Note [6] | |
En écrivant ces phrases, Guy Patin pensait sans doute à l’argument de Blaise Pascal contre le P. Binet, dans la 9e Provinciale :
La question de la grâce étant au cœur des disputes entre jansénistes et Rome, {a} le titre choisi par le R.P. Binet m’a intrigué. Le début de son Épître nécessaire au lecteur catholique semble dissiper ma perplexité : « Ami Lecteur, c’est la chose au monde qui chatouille le plus la sainte curiosité de nos âmes, que le point de la prédestination ; le malheur du siècle porte plus de gens à débattre et disputer ce point qu’à se mettre en devoir de rechercher les moyens d’être de ce nombre l’or des élus. Nos disputes sont de prédestination, et bien souvent nos vies sont de réprobation. {b} Il est assuré que personne ne peut savoir assurément s’il est prédestiné, sans une révélation particulière : c’est un secret réservé au cabinet de Dieu, il n’y a point de passeport pour nos curiosités, curiosités néanmoins qui ne désirent rien avec plus de passion que de pouvoir atteindre là où elles ne peuvent atteindre, qui toujours et toujours tâchent de rendre l’impossible possible. Or n’ayant aucune assurance, si {c} avons-nous pourtant de belles marques qui nous montrent à peu près ceux qui sont écrits en ce divin livre de vie. Nous ne les saurions apprendre en autre école qu’en celle du Saint-Esprit, à savoir les Saintes Écritures et les saints docteurs de l’Église. Parmi tant d’autres, j’en ai choisi une des plus aisées et des plus assurées pour t’en faire un présent. Saint Augustin discourant sur ce sujet, nous défend la curieuse recherche de ce grandissime secret, et nous conseille de nous servir d’un beau moyen pour y parvenir : Nondum traheris ? ora ut traharis, “ Ne te sens-tu point tiré ? prie que tu sois tiré. ” {d} Après Dieu, il n’y a personne à qui nous puissions mieux adresser cette tant importante prière qu’à la Vierge Marie. » {e} |
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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. –
À André Falconet, le 27 juillet 1660, note 6.
Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0625&cln=6 (Consulté le 24/04/2024) |