À Jean Vassan de Saint-Paul, le 8 novembre 1643, note 7.
Note [7]

« Jansenius d’Ypres », auteur du livre posthume qui a fondé le jansénisme :

Cornelii Iansenii Episcopi Iprensis Augustinus, seu Doctrina Sancti Augustini de humanæ naturæ sanitate, ægritudine, Medicina adversus Pelagianos et Massilienses, tribus tomis comprehensa. Accessit huic editioni Tractatus F. Florentii Conrii Archiepiscopi Thuamensis de statu parvulorum sine baptismo decedentium iuxta sensum B. Augustini.
Tomus primus. In quo hæreses et mores Pelagii contra naturæ humanæ sanitatem, ægritudinem et medicinam ex S. Augustino recensentur.
Tomus secundus. In quo genuina sententia S. Augustini de humanæ naturæ stantis, lapsæ, puræ statu et viribus eruitur et explicatur.
Tomus iii. In quo Genuina sententia profundissimi Doctoris de Auxilio gratiæ medicinalis Christi Salvatoris, et prædestinatione hominum et Angelorum proponitur, et dilucide ostenditur
.

[Augustinus de Cornelius Jansenius, évêque d’Ypres,, ou la Doctrine de saint Augustin {a} sur la santé, l’indisposition et le soulagement de la nature humaine, contre les pélagiens et les massiliens, {b} répartie en trois tomes. A été ajouté à cette édition le traité de Florentius Conrius, archevêque de Tuam, {c} sur le statut des petits enfants qui meurent sans baptême suivant le sentiment du bienheureux Augustin.

Tome 1. Où sont examinées les mœurs et les hérésies de Pelagius contre la santé, l’indisposition et le soulagement de la nature humaine d’après saint Augustin. Tome 2. Où est expliquée et découverte l’opinion authentique de saint Augustin sur le statut et les forces de la pure nature humaine quand elle tient solidement debout et quand elle est tombée.

Tome 3. Où est présenté et clairement montré le jugement authentique du très profond Docteur sur le secours de la grâce curatrice du Christ notre Sauveur, et sur la prédestination des hommes et des anges]. {d}


  1. Saint Augustin d’Hippone, v. note [5], lettre 91.

  2. Au iiieive s., le moine Pélage (Pelagius, v. note [57] du Patiniana I‑4) conçut le pélagianisme, ou hérésie pélagienne, établissant que tout chrétien peut accéder à la sainteté par ses propres forces et par son libre arbitre, sans intervention indispensable de la grâce divine (v. note [50], lettre 101). Au siècle suivant, Jean Cassien (v. note [44] des Déboires de Carolus) et ses disciples, les massiliens, avaient atténué cette hérésie en distinguant l’amorce de la foi, soumise au libre arbitre, et l’augmentation de la grâce, fournie par Dieu. Au xviie s., les ennemis des jésuites leur donnaient le surnom dépréciateur de semi-pélagiens.

  3. Florence Conroy (Galway 1560-Madrid 1629), moine franciscain, fut nommé archevêque de Tuam (Irlande) en 1610.

  4. Paris, Michel Soly et Matthieu Guillemot, 1641, trois tomes réunis en un volume in‑fo, avec Synopsis Vitæ Auctoris [Résumé de la vie de l’auteur] ; première édition à Louvain, Jacobus Zegerus, 1640, in‑fo.

Cornelis Janssen, Cornelius Jansenius (Acquoy près de Leerdam en Hollande 1585-Ypres 6 mai 1638) avait tiré son nom (Janssen ou Janszoon, fils de Jean) du prénom de son père, Jan Ottens (fils d’Otto). Catholique dans une Hollande protestante, il avait entamé ses études de théologie à Louvain (Pays-Bas espagnols) en 1602 pour les achever en 1609, en recevant les ordres mineurs. Il était ensuite venu à Paris comme précepteur, pour se lier d’amitié avec Jean Duvergier de Hauranne (abbé de Saint-Cyran, v. note [2], lettre 94) et se consacrer avec lui à l’étude des Pères de l’Église. Ordonné prêtre à Malines en 1614, Jansenius fut nommé professeur ordinaire de l’Université de Louvain en 1618 et se consacra dès lors à développer l’idée de la grâce selon saint Augustin (prédestination), contre celle professée par les jésuites (libre arbitre des pélagiens). Nommé professeur régent d’Écriture Sainte à Louvain en 1630, puis recteur en 1635 et enfin évêque d’Ypres en 1636, Jansenius mourut de la peste deux ans plus tard.

Dès 1627, Jansenius s’était attelé à la rédaction de l’Augustinus dont l’intention était de restituer la vérité et la pureté de la pensée de saint Augustin, contre les interprétations qu’on en avait tirées depuis un siècle pour servir les idées théologiques adoptées par les jésuites. Il en avait achevé la rédaction peu de temps avant de mourir.

La doctrine théologique de Jansenius, opposée à celle de Rome et des jésuites, a fait naître le jansénisme qui provoqua la plus vive querelle catholique française du xviie s. Ses péripéties parsèment toute la correspondance de Guy Patin, dont les inclinations penchaient nettement plus vers les disciples de Jansenius (voire de Calvin) que vers ceux de saint Ignace.

Jansenius a aussi donné son élan politique au jansénisme, avec son ouvrage pseudonyme intitulé :

Alexandri Patricii Armacani, theologi, Mars Gallicus, seu de iustitia armorum et fœderum regis Galliæ libri duo. Editio secunda multo locupletior.

[Le Mars français du théologien Alexander Patricius Armacanus, {a} ou deux livres sur la justice des armées et des alliances du roi de France. Seconde édition fort enrichie]. {b}


  1. Patrick Alexander d’Armagh, principale ville d’Irlande au Moyen Âge, patrie de saint Malachie (v. note [2], lettre 983) et du chronologiste Usserius, où saint Patrick fonda un collège.

  2. Sans lieu ni nom, 1636, in‑fo de 289 pages, première édition en 1635.

    Le sous-titre cite saint Augustin : Arrogantiæ non est, vel quærere, vel asserere veritatem [Il n’y a pas d’arrogance à rechercher ou à affirmer la vérité] (Contre Creconius, livre 4, chapitre 66).

    V. note [35] du Patiniana I‑3 pour l’édition française de 1637.

C’était une condamnation de la politique étrangère de Richelieu, qui faisait alors alliance avec les pays protestants (Provinces-Unies, Allemagne) contre l’Espagne catholique. Ce livre contribua sans doute à l’hostilité du cardinal contre le jansénisme, qui culmina dans le long emprisonnement de l’abbé de Saint-Cyran (v. note [2], lettre 94).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Jean Vassan de Saint-Paul, le 8 novembre 1643, note 7.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0096&cln=7

(Consulté le 19/04/2024)

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