À Johann Garmers, le 2 juillet 1665, note 6.
Note [6]

Histoire de France, depuis Faramond jusqu’à maintenant. Œuvre enrichie de plusieurs belles et rares Antiquités, et d’un Abrégé de la vie de chaque reine, dont il ne s’était presque point parlé ci-devant. Avec les portraits au naturel des rois, des reines et des dauphins, tirés de leurs chartes, effigies, et autres anciens originaux, ou de leurs véritables copies conservées dans les plus curieux cabinets de l’Europe. Le tout embelli d’un recueil nécessaire des médailles qui ont été fabriquées sous chaque règne, et de leur explication, servant d’éclaircissement pour la mémoire des choses les plus signalées advenues dans cette monarchie. Par E. du Mézeray, {a} en trois tomes illustrés, parus à Paris chez Mathieu Guillemot :

  1. de Pharamond à Charles vi ; {b}

  2. de Charles vii à Charles ix ; {c}

  3. Henri iii et Henri iv. {d}


    1. V[11], lettre 776, pour François Eudes de Mézeray et l’Abrégé chronologique de son Histoire (Paris, 1667).

    2. 1643, in‑fo de 1 042 pages.

    3. 1646, in‑fo de 1 194 pages.

    4. 1651, in‑4o de 1 232 pages, se concluant en 1598.

      La série complète a été rééditée deux ans après la mort de Mézeray (Paris, 1685, Denys Thierry, Jean Guignard et Claude Barbin, 3 volumes, in‑4o) : prolongée jusqu’à l’assassinat de Henri iv, elle n’inclut pas le règne de Louis xiii.


Charles-Augustin Sainte-Beuve a consacré deux de ses Causeries du lundi (30 mai et 6 juin 1853, tome 8, pages 196‑233) à Mézeray, en concluant favorablement sur les qualités contestées de sa personne et de ses ouvrages historiques :

« C’est trop nous arrêter à des faiblesses et à des travers : Mézeray s’est mieux peint, par le meilleur côté de lui-même dans ses Histoires. On l’y reconnaît génie droit et sensé, négligé et libre, irrégulier, inconséquent peut-être, véridique avant tout. Duclos, {a} qui plus tard tint de lui en quelque chose pour le mordant, n’eut jamais cette ampleur de veine et cette largeur de récit. L’Histoire de France de Mézeray (je parle toujours de la grande Histoire et non de l’Abrégé), depuis le règne de François  notamment jusqu’à la paix de Vervins (1559-1598), est une lecture des plus fertiles et des plus nourrissantes pour l’esprit ; on y apprend chemin faisant mille choses de l’ancienne France, de l’ancien monde, que les meilleures histoires modernes ne sauraient suppléer. On y apprend cette vieille France racontée dans son propre langage, avec ses propres images, ses plaisanteries de circonstance ou ses énergies naïves, et toutes ses couleurs familières, et non traduite dans un style modernisé. L’Histoire du Père Daniel, {b} qui parut cinquante ans après, est bien autrement approfondie et savante : celle de Mézeray, pour les derniers règnes, mérite de rester comme une représentation et une reproduction naturelle de la France et de la langue du seizième siècle, avant que le régime de Louis xiv et les règles de l’Académie y aient mis fin et que tout ait passé sous le niveau. » {c}


  1. Charles Pinot Duclos (1704-1772), auteur d’une Histoire de Louis xi (1745).

  2. Gabriel Daniel, jésuite (1649-1728), est auteur d’un Abrégé de l’Histoire de France, depuis l’établissement de la monarchie française dans les Gaules (1713).

  3. Attaché à l’authenticité du style et du récit, Sainte-Beuve a aussi défendu les Lettres de Guy Patin contre leur éreintement par Voltaire (v. les Avis critiques sur les Lettres).

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Johann Garmers, le 2 juillet 1665, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1393&cln=6

(Consulté le 20/04/2024)

Licence Creative Commons