Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 59.
Note [59]

« ils priaient et ils pleuraient, en proclamant Jésus crucifié ».

  • Ce propos ne correspond exactement à aucune source que j’aie trouvée, mais rappel la première Épître de Paul aux Corinthiens (1:22‑24) :

    Quoniam et Judæi signa petunt, et Græci sapientiam quærunt : nos autem prædicamus Christum crucifixum : Judæis quidem scandalum, gentibus autem stultitiam, ipsis autem vocatis Judæis, atque Græcis Christum Dei virtutem, et Dei sapientia.

    [Nous, quand les Juifs exigent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse, nous prêchons un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les Gentils ; mais pour ceux qui sont appelés, soit Juifs, soit Grecs, puissance de Dieu et sagesse de Dieu].

  • V. la citation 4 dans la note [11] du Borboniana 2 manuscrit pour la correspondance entre Pline le Jeune et l’empereur Trajan sur les chrétiens. En  197, Tertullien {a} l’a critiquée avec virulence dans le chapitre ii de son Apologétique ; mais le Borboniana se référait plutôt ici au chapitre v de ce traité, sur les empereurs qui ont pourchassé les chrétiens :

    Ut de origine aliquid retractemus eiusmodi legum, vetus erat decretum, ne qui deus ab imperatore consecraretur nisi a senatu probatus. […] Facit et hoc ad causam nostram, quod apud vos de humano arbitratu divinitas pensitatur. Nisi homini deus placuerit, deus non erit ; homo iam deo propitius esse debebit. Tiberius ergo, cuius tempore nomen Christianum in sæculum introivit, adnuntiatum sibi ex Syria Palæstina, quod illic veritatem ipsius divinitatis revelaverat, detulit ad senatum cum prærogativa suffragii sui. Senatus, quia non ipse probaverat, respuit; Cæsar in sententia mansit, comminatus periculum accusatoribus Christianorum. Consulite commentarios vestros; illic reperietis primum Neronem in hanc sectam cum maxime Romæ orientem Cæsariano gladio ferocisse. Sed tali dedicatore damnationis nostræ etiam gloriamur. Qui enim scit illum, intellegere potest non nisi grande aliquod bonum a Nerone damnatum. Temptaverat et Domitianus, portio Neronis de crudelitate ; sed, qua et homo, facile cœptum repressit, restitutis etiam quos relegaverat. Tales semper nobis insecutores, iniusti, impii, turpes, quos et ipsi damnare consuestis, a quibus damnatos restituere soliti estis. Ceterum de tot exinde principibus ad hodiernum diuinum humanumque sapientibus edite aliquem debellatorem Christianorum ! At nos e contrario edimus protectorem, si litteræ Marci Aurelii, gravissimi imperatoris, requirantur, quibus illam Germanicam sitim Christianorum forte militum precationibus impetrato imbri discussam contestatur. Sicut non palam ab eiusmodi hominibus pœnam dimovit, ita alio modo palam dispersit, adiecta etiam accusatoribus damnatione, et quidem tætriore. Quales ergo leges istæ, quas adversus nos soli exercent impii iniusti, turpes truces, vani dementes, quas Traianus ex parte frustratus est vetando inquiri Christianos, quas nullus Hadrianus, quamquam omnium curiositatum explorator, nullus Vespasianus, quamquam Iudæorum debellator, nullus Pius, nullus Verus impressit. Facilius utique pessimi ab optimis quibusque, ut ab æmulis, quam a suis sociis eradicandi iudicarentur.

    « Pour remonter à l’origine des lois qui nous concernent, il y avait un ancien décret qui défendait aux empereurs de consacrer aucun dieu sans l’approbation du sénat. […] Il n’est pas indifférent pour notre cause de remarquer que c’est le caprice de l’homme qui décide de la divinité. Si le dieu ne plaît pas à l’homme, il ne sera point dieu. C’est au dieu à rechercher la faveur de l’homme. Tibère, {b} sous le règne de qui le nom “ chrétien ” commença à être connu dans le monde, rendit compte au Sénat des preuves de la divinité de Jésus-Christ, qu’il avait reçues de Palestine, et les appuya de son suffrage. Le Sénat les rejeta, parce qu’elles n’avaient pas été soumises à son examen ; mais l’empereur persista dans son sentiment, et menaça des plus grands châtiments les accusateurs des chrétiens. Consultez vos annales, vous verrez que Néron {c} est le premier qui a tiré le glaive contre la secte des chrétiens. Nous faisons gloire de le nommer pour l’auteur de notre condamnation. On ne saurait douter que ce que Néron a condamné ne soit un grand bien. Domitien, {d} qui avait hérité d’une partie de la cruauté de Néron, avait commencé aussi à persécuter les chrétiens ; mais comme il n’avait pas dépouillé tout sentiment d’humanité, il s’arrêta bientôt, et rappela même ceux qu’il avait exilés. Voilà quels ont été nos persécuteurs : des hommes injustes, impies, infâmes ; vous-mêmes, vous les condamnez et vous réhabilitez ceux qu’ils ont condamnés. De tous les princes qui ont connu et respecté le droit divin et le droit humain, nommez-en un seul qui ait persécuté les chrétiens. Nous pouvons en nommer un qui s’est déclaré leur protecteur, c’est le sage Marc-Aurèle. {e} Qu’on lise la lettre où il atteste que la soif cruelle qui désolait son armée en Germanie fut apaisée par la pluie que le ciel accorda aux prières des soldats chrétiens. S’il ne révoqua pas expressément les édits contre les chrétiens, du moins les rendit-il sans effet, en portant des lois encore plus rigoureuses contre leurs accusateurs. Quelles sont donc ces lois contre les chrétiens qui ne sont exécutées que par des princes impies, injustes, infâmes, cruels, insensés ; que Trajan {f} a éludées en partie en défendant de rechercher les chrétiens ; que n’ont jamais autorisées ni Adrien, si amateur de toute curiosité, ni Vespasien le destructeur des juifs, ni Antonin, ni Verus ? {g} Cependant c’était à des princes vertueux à exterminer une secte de scélérats, et non pas à d’autres scélérats. » {h}


    1. V. note [19], lettre 119.

    2. Empereur de 14 à 37, v. note [3], lettre 17.

    3. Empereur de 81 à 96, v. note [6], lettre 215.

    4. Empereur de 54 à 68, v. supra note [45].

    5. Empereur de 161 à 180, v. note [1], lettre 671.

    6. Empereur de 98 à 117, v. note [2], lettre 199.

    7. Vespasien a été empereur de 69 à 79 (v. supra note [43]), Antonin dit le Pieux, de 138 à 161 (v. note [54] des Préceptes particuliers d’un médecin à son fils), et Verus, de 161 à 169 (gendre et co-empereur de Marc-Aurèle, v. note [20], lettre 104).

    8. Traduction de Jean-Alexandre Buchon (1882).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 7 manuscrit, note 59.

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(Consulté le 19/04/2024)

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