À Claude Bachey, le 24 mars 1660, note 6.
Note [6]

Le chapitre « où il est question du séné » dans la Méthode ou Thérapeutique universelle de Jean Fernel (édition française de Paris, 1655, v. note [1], lettre 36) est le xe du livre v ; intitulé Des Médicaments qui ôtent la bile noire, lesquels à cause de cela on appelle mélanagogues, plus de la moitié en est consacrée au séné (pages 369‑370) :

« Le séné, chaud et sec au commencement du second degré, plus excellent en ses gousses qu’en sa semence ou en sa feuille, est un peu amer et astringent, purge parfaitement bien la mélancholie aduste, {a} la bile et la pituite grossière, non pas incontinent des lieux éloignés, mais particulièrement de la rate, puis aussi des autres viscères, des hypocondres et du mésentère, dans lesquels est l’égout de toutes les impuretés ; car à peine se trouve-t-il de médicament qui attire avec tant d’efficace de ces endroits-là les humeurs grossières et corrompues, ou évacue les tumeurs endurcies, ou qui en se glissant dans les veines déliées, ouvre si bien leurs vieilles obstructions ; et toutefois, il ne saurait ôter les eaux des hydropiques, encore qu’elles soient fort proches. Il est uniquement profitable aux maladies longues et lentes, engendrées par l’impureté des viscères ou par une vieille obstruction, comme fièvres lentes et invétérées, mélancholie, épilepsie, gale, dartres, taches du corps, lèpre, et enfin toute sorte d’impureté. Il aiguise aussi les sens, réjouit le cœur, se rendant quelquefois importun par des tranchées, non pas à cause qu’il excite des flatuosités, mais parce que les humeurs qui sont fortement attachées et ordinairement âcres, ne se peuvent arracher sans douleur. On n’a pourtant jamais remarqué qu’il ait ou raclé les intestins ou provoqué le sang : il purge doucement mais lentement, sans avoir aucune qualité dangereuse, sinon qu’il est un peu fâcheux à l’estomac. Il est utile aux jeunes garçons et aux vieillards, et n’est pas nuisible aux femmes enceintes. Il faut le mêler avec des choses qui fortifient l’estomac et qui aiguillonnent sa vertu, laquelle est un peu paresseuse, comme gingembre, cannelle ou spica, et avec celles qui purgent doucement et sans tranchées, comme sont bouillons gras, prunes, jujubes, {b} raisins cuits, violettes, guimauves, polypodes, {c} et les sirops qui en sont composés. En poudre on le donne jusqu’à deux drachmes, et en décoction depuis trois drachmes jusqu’à six. Étant délayé de demi-once jusqu’à une once. » {d}


  1. V. note [18], lettre 509.

  2. V. note [7], lettre latine 88.

  3. Le polypode est une sorte de petite fougère dont la racine est « laxative, propre pour emporter les obstructions des viscères, pour le scorbut, pour l’affection hypocondriaque » (Trévoux).

  4. À vrai dire, tout cela ne permet guère d’éclaircir entièrement ce que Guy Patin expliquait ici sur le mode d’action de son purgatif favori : il semblait penser que le séné, absorbé par voie orale et après qu’il a pénétré dans le corps, s’en écoule par les intestins pour y exercer son effet.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude Bachey, le 24 mars 1660, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0599&cln=6

(Consulté le 18/04/2024)

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