénèrent un seul Dieu, qu’ils pensent leur être favorable. Nous contemplons les mêmes étoiles, le ciel nous est commun, le même univers nous entoure. Qu’importe donc la connaissance qui nous fait rechercher la vérité ? Le chemin pour parvenir à un si grand secret n’est pas unique ” Voyez le Prudence de Joan. Weizius, page 306 et ses notes page 617. »

  • V. notes [11] et [12], lettre 407, pour Symmachus, la référence exacte de sa lettre et un plus long extrait du fragment cité, où la Rome antique conteste l’implantation du christianisme.

  • La référence complémentaire, probablement ajoutée par Guy Patin (s’il est bien le rédacteur du Grotiana), renvoie à Prudence (Aurelius Prudentius Clemens), poète latin chrétien du ive s., natif de Calahorra en Espagne.

  • Johannes Weitzius (Johann Weitz, 1576-1642) est un philologue allemand, recteur du gymnasium de Gotha, qui a édité les œuvres de plusieurs écrivains latins (Pétrone, Balbus, etc.), dont Prudence :

    Aurelii Prudentii Clementis V. C. Opera, noviter ad msc. fidem recensita, interpolata, innumeris a mendis purgata Notisque et Indice accurato illustrata, a M. Johanne Weitzio, P. L. Accesserunt omnium Doctorum virorum, quotquot in Prudentium scripserunt, Notæ, Scholia, atque Observationes, cum Glossis veteribus.

    Sylloge Annotationum, Scholiorum et Notarum, in Aurelii Prudentii Clementis Opera : singulari studio collecta, digesta ac disposita a M. Iohanne Weitzio P. L.

    [Œuvres du célèbre Prudence, nouvellement et fidèlement revues à partir des manuscrits, en y comblant les lacunes et en les purgeant d’innombrables fautes. M. Johann Weitz, professeur le littérature, les a éclairées à l’aide de notes et d’un méticuleux index. Il y a ajouté les annotations, commentaires et observations de tous les doctes auteurs qui ont écrit sur Prudence, ainsi que les anciens glossaires.

    Recueil des annotations, commentaires et notes sur les Œuvres du célèbre Prudence : M. Johann Weitz, professeur le littérature, les a réunies, éditées et ordonnées avec un soin particulier]. {a}


    1. Hanau, Wechel, héritiers de Johannes Aubrius, 1613, un volume in‑8o, divisé en deux parties de 382 et 905 pages.

    Le deux livres de vers latins Contra orationem Symmachi [Contre le discours de Symmaque] occupent les pages 257‑317 de la première partie. Dans le second, Prudence argumente sur des passages de Symmaque. Celui que cite le Grotiana se trouve à la page 306, il est suivi de 128 vers de commentaire critique, que Weitz a annotés aux pages 764‑766 de la seconde partie.

  • Sans relation avec Symmaque, la page 617 de cette seconde partie correspond aux annotations sur l’hymne xiv (long de 1 140 vers) des Peristephanon [Couronnements] de Prudence, Incipit Romanus Prudentii Cl. contra gentiles [Préambule du Romanus de Prudence contre les païens] (pages 130‑162 de la première partie). La seule annotation de ce commentaire qui soit en rapport avec le propos du Grotiana est celle qui porte sur le vers 375 de l’hymne, Sujecta semper intuens, nunquam supra [Fixant toujours leurs regards sur ce qui les entoure, jamais au delà] ; elle cite ce passage (chapitre xii) du Liber ad Demetrianum [Livre à Démétrien] de Saint Cyprien : {a}

    Quid te ad falsos Deos humilias et inclinas ? Quid ante inepta simulacra et figmenta terrena captivum corpus incurvas ? Rectum te Deus fecit, et cum cætera animalia prona et ad terram situ vergente depressa sint ; tibi sublimis status et ad cælum atque ad Deum tuum vultus erectus est. Illuc intuere, illuc oculos tuos erige, in supernis Deum quære. Ut carere inferis possis, ad alta et cælestia suspensum pectus attolle. Quid te in lapsum mortis cum serpente, quem colis, sternis ? Quid in ruinam Diaboli per ipsum et cum ipso cadis ? Sublimitatem serva, qua natus es. Persevera talis, qualis a Deo factus es. Cum statu oris et corporis animum tuum statue. Ut cognoscere Deum possis, te ante cognosce. Relinque idola, quæ humanus error invenit, etc.

    [Pourquoi t’inclines-tu et t’humilies-tu devant de faux dieux ? Pouquoi courbes-tu ton corps captif en face d’ineptes simulacres et de chimères d’argile ? Dieu t’a fait droit, quand les autres animaux sont couchés et rabaissés, la têtre inclinée vers le sol. Déploie toute la hauteur de ta taille et porte tes regards vers ton Dieu. Tourne et élève tes yeux vers les hauteurs où tu dois chercher Dieu. Pour pouvoir t’éloigner des bassesses, élève ton cœur et suspends-le aux hauteurs célestes. Pourquoi t’abandonnes-tu au glissement de la mort avec le serpent que tu vénères ? Pourquoi tombes-tu avec le diable dans la ruine qu’il engendre ? Réserve-toi pour l’élévation qui t’a fait naître. Demeure tel que Dieu t’a créé. Érige ton esprit, comme tu fais de ton visage et de ton corps. Pour pouvoir connaître Dieu, connais-toi d’abord toi-même. Abandonne les idoles que l’erreur humaine a inventées, etc.].


    1. Évêque de Carthage au iiie s. (v. note [13], lettre 195).

Tout ce dernier article du Grotiana est un précieux témoignage de la profonde défiance de Hugo Grotius envers les libertins, leur scepticisme et leur athéisme larvé.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Grotiana 2, note 59.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8201&cln=59

(Consulté le 28/03/2024)

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