À Claude II Belin, le 13 janvier 1639, note 6.
Note [6]

Sur le tombeau du P. Joseph (v. note [8], lettre 19), son bras droit, Richelieu fit graver cette épitaphe :

Hic iacet cuius virtus nunquam iacebit,
Qui ut iugum Domini, ab adolescentia portaret ;
Nobilis Prosapiæ titulos et opes,
Invitis parentibus reliquit
In pauperrimo Ordine pauperrimus semper extitit.
Ecclesiam scriptis et concionibus illustravit,
Provincialis officio in Ordine,
Tam sancte quam prudenter functus
Ad publica negocia, sic ita disponente Deo,
A Christianissimo Ludovico vere Justo vocatur,
Quo munere Deo, Regi et Patriæ
Fideliter inserviens
Summi ingenii prudentiam et curam
Cum seraphica devotione et mira spiritus,
Tranquillitate composuit.
Integram promissæ regulæ observantiam,
A tribus licet summis Pontificibus,
Pro totius Ecclesiæ bono legitime dispensatus,
Ad ultimum vitæ retinuit ;
Hæresim consiliis et Missionibus in Gallia ?
Et Anglia oppugnavit ;
Orientis Christianos erexit ;
Inter curiæ delicias et opes austerus et pauper,
Vixit et mortuus est,
cardinalis designatus.
xiv. Kal. Jan.
Ann. Dom. m.d.c.xxxviii
.

[Ci gît celui dont la vertu jamais ne s’éteindra. Tout jeune homme et contre l’avis de ses parents, il a abandonné les richesses et les titres d’une noble lignée pour porter le joug du Seigneur : toujours le plus pauvre, il s’est voué à l’Ordre le plus pauvre. Par ses écrits et ses discours, il a illuminé l’Église ; avec autant de sainteté que de clairvoyance, il s’est acquitté de la charge de provincial en son Ordre ; puis, ainsi qu’en a disposé le Seigneur, Louis le Juste, roi très-chrétien, l’a appelé aux affaires de l’État. Là, donnant fidèlement ses soins au service de Dieu, du roi et de la patrie, il a combiné la prévoyance et le zèle d’une intelligence supérieure, à un dévouement séraphique et à une admirable sérénité d’esprit. Jusqu’à la fin de sa vie, il est demeuré dans la stricte observance de la règle à laquelle il s’était engagé, bien que trois souverains pontifes l’en eussent légitimement dispensé, pour le bien de l’Église tout entière ; par ses avis et ses ordres, il a combattu l’hérésie en France et en Angleterre ; il a relevé les chrétiens en Orient. Austère et pauvre, il a vécu au milieu des richesses et des délices de la cour, et il est mort au moment où il allait être fait cardinal.
Le 19 décembre de l’an de grâce 1638].

D’autres épitaphes moins élogieuses durent bien fâcher Richelieu :

« Ci gît ce moine de profession,
Qui du cardinal secrétaire,
Sut si bien le secret taire
Qu’il est mort sans confession » ;

« Ci gît au chœur de cette église
Sa petite Éminence grise,
Et quand au Seigneur il plaira
Son Éminence rouge y gira » ;

« Passant, n’est-ce pas chose étrange
Qu’un démon soit auprès d’un ange ? »

Le successeur du P. Joseph auprès de Richelieu pour les affaires diplomatiques allait être Jules Mazarin, doté de lettres de naturalité française en avril 1639.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 13 janvier 1639, note 6.

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(Consulté le 25/04/2024)

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