À Christiaen Utenbogard, le 21 novembre 1659, note 6.
Note [6]

Apparue au ier s. de notre ère, la thériaque (v. note [9], lettre 5) était inconnue d’Hippocrate (ve s. av. J.‑C.), mais l’était de Galien (iiie s. de notre ère) qui lui a consacré deux traités (v. note [6], lettre 213) : Περι θηριακης προς Πίσονα [À Pison sur la thériaque] et Περι θηριακης προς Παμφιλιανον [À Pamphilien sur la thériaque] (Kühn, volume 14, pages 210‑294 et 295‑310) ; mais Guy Patin en contestait obstinément l’authenticité (v. notes[7] et [8], lettre latine 90).

L’Epimetron [Supplément] (pages 85‑88) de la Vita Galeni [Vie de Galien] par le R.P. Philippe Labbe (Paris, 1660, v. note [5], lettre 612), auquel Patin aurait bien pu mettre la main car cet ouvrage lui est dédié, se consacre entièrement à réfuter l’attribution du premier de ces deux traités à Galien, comme le résume son titre :

Librum de Theriaca ad Pisonem spurium arbitror et falso adscriptum galeno : Quod autem ejus Auctor vixerit sub Severino et Caracalla simul ab anno Christianæ æræ 199. usque ad 211. Imperantibus, et ante sub Marco Aurelio Antonino, ex sequentibus demonstrari potest.

[Je suis d’avis que le traité de la Thériaque à Pison est illégitime et faussement attribué à Galien, {a} car ce qui suit peut montrer que son auteur a vécu sous les règnes conjugués de Septime Sévère et de Caracalla, {b} entre les années 199 et 211 de l’ère chrétienne, {c} mais avant le règne de Marcus Aurelius Antoninus]. {d}


  1. Doute que Patin a repris avec force dans sa thèse contre la thériaque de 1671 : v. note [3], lettre latine 392.

  2. Septime Sévère, 21e empereur romain, régna de 193 à 211, d’abord seul puis associé à son fils Caracalla, à partir de 198.

  3. Pour Galien (129-vers 216), cette période couvrait les âges de 70 à 81 ans ; le R.P. Labbe semble supposer, mais ne prouve pas qu’il était trop vieux pour écrire.

  4. À la mort de son père (211), Caracalla lui succéda en prenant le nom de Marcus Aurelius Severus Antoninus Augustus (Marc Aurèle Sévère Antonin Auguste).

    Toutes ces arguties biographiques semblent bien futiles aux hérétiques (iconoclastes ?) qui sont (comme moi) sceptiques sur la réalité historique de Galien (v. note [6], lettre 6).


La chronologie et l’authenticité des sources médicales gréco-latines antiques sont de vertigineuses questions que j’ai effleurées dans la note [9] de la lettre latine 61, à propos d’Oribase.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Christiaen Utenbogard, le 21 novembre 1659, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1162&cln=6

(Consulté le 24/04/2024)

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