Tous les juristes admirent à juste titre la contribution majeure de Justinien à la connaissance du droit romain (Digeste ou Pandectes, et Institutes). Outre Johann Eichel (Helmstedt, 1654, v. supra note [60]), plusieurs d’entre eux ont contesté l’édition des Anekdota de Procope donnée par Nicolaus Alemannus (Lyon, 1623, v. supra note [59]) ; le Patiniana en citait deux.
- Thomas Rivius (Ryves, Blandford, Dorset vers 1583-Londres 1652), J.C., Regis in Anglia Advocato [jurisconsulte, avocat du roi en Angleterre], est auteur de l’Imperatoris Justiniani Defensio adversus Alemannum [Défense de l’empereur Justinien contre Alemannus], parue pour la première fois à Francfort en 1628 et rééditée par Johann Eichel. {a} François i de La Mothe Le Vayer en a parlé dans la conclusion de son jugement sur Procope : {b}
« Il était de Césarée en Palestine, d’où il vint à Constantinople dès le temps de l’empereur Anastase, de qui il se fit estimer, aussi bien que de Justin premier et de Justinien. […] Il est diffus, mais avec une abondance qui est plus asiatique qu’athénienne, ou qui a souvent plus de superfluité que de vrai ornement. Photius {a} n’a mis dans sa Bibliothèque, au chapitre soixante-troisième, que l’abrégé des deux livres de la guerre contre les Perses, quoiqu’il se soit souvenu des autres. Il le distingue ailleurs d’avec un autre Procope surnommé Gazeus, qui vivait au même temps de Justinien et qui était aussi rhéteur de profession. Que si j’osais suivre le jugement d’un des hommes de ce siècle qui a le plus de connaissance de la langue grecque, {b} je croirais volontiers avec lui que le livre des Anecdotes est un ouvrage supposé, et qu’on attribue faussement à l’historien Procope. Ce qui est véritablement de lui se voit écrit d’un style beaucoup différent de celui de cette satire, et qui a bien plus de l’air de l’ancienne Grèce. Mais parce que ceux-mêmes qui ont travaillé contre les Anecdotes, semblent demeurer d’accord qu’elles sont de celui à qui on les donne, j’ai été contraint d’y faire les réflexions précédentes, et de traiter Procope sur ce fondement plus désavantageusement que je n’eusse fait sans cela. Il est vrai qu’au même temps que j’achève cette section, une épître de Balthasar Boniface au clarissime Molini, dont je viens de faire lecture, m’empêche de me repentir d’en avoir usé de la sorte. Elle est imprimée à la fin de ses jugements sur ceux qui ont écrit l’histoire romaine. {c} Et parce qu’ils n’avaient point parlé des Anecdotes au chapitre de Procope, il prend sujet d’en déclarer son sentiment à ce seigneur vénitien dans la lettre que je dis. Certes, il n’a pas été moins touché que moi par une si insolente invective. Et il s’étonne, comme je viens de faire, que Rivius et ceux qui ont entrepris d’y répondre ne se soient point avisés de la considérer comme une pièce supposée, bien qu’il ne détermine rien pour ce regard, se contentant de déclarer combien elle est suspecte. »
- V. supra notule {d}, note [60].
- Jugement sur les anciens et principaux historiens grecs et latins, dont il nous reste quelques ouvrages (Paris, Augustin Courbé, 1646, in‑4o de 359 pages), pages 189‑191.
- Photios ier, patriarche de Constantinople au ixe s.
- Une note marginale indique François Guyet (v. note [3], lettre 997).
- Baldassare Bonifacio (Crema, Lombardie 1585-Koper 1659) : De Romanæ historiæ scriptoribus… [Les auteurs de l’histoire romaine…] (Venise, Ant. Pinellus, 1627, in‑4o).
- Le titre complet du second ouvrage est :
Gabrielis Trivorii I.U. Doctoris et Historiographi Regii Observatio apologetica ad inscriptionem Orationis ad Antecessores Digestis Iustinini præpositæ. Adversus quosdam I.C. et Procopii Anecdota. Ubi etiam agitur de vera Francorum Origine a Gallis deducta, primis gestis, Monarchiæ fundamentis in Gallijs, atque interitu Imperij Occidentalis.
[Observation apologétique de Gabriel Trivorius, docteur en l’un et l’autre droits, et historiographe du roi, {a} contre l’inscription placée en tête du Discours introductif au Digeste justinien. Contre certains jurisconsultes et contre les Anecdotes de Procope ; où il est aussi question de l’origine véritable des Français depuis les Gaulois, de leurs premiers accomplissements, des fondements de la monarchie en France, et de la chute de l’Empire d’Occident].
- Gabriel Trivoire (Trivoyre), docteur en droit civil et canonique, mort après 1646.
- Paris, Sébastien Cramoisy, 1631, in‑4o de 202 pages, orné d’un opulent frontispice représentant l’auteur, à genoux, le bras enchaîné à la Justice, qui remet à Louis xiii un exemplaire des Anecdotes ; v. note [5], lettre Borboniana 2 pour un extrait de ce livre qui condamne le livre de Procope contre Justinien.
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