À Johann Georg Volckamer, les 10 et 28 mars 1664, note 6.
Note [6]

Ce passage en italique est en français dans le manuscrit, avec ajout de « copiste du » au premier jet d’écriture.

Hugues de Lionne (v. note [9], lettre 188) a lui-même expliqué cette histoire d’espion dans sa correspondance.

  • Lettres inédites de Hugues de Lionne, ministre des Affaires étrangères de Louis xiv… Par le Dr Ulysse Chevalier (Valence, de Chenevier, 1877, lettre lxix, pages 200‑201), de Saint-Germain, le 21 mars, 1664 :

    « Il m’est arrivé depuis quinze jours deux affaires assez extraordinaires, dont je suis, Dieu merci, bien sorti. […]

    L’autre est que le sieur de Bigorre, mon commis, qui faisait un registre pour donner au roi même, à la fin de chaque année, de toutes les dépêches de S.M. {a} et des miennes particulières aux ambassadeurs et ministres qui la servent au dehors, s’étant confié à un jeune homme de Toulouse, nommé La Pause, de copier dans ledit registre lesdites dépêches sur minutes, a été assez infidèle et possédé du démon pour vendre les copies de mes minutes à des ministres étrangers et entre autres, à l’ambassadeur d’Espagne, {b} même à celui de Venise, à celui de Mantoue et à divers résidents. Si le mal eût pris cours, il pouvait causer à l’État des préjudices irréparables. {c} Mais ayant encore moi-même heureusement découvert la chose, je vois déjà clair que le service de S.M. n’en aura reçu aucun préjudice, car j’ai parcouru tout ce que ledit La Pause avait jusqu’alors vendu et, Dieu merci, il ne s’y est rien rencontré que de l’affaire de Rome, qui est finie, {d} mais qui faisait alors la curiosité de tous lesdits ministres : ce qui a été un grand bonheur. Je fus moi-même conduire le chevalier du Guet dans le 4e étage d’une petite maison pour prendre ce perfide avec tous les papiers qu’il avait en son pouvoir. Je l’interrogeai deux heures, l’envoyai à la Bastille, où je fus trouver le lieutenant criminel, qui fait maintenant les procédures. J’ai été plus heureux que M. de Villeroy, mon prédécesseur, car L’Hoste, son commis, se noya ; ce qui a donné lieu à beaucoup de commentaires. {e} Mais j’ai moi-même, comme je l’ai dit, découvert l’affaire, moi-même pris le coupable et mis entre les mains de la justice, dont le roi m’a témoigné grande satisfaction, car le mal pouvait devenir si grand que son service en aurait reçu des préjudices irréparables. »


    1. Sa Majesté.

    2. Don Gaspar de Teves Tello y Guzmán, marquis de la Fuente (v. note [7], lettre 766).

    3. « Prendre son cours se dit d’une eau qui prend sa pente » (Littré DLF). Les indiscrétions du copiste pouvaient notamment perturber gravement les tractations menées en secret entre la France et la Hollande pour une union contre l’Espagne.

    4. V. notes [1], lettre 772, et [4], lettre latine 241, pour la paix de Pise (7 février 1664) qui avait mis fin à l’affaire des gardes corses.

    5. Nicolas L’Hoste, commis de Nicolas i de Neufville de Villeroy, secrétaire d’État à la guerre (v. note [5] du Borboniana 8 manuscrit), avait informé les Espagnols des transactions qui se faisaient au Conseil du roi Henri iv. Il s’était noyé dans la Marne, mais son cadavre fut publiquement écartelé.

  • Négociations relatives à la succession d’Espagne sous Louis xiv, ou correspondances, mémoires et actes diplomatiques concernant les prétentions et l’avènement de la Maison de Bourbon au trône d’Espagne… par M. Minguet… (Paris, Imprimerie Royale, 1835, tome i, page 277), lettre de Lionne au comte Godefroy d’Estrades, ambassadeur de France dans les Provinces-Unies, de Saint-Germain, le 20 mars 1664 :

    « Bigorre est entièrement innocent du crime de son commis. Sa négligence, pourtant, en une matière si importante, ne se peut pas tout à fait excuser auprès du maître, comme je le souhaiterais. Il est si mortellement affligé que je crois qu’il en perdra la vie ou l’esprit. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Georg Volckamer, les 10 et 28 mars 1664, note 6.

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(Consulté le 25/04/2024)

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