À Charles Spon, le 18 novembre 1650, note 6.
Note [6]

Le duc de Beaufort était convaincu qu’il ne s’agissait pas d’une banale affaire de vol, mais qu’on avait voulu l’assassiner. Il fit donc tout pour qu’on approfondît l’enquête et cherchât à obtenir des aveux à l’appui de sa thèse.

Journal de la Fronde (volume i, fo 320 ro et 323 ro) :

« Quant à l’assassinat commis dans le carrosse de M. de Beaufort, quoiqu’on ait pris sept ou huit filous convaincus de plusieurs vols, néanmoins il n’y en a eu que trois qui se sont trouvés à cette action, lesquels avouent qu’ils ont attaqué ce carrosse pour le voler et se conforment à dire qu’ils n’ont poignardé Saint-Aiglan que parce que lui et son compagnon, voyant qu’ils s’approchaient du carrosse, tirèrent les premiers leurs mousquetons sur eux. Le premier qui fut pris étant fort blessé et en danger de mort, le lieutenant criminel fut voir M. de Beaufort dès la semaine passée, et lui dit qu’il était nécessaire de le juger et expédier promptement ; ce que ce duc n’approuva pas, disant qu’il fallait attendre qu’on en eût pris d’autres afin de mieux découvrir leur dessein ; à quoi le lieutenant criminel lui ayant répliqué que cependant ce blessé ne pourrait pas vivre, le duc de Beaufort s’échauffa contre lui et lui dit, “ Vous m’en répondrez ”, voulant qu’il en différât le jugement jusqu’après la Saint-Martin {a} afin que le Parlement en prît connaissance ; mais on ne laissa pas de juger hier ces complices à être roués et l’on doit les exécuter demain {b} si le Parlement n’en suspend l’exécution ainsi que M. de Beaufort le désire. […]

Les trois complices de l’assassinat de Saint-Aiglan ayant été condamnés à la roue, comme vous avez su, par le lieutenant criminel assisté de 14 juges, celui-ci reçut une lettre de M. le duc d’Orléans obtenue par M. de Beaufort, par laquelle Son Altesse Royale lui mandait d’en surseoir l’exécution, ce qu’il fit ; et en même temps, on interrogea un quatrième complice de cette action qu’on venait de prendre, lequel répondit conformément à ce que les autres avaient dit. Ainsi, il n’y a point eu jusqu’ici de lumière qu’ils aient eu dessein d’assassiner M. de Beaufort. M. Coulon {c} parla de cette affaire le 14 {d} à l’entrée du Parlement et demanda qu’elle fût renvoyée à la Tournelle, mais son avis ne fut pas suivi. Le lieutenant criminel ayant reçu une seconde lettre de Son Altesse Royale portant ordre de poursuivre le procès de ces criminels et de les faire exécuter, les trois qui avaient été condamnés furent roués le même jour à la Croix du Trahoir. » {e}


  1. 11 novembre.

  2. 12 novembre.

  3. V. note [39], lettre 294.

  4. Novembre.

  5. V. note [5], lettre 39.

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, page 339, novembre 1650) :

« Le lundi 14, les nommés Boulard, prisonnier au Châtelet et blessé le soir du 29 octobre, qu’il assista au vol et assassinat du sieur Saint-Aiglan, et deux siens compagnons nommés Saint-Brice et Patit-Champagne, depuis pris, jadis laquais des duchesses de Lesdiguières et duc de Retz, et depuis filous, après avoir été interrogés par le lieutenant criminel, le sieur Joly, conseiller au Châtelet, présent, < ont > avoué le vol sans préméditation ni dessein d’aucun assassinat, lequel ils auraient commis en la personne dudit sieur de Saint-Aiglan sans le connaître, et seulement parce qu’il s’était mis en défense ; et < ont > été, dès le samedi 12, condamnés à être rompus sur la roue, après avoir été mis à la question, retardés sur une lettre du duc d’Orléans jusqu’à ce jour, ont ce matin été mis à la question très rude et extraordinaire, {a} et sur le soir, exécutés à la croix du Trahoir, quatre ou cinq cents hommes en armes y tenant la main. Deux ou trois de leurs camarades y furent reconnus et pris ; et l’un d’eux depuis pendu, son corps porté chez le sieur Régnier, médecin, au haut de la rue de la Tisseranderie, et disséqué, a été trouvé avoir le foie au côté gauche, comme le pylore et la rate au droit, dont M. Mentel, médecin, a fait récit en son libelle latin adressé au sieur Pecquet en 1651, {b} et La Mothe Le Vayer en quelques lettres qu’il a fait imprimer. »


  1. V. seconde notule {d}, note [2] du Borboniana 10 manuscrit.

  2. V. note [4], lettre 360.

Deux autres complices de ce crime furent exécutés le 3 décembre, et deux autres encore, le 15 décembre.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 novembre 1650, note 6.

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(Consulté le 25/04/2024)

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