Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : iv, note 6.
Note [6]

Décidément étonnante par sa perspicacité, Marie-France Claerebout (v. supra note [5]) a débusqué cette référence dans le chapitre xix, De animalium dosi et partium eorum [La dose des remèdes venant des animaux et de leurs parties] (page 31) du Gulielmi Rondeletii, Doctoris Medici et Medicinæ in Schola Monspeliensi Professoris Regii et Cancellarii, de Ponderibus, sive de iusta quantitate et proportione Meidcamentorum Liber [Livre de Guillaume Rondelet (v. note [13], lettre 14), docteur en médecine, chancelier et professeur royal de médecine de l’Université de Montpellier, sur les poids, ou justes quantité et proportion des médicaments] (Anvers, Christophe Plantin, 1561, in‑4o) :

Cornua, quia dura sunt, vel uruntur ut ostracea, vel lima raduntur in tenuissimas partes : earum Dosis erit a Ʒ.j. ad Ʒ.iij. vel iiij. Saporis enim et odoris fere sunt, proindeque omnis alterius efficaciæ expertia nisi in resiccando valere multum depræhenderentur. Quamvis etiam nonnihil refrigerare possint, et quibusdam quadam antipathia serpentes fugare, et vermes credantur. Non me autem latet, plures facultates dari ab iis qui vendunt, ut et rasuræ unicornis quam auro pendunt, propterea quod venenis ut plurimum adverseretur. Quod non minus præstare cornu cervi, rasuramque eboris existimo. Et quemadmodum cornu capræ eandem vim habere dicitur cum cornu cervi : sic certe rasura eboris, cum cornu unicornis, ut experientia docet. Quare pauperibus ea quæ minus cara et preciosa sunt, dentur : divitibus autem (quibus nihil carum esse potest) unicornis imperetur.

[Étant donné que les cornes sont dures, soit on les brûle, comme on en fait des écailles, soit on les rabote à la lime pour les réduire en fines rognures. La dose en sera d’une à trois ou quatre dragmes. Elles sont de goût et d’odeur presque identiques, et par conséquent dénuées de tout effet autre que d’être puissamment desséchantes ; bien qu’elles puissent aussi être rafraîchissantes et que certains croient que, par quelque antipathie, {a} elles fassent fuir les serpents et les vers. Je n’ignore pourtant pas que ceux qui les vendent leur attribuent de nombreuses facultés, si bien que les rognures de licorne s’échangent au poids de l’or, sous prétexte qu’elle s’opposerait puissamment aux poisons ; mais j’estime que la corne de cerf et les copeaux d’ivoire n’y sont pas moins efficaces. La corne de chèvre ayant, dit-on, les mêmes vertus que celle de cerf, il en va de même pour la rognure d’ivoire et la corne de licorne, ainsi que l’expérience le prouve. On donnera donc ce qu’il y a de moins coûteux et de moins précieux aux pauvres, mais on prescrira la licorne aux riches (pour qui rien n’est jamais trop cher)]. {b}


  1. Opposition naturelle entre deux phénomènes ; contraire de la sympathie (v. note [4], lettre 188).

  2. Ambroise Paré a repris tout ce passage (Œuvres, Paris, 1628, v. note [15], lettre 7, 21e livre) dans le chapitre lvii et dernier de son Discours de la licorne (page 808), en concluant :

    « Voilà l’avis de Rondelet, lequel, indifféremment, en pratiquant, pour mêmes effets, en lieu de la licorne, ordonnait non seulement la corne de cerf ou < la > dent d’éléphant, mais aussi d’autres os. »

    Force est toutefois de remarquer que Rondelet ne déniait pas toute vertu thérapeutique aux cornes ; leur substance principale est la kératine, protéine qui forme tous les téguments durs (phanères) des animaux, y compris les ongles et les poils humains.

Charles Guillemeau et Guy Patin étaient donc (à peu près) de même avis que Rondelet et Paré, mais d’avis contraire à Jean Fernel (v. note [3] de l’observation v).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Observations de Guy Patin et Charles Guillemeau sur les us et abus des apothicaires (1648) : iv, note 6.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8157&cln=6

(Consulté le 28/03/2024)

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