À Charles Spon, le 18 janvier 1644, note 7.
Note [7]

« qu’elle [la variole] vienne du sang menstruel ».

Le sang menstruel est à comprendre comme l’ovule, le gamète féminin, porteur de l’hérédité maternelle. Dans tout ce passage, et la suite, Guy Patin faisait allusion à la fin du deuxième article de sa thèse Estne totus homo a natura morbus ? [Par nature, l’homme n’est-il pas tout entier maladie ?] (1643, v. note [19] de L’homme n’est que maladie), dont le contenu (traduit du latin) éclaire relativement son propos :

« Hippocrate et Galien n’ont ni décrit ni connu les papules {a} qui sont si communes chez les femmes et les enfants ; ne rapportez leur origine à aucune composante du sang menstruel, ni à la qualité néfaste de l’air, ni à quelque vice du ciel ou de la saison qui s’acharne contre l’espèce humaine ou s’y est propagée : de fait, c’est une putréfaction remarquable des humeurs qui engendre ces pustules ; elle leur permet de diffuser dans la peau, y dessinant des macules ou y soulevant des papules ; le mal siège néanmoins dans la profondeur des viscères. En sont épargnés non pas ceux qui ont perdu beaucoup de sang à la section du cordon ombilical, mais plutôt ceux à qui on a interdit l’usage de la bouillie {b} pendant les deux premières années de la vie. Le principal espoir de guérison réside en la saignée, qui emporte tous les suffrages si elle est exécutée avec rapidité, sûreté et hardiesse : soit au début de la maladie, même pendant l’allaitement, même et surtout en l’âge le plus tendre, tous les deux ou trois mois ; soit après l’éruption (qui, si elle est laborieuse, justifiera avant tout le bain d’eau tiède). {c} Vous prescrirez en vain la pierre de bézoard, {d} qui est un scandale tant pour la médecine que pour le médecin ; en vain aussi, ces distillations d’ulmaire et de chardon bénit, car ce qu’on en dit n’est que sornettes et verbiage ; en vain aussi, la décoction de lentilles ou l’hidrotique ; {e} en vain encore, ces fameuses confections d’écarlate {f} et d’hyacinthe qui n’ont pas été inventées pour rétablir la santé, mais qu’on a conçues pour la parade (comme si la médecine, le plus éminent des arts, avait besoin de ce lustre frelaté qui lui est étranger), qui ne sont cardiaques {g} à aucun titre, dont l’étiquette peut éblouir mais sans qu’elles aient d’effet, ni plus de valeur pour traiter les malades que n’en ont les nénies {h} de la pleureuse pour réveiller les morts. {i} Je tiens pour de l’or cette idée que d’être cordial ne tient à nulle autre qualité que d’égayer l’esprit. »


  1. De la variole.

  2. pulticulæ usus.

  3. egelidæ aquæ balneum.

  4. lapidem bezoardicum.

  5. Sudorifique (classe de médicaments dont le plus puissant était le mercure), v. note [1], lettre Consultation 14. V. note [7], lettre 99, pour le chardon bénit.

  6. Alkermès.

  7. Cordiales, v. note [28], lettre 101.

  8. Chants funèbres.

  9. Marc-Antoine Muret, v. note [19] d’ Une thèse de Guy Patin : « L’homme n’est que maladie ».

L’ulmaire ou reine-des-près est une plante qui croît près des fosses pleines d’eau, dans les près humides et sur le bord des rivières. Elle est sudorifique, cordiale, vulnéraire et propre pour la dysenterie et le crachement de sang (Académie).

Le chardon bénit est « une espèce de carthame ou de cnicus [v. notule {b}, note [10], lettre de Caspar Hofmann au printemps 1646] sauvage qui produit de petites branches molles et pliantes, et qui sont couchées sur terre. Toute la plante est extrêmement amère, et à cause de plusieurs vertus qu’elle a dans la médecine, on l’a nommée en latin Carduus benedictus. Le chardon bénit est cordial et sudorifique. Il apaise les douleurs de reins et de côté, tue les vers, résiste aux venins, et est un fort bon remède pour les maladies pestilentielles. Sa graine sert à désopiler [désobstruer] le foie. On trouve de l’eau de chardon bénit chez tous les apothicaires ; elle est sudorifique, et l’une des quatre eaux cordiales communes » (Thomas Corneille).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 18 janvier 1644, note 7.

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(Consulté le 19/04/2024)

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