Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-5, note 62.
Note [62]

Le célébrissime Nosce te ipsum, « Connais-toi toi-même », {a} est ici attribué à Thalès de Milet, {b} l’un des sept Sages de la Grèce présocratique. {c}

Guy Patin a constamment porté aux nues les trois livres de Pierre Charron De la Sagesse. La préface de son premier livre (pages 2‑3), : {d} Qui est la connaissance de soi, et de l’humaine condition, est sous-titrée Exhortation à s’étudier et connaître, avec ces commentaires qui ont pu inspirer cet article de L’Esprit de Guy Patin :

« C’est à chacun sa vraie et principale vacation {e} que se penser et bien tenir à soi. Aussi voyons-nous que chaque chose pense à soi, s’étudie la première, a des limites à ses occupations et désirs. Et toi, homme qui veux embrasser l’univers, tout connaître, contrôler et juger, ne te connais et n’y étudies ! Et ainsi, en voulant faire l’habile et le syndic {f} de nature, tu demeures le seul sot au monde. Tu es la plus vide et nécessiteuse, la plus vaine et misérable de toutes, et néanmoins la plus fière et orgueilleuse. {g} Par quoi, {h} regarde dedans toi, reconnais-toi, tiens-toi à toi ; ton esprit et ta volonté, qui se consomme<nt> ailleurs, ramène-le<s> à toi-même. Tu t’oublies, tu te répands et te perds au dehors, tu te trahis et te dérobes toi-même, tu regardes toujours devant toi. Ramasse-toi et t’enfermes dedans toi : examine-toi, épie-toi, connais-toi.

Nosce teipsum, nec te quæsieris extra.
Respue quod non es, tecum habita, et
Noris quam sit tibi curta supellex.
Tute consule.
Teipsum concute, nunquid vitiorum
Inseverit olim natura, aut etiam consuetudo mala
. {i}

Par la connaissance de soi l’homme monte et arrive plus tôt et mieux à la connaissance de Dieu que par toute autre chose : tant pource qu’il trouve en soi plus de quoi Le connaître, plus de marques et traits de la Divinité qu’en tout le reste qu’il peut connaître ; que pource qu’il peut mieux sentir et savoir ce qui est et se remue en soi qu’en toute autre chose. »


  1. V. notule {c}, note [33], triade 60 du Borboniana manuscrit.

  2. V. note [26], lettre latine 4.

  3. V. notule {e}, note [24] du Borboniana 9 manuscrit

  4. Bordeaux, 1601, v. note [7], lettre 73.

  5. Son vrai et principal métier.

  6. L’arbitre.

  7. Sous-entendu : « des créatures de la nature ».

  8. C’est pourquoi.

  9. « Connais-toi toi-même, et ne va pas te chercher hors de toi-même. {i} Méprise ce que tu n’es pas, habite en toi-même, et tu verras combien ton bagage est chétif. {ii} Prends de sûrs conseils. {iii} Secoue-toi toi-même, pour savoir si la nature n’a pas jadis implanté quelques vices en toi, ou si tu ne les as pas acquis par mauvaise habitude. » {iv}

    1. Ce premier vers est repris dans L’Esprit de Guy Patin : il combine la fameuse maxime de Delphes, Nosce teipsum, et le nec te quæsiveris extra de Perse (Satires, i, vers 7).

    2. Perse, Satires (iv, vers 51‑52) :

      Respue quod non es ; tollat sua munera cerdo :
      Tecum habita : et noris, quam sit tibi curta supellex
      .

      [Méprise ce que tu n’es pas ; abandonne au tâcheron ses viles charges : habite en toi-même, et tu verras combien ton bagage est chétif].

    3. Denys Caton, prologue des Distiques, vers 40.

    4. Horace, Satires, livre i, iii, vers 34‑36.

L’article de L’Esprit de Guy Patin réfute le propos de Charron, il ne peut donc pas être attribué sans réserve à Patin.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – Autres écrits : Ana de Guy Patin :
L’Esprit de Guy Patin (1709),
Faux Patiniana II-5, note 62.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=8218&cln=62

(Consulté le 25/04/2024)

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